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blanche

La revue n° 39 e-poésies

e-poésies

Ahmed Berrouho

Des arbres

 

Je suis bien obligé de déambuler dans la rue  pour me donner l'impression de vivre ; les gens ne me parlent guère alors que les arbres me sont si proches ! Dans ce parterre abandonné, au flanc d'un établissement partiellement désaffecté, des tiges d'herbe folle et têtue bondissent presque pour monter vers mon regard qui acclame ; à la lisière du square, tel arbuste adolescent fait de l'esbroufe parmi ces jeunes rappeurs qui passent en se dandinant. Ce palmier à huile est un rasta plein de coquetterie ; il a piqué dans sa tignasse volante des grappes de fines dattes grises qui brillent dans la nuit sous les hauts lampadaires distants. Mais j'avoue que j'ai un faible pour les arbres grands, âgés et sages ; ils affichent des corps solides et musclés ; il sont prodigues de leur temps ; peut-être même se prennent-t-ils pour des monuments éternels ! J'ai en ville quelques spécimens de ficus qui me ravissent ! Passer sous leur vaste frondaison me donne un plaisir qui rachète  toute la journée !

 

Ahmed Berrouho