La
page
blanche

La revue n° 39 poète de service

poète de service

Christophe Siébert

j'ouvre les yeux

j'ai dix-sept ans

demain j'ai cours

il fait nuit

les chiffres rouges de mon radio-réveil indiquent qu'il est deux heures du matin et dix-sept minutes

ma mère gueule dans le salon

elle fait chier putain

la lumière rouge du radio réveil me blesse les yeux

je me lève dans à peu près quatre heures et demi

je n'entends pas ce qu'elle gueule

elle gueule à un niveau juste assez bas pour être inaudible à travers la porte de ma chambre et celle de la salle à manger mais juste assez fort pour que les bribes de mots m'empêchent de dormir

salope

putain de salope

putain de putain de salope de merde de connasse

je vois rouge

je fous un grand coup de poing dans le mur

aïïïe putain

merde

ho

silence

des pas

je me retourne côté mur

elle ouvre la porte

christophe ?

je réponds pas

elle ferme la porte

elle repart

ça fait des élancements de ma main putain

au salon ça repart

un peu moins fort

j'attends que ma main se calme

j'essaie de fermer les yeux

inutile putain

j'ai des envies de meurtre

attendre qu'elle s'endorme cette pute

et aller lui péter le crâne avec un marteau

et terminé

se coucher

et dormir

je ferme les yeux

j'essaie de me laisser aller

un bruit plus sourd j'ouvre les yeux elle gueule un peu plus fort elle vient de taper sur la table elle recommence

CONNASSE

merde j'ai gueulé à voix haute

elle a pas entendu

ça me fait pas de bien du tout ça me soulage pas

je me retourne dos au mur

lumière rouge du radio réveil

deux heures trente huit

silence au salon

elle se sert surement à boire

ça repart

je ferme les yeux

j'essaie d'échapper au brouhaha

je sens l'agressivité et la haine dans sa voix même si les mots sont inaudibles

j'attends

j'ai sommeil

j'arrive même pas à fermer les yeux

j'attends

je me cale sur le dos

je soupire

je remue nerveusement des pieds

je tourne la tête vers le rouge

trois heures une

je me tourne vers le mur

je ferme les yeux

silence au salon

ça m'arrache à la torpeur

ah

la salope a terminé

bruit de pas glissants qui montent l'escalier

pause hésitation

pas lourd d'un mec bourré épuisé et triste

mon père passe devant ma porte

je l'entends buter contre un mur

porte qui s'ouvre porte qui se ferme silence

je souris

bon

c'est enfin terminé

je me tourne encore vers le radio réveil

trois heures seize

il me reste un peu plus de trois heures de sommeil

je ferme les yeux

fait chier

comme j'aimerais la tuer maintenant tout de suite

comme ça serait bon

de sentir son crâne qui arrête l'impact du marteau et qui se brise

de voir la cervelle plein le canapé

de voir son sang gicler sur mon bras

ho putain ça serait bon de te crever salope

comment ça serait bon ouais

mes yeux se ferment tout seul

je savoure le silence

je me laisse aller au sommeil

pourquoi je pense à ça

je sais pas

 

 

***

 

 

au moins j'ai obtenu que cette connasse me laisse me laver tout seul

ses mains sur ma peau

de quoi gerber

ses mains de pute qui enduisent le gant de savon et qui passent le gant sur mon corps

qui me lavent le visage

qui me lavent la bite et les couilles et le cul

putain tu veux pas me nettoyer le cul avec ta langue aussi salope ?

et tout ça pour quoi ?

tout ça pour quoi sale pute de merde ?

parce que je suis trop petit pour me laver tout seul ?

merde

tu crois quoi

que je vais me noyer

connasse

c'est ce que tu m'as dit connasse et tu me l'as dit en chialant parce que je voulais plus sentir tes sales mains sèches de pute frigide et sans amour sur la peau de mes couilles

merde

la scène que tu m'as fait d'abord me traiter d'ingrat

putain pourquoi je repense à tout ça moi je suis con ou quoi c'est insupportablement chiant de penser tout le temps à ça

la scène que tu m'as fait connasse

et tu n'aimes que les douches mon bébé tu répétais

tu n'aimes pas les bains tu m'as toujours dit

putain il pleut

putain c'est mercredi elle m'aura acheté le dernier numéro de télérama

et blam un grand coup de pied dans les ovaires

ah putain la voir pliée en deux par terre tordue de douleur à se tortiller en gémissant

ah putain le pied

j'aurais envie de recommencer c'est sur de massacrer sa chatte frigide à coups de pied à en avoir mal aux chevilles

ah putain quelle jouissance

et toi tu pleurais comme une connasse pendant que j'essayais de pas péter les plombs que j'essayai de t'expliquer que je préférais prendre des bains tout seul pour mon intimité

et j'ai bien vu ton regard

j'ai bien vu ce que tu as compris dans ta pauvre tête de connasse à la ramasse

t'as pleuré pour esquiver mais j'ai bien vu ce que tu pensais pauvre pute ravagée du cerveau

j'ai trouvé une serviette éponge sous mon oreiller

le soir même

pour le cas où

où quoi connasse ? des non-dits encore

et tu m'as dit que c'était normal que tout le monde en avait une que même papa en avait une

papa en a une ah ouais

ah bon

ça veut que que t'étais pas foutue de lui donner envie de baiser tu veux dire que le tabasser tous les soirs ça lui donnait pas la trique à papa et qu'il fallait qu'il se branle et quoi toi à côté qui lisais femme actuelle ou télé poche c'est ça e paf quand il a fini il tire la serviette éponge de sous l'oreiller il essuie le foutre sur son ventre sur sa main sur le bout de sa queue qui ne bande pas pour toi il plie la serviette pour pas qu'elle tache l'oreiller il la range il dit bonne nuit d'une voix un peu lassée il te demande s'il peut éteindre de son côté et c'est les mêmes phrases la même boucle depuis dix ans ou depuis plus et pendant qu'il s'endort avec sa bite détendue toi tu continue à tourner les pages de femme actuelle ou de télé poche shliip shliip et il commence à ronfler

c'est ça ?

et c'est lui aussi qui lit union ?

et ce magazine porno allemand avec des hermaphrodites c'est qui qui le lisait de vous deux celui-là hein ?

me branler

putain mais c'est pas pour me branler dans mon bain que je putain

putain mais

oulà mais je pète les plombs moi à partir en boucle comme ça

merde en plus je marmonne merde

me branler dans mon bain putain

j'ai juste envie de me laver les couilles sans ton aide

du calme putain

respire

je prends des inspirations

je transpire

il pleut dehors

j'ai trop chaud sous la couette

ça sent la sueur

la lumière est grise

 

 

***

 

 

la route nationale numéro 113 joint un petit village et une petite ville

c'est une route à deux voies

elle traverse la campagne pendant six kilomètres et sur cette distance il y a un seul croisement et un seul virage important

c'est sur cette route que je me suis fait tripoter à trois heures et demi du matin par un mec bourré alors que je faisais du stop

dans la voiture y'avait deux mecs et deux nanas et en rentrant je me suis masturbé en imaginant que c'est la nana qui me triporait

je me trouve à quatre kilomètres environ de la petite ville il fait nuit noire mes yeux sont habitués à l'obscurité

la route est bordée de part et d'autre d'un bas-côté où pousse de l'herbe et au-delà du bas-côté il y a des peupliers plantés à intervalle réguliers et au-delà des peupliers les vignes à perte de vue

la lune éclaire vivement les vignes

la lumière de la lune est très blanche

elle est arrêtée par le rideau d'arbres et la route est plongée dans le noir

en pleine journée le soleil se diffuse par intermittence entre les arbres

ça donne sur la route une tache d'ombre alternée avec une tache de lumière

une tache d'ombre

une tache de lumière

une tache d'ombre

une tache de lumière

ainsi pendant six kilomètres et tout en marchant dans la nuit je me demande combien de taches de chaque catégorie s'alternent sur la totalité de la nationale

je marche depuis quarante-cinq minutes sans avoir croisé aucune voiture

il n'y a aucun bruit hormis le bruit que je fais en marchant et en vivant

je suis debout

je respire

j'avance

j'aime ça

il fait chaud

j'imagine la chaleur comme du cellophane qui m'emballe

ma peau respire difficilement

cette sensation est agréable

j'aperçois à quelques mètres une masse sur le bas-côté

la silhouette d'un animal allongé

un chien

immobile

j'arrive à sa hauteur

il est couché sur le flanc son dos tourné vers la route

sa gueule ouverte en direction des vignes

il est mort

je ne vois aucune blessure ni aucune trace de sang

il ne respire pas

la lune se reflète dans ses yeux vitreux

je m'accroupis

c'est un objet désormais

cette pensée me trouble

je touche son flanc en plaquant ma paume contre ses poils

il ne respire pas

il est chaud

ses poils sont secs et morts

je touche l'herbe de la même manière

l'herbe est chaude

je touche la route

la route est chaude

toutes les choses sont chaudes

je ne suis pas chaud de la même manière

je touche de nouveau le flanc du chien

il ne réagit pas

je pince sa peau

il ne trésaille pas

il ne grogne pas

je touche un de ses crocs

il est chaud comme le chien comme l'herbe comme la route

je le secoue un peu

le chien ne réagit pas

le chien ne me mord pas

la tête accompagne le mouvement du croc que ma main secoue

je touche sa langue

sa langue est chaude

sa langue est sèche

il ne me mord pas

je pose le bout de l'index à la surface de son oeil

j'ai un frisson d'écœurement

la surface de l'œil est pareille à un insecte mort

il ne ferme pas la paupière

il n'aboie pas

je retire le doigt

je caresse son crane

il s'en fiche

je lui gratte la nuque

il s'en fiche

je le gratte sous le menton

d'un coup je me sens ridicule

je me relève

je me remets en route

j'ôte la poussière de mes genoux

je porte la main à mes narines

je na renifle

ma main pue le chien sale

 

 

***

 

 

en sixième j'étais puceau

en cinquième j'étais puceau

en quatrième j'étais puceau

bon pourquoi je pars dans cette liste moi

je suis allongé sur le ventre

ça me rappelle la sixième justement

quand je me masturbais en me frottant contre le lit dans un mouchoir

j'étais allongé sur le ventre

les mains en cloche autour de mon pénis et un mouchoir dans lequel j'éjaculais

enfin j'éjaculais pas grand chose il me semble

c'est ma salope de mère qui m'a appris à me branler

souvenir bizarre

je ne sais plus trop de quoi on parlait

et elle m'explique ça

si je sais

j'étais sur le vélo d'appartement

j'étais souvent sur ce vélo

c'est l'autre pute qui l'avait achetée

pour maigrir tu parles

arrête de picoler comme un trou connasse si tu veux maigrir

sors un peu de chez toi

sinon dans douze ans tu seras une outre bouffie et répugnante

bon là je triche

puisque je suis douze ans plus

et que j'ai vu cette pauvre femme

il y a à peine quelques jours pour cramer

pardon incinérer

mon père

d'ailleurs ça fera l'objet du volume deux de mon cul poésie moch

deux jours passés avec ma mère

pauvre vieille que je ne hais même plus

que je ne peux même pas mépriser

grosse vache au regard de dingue

entourée de connes

ouais arrête de picoler connasse

sinon tu verras

et ce vélo d'appartement c'est moi qui m'en sert

juste de fauteuil

j'y ai lu oliver twist en chialant et en pédalant

et là on parlait de touche pipi et de jouer au docteur

et elle me disait que je n'avais jamais joué au docteur

en réponse à ma question

et là elle m'explique ça

comment se masturber

elle prends son doigt pour exemple et elle fait le geste

j'ai eu envie de lui demander de me le montrer sur moi

j'ai commencé à fantasmer là-dessus la nuit suivante

et qu'elle me montre avec sa bouche

d'y repenser maintenant

eurk

merde ça me fait débander

j'étais puceau en cinquième et j'en pouvais plus

une nuit après avoir éjaculé

j'ai juré par le fromage contenu dans mon mouchoir

dans mon souvenir

le sperme avait à cette époque la consistance du yaourt ou du lait caillé

on appelait ça fromage

j'ai juré

 

PAR MON SPERME POURRI

JE JURE DE NE PLUS ETRE PUCEAU AVANT LA FIN DE L'ANNEE

JE LE JURE MON DIEU SUR MON SPERME POURRI

 

quelque chose comme ça

sperme pourri je suis certain d'avoir prononcé ça

et j'ai roulé le mouchoir et je l'ai planqué sous le lit

et ça n'a rien changé

un jour j'ai trouvé un livre à la bibliothèque un livre d'emmanuelle arsan

mais je me souviens plus du titre un truc du genre la châtelaine je crois

mercredi six décembre deux mille cinq dix heures quarante quatre

recherche google emmanuelle arsan bibliographie

http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuelle_Arsan

Une nuit (Sainte louve) - Paris, Pierre Belfond, 352 p. 1983

voilà je suis certain qu'il s'agit de ce titre-là

et dans ce livre un personnage se masturbait comme moi je le faisais

en se frottant contre le sol et ça m'a donné envie de recommencer

c'était pas efficace

depuis que j'ai découvert qu'on pouvait se branler

j'ai jamais pu me frotter à nouveau

c'est bizarre

ma salope de mère

qui fait aller et venir sa main le long de son doigt

et moi qui ressent un trouble

comme la fois sur son lit

où on est collé pour faire un calin

et je ne sais pas

son décolleté baille beaucoup

et elle frotte sa jambe gainée d'un collant brun contre moi

je sens un trouble encore une fois

je préfère aller dans ma chambre à moi

me masturber en pensant à autre chose

mais cette image que je ne peux pas oublier vient parasiter mes fantasmes

il est quatre heure du matin

au moment où j'écris ça je viens de baiser une fois et demi dans la baignoire

un premier orgasme et beaucoup de mal pour un second

la fille que j'aime a joui une deuxième fois en se godant avec un flacon de biseptine

elle s'est excité en me regardant me branler

il est dix heures cinquante huit quand j'écris ça

ce que j'ai vécu une demi heure avant

ce que j'ai vécu environ quinze ans auparavant

et ressassé en quatre vingt dix sept

moi j'ai essayé de me masturber et de lui donner une éjaculation faciale

mais nada

elle m'a aidé en me suçant

mais nada

et il a fallu qu'elle se prépare pour aller bosser

pas de bol

il est quatre heures du matin

et j'entends les premiers bruits de la rue

 

 

***

 

 

je suis torse nu

j'ai le vent de l'après-midi qui souffle doucement contre ma peau

je suis maigre

je suis accoudé à la balustrade de mon balcon

mon balcon surplombe la terrasse d'un restaurant chinois

avec ma langue et en chassant l'air de mon palais je provoque une succion au niveau de ma gencive

ça aspire du sang tiède et tant que je continue le sang tiède me remplit la bouche et j'aime bien ça

en bas la serveuse passe en tenant un plateau

cette histoire de sang ça me rappelle la fois où

mon premier amour

non mon deuxième

m'a annoncé qu'elle sortait avec un ami à moi et m'a foutu à la porte

avec tact et c'était pas agréable ce tact

j'avais du sang plein la bouche

c'était un quartier pavillonnaire

j'ai craché un long cracha rouge

en espérant je ne sais quoi

après j'avais un peu honte

et je suis rentré chez mes parents

dégoûté

sur le plateau il y a quatre tasses dans deux des tasses du café noir et dans deux autres du café crème et ça me rappelle ce dessin qui représente des cercles concentriques et il faut deviner qu'il s'agit d'un mexicain qui fait la sieste ou une connerie comme ça je ne me souviens plus très bien

je résiste à l'impulsion de cracher mon sang dans les tasses

je résiste à l'impulsion de laisser glisser ma bague de mon doigt

je résiste à l'impulsion de me jeter en bas pas du tout par goût du suicide d'ailleurs

à la place j'avale mon sang et j'aime ça

je passe la langue sur mes dents pour nettoyer tout trace éventuelle

j'entre puis je ressors

je m'accoude de la même manière que l'instant d'avant

je regarde passer les gens

il fait trop chaud et très lumineux

j'écoute le bruit que font les gens

j'imagine que je laisse tomber ma bague

j'imagine que je la regarde tomber pendant une seconde et puis elle touche le sol en tintant un peu et elle rebondit et elle roule

j'ignore que dans quelques mois mon père mourra et qu'à cette occasion je retrouverai dans un grenier plein de poussière un journal intime vieux de huit ans que je ne me souvenais pas avoir écrit

je descends la chercher mais elle n'y est plus

je suis catastrophé d'une certaine façon

et content

mais ça n'existe pas

tout ça

 

 

***

 

 

un jour mon chat a fait une connerie

je sais plus bien laquelle j'étais petit moi

lui aussi était petit

il était petit et noir et il était planqué dans l'angle entre le frigo blanc et la porte marron clair

ma mère était accroupie comme un chat prêt à attaquer

elle avait sa chaussure à talon haut à la main

c'est ce qui la différenciait d'un chat qui attaque

(ce matin je viens à quatre reprises en moins de deux heures de nettoyer de la merde et de la pisse et il commence à me brouter ce bébé chien il serait tant qu'il apprenne)

le petit chat il n'en menait pas large face à l'énorme salope

qui le surclassait de plusieurs dizaines de kilos

il savait peut-être qu'il avait fait une connerie

en tout cas il savait qu'il fallait se planquer

(mon bébé chien est puni derrière le canapé il attend peut-être il s'est endormi va savoir)

il était hérissé

les yeux brillants de terreur

ma mère excédée de ne pas pouvoir l'atteindre

faut dire qu'il était bien retranché

(moi tout à l'heure j'ai tiré le bébé chien par la queue pour lui foutre son museau dans la pisse et le mettre dehors)

(faut dire qu'il le sait quand il fait une connerie il le sait puisqu'il se planque direct)

(ce qui est drôle c'est que l'endroit où il dort l'endroit où il se cache l'endroit où il est puni c'est le même)

alors ma mère lui a balancé la chaussure à talon haut dans la gueule

joli coup de fusil fiston

il s'est pris le talon en plein sur la truffe et il a saigné

dans le même instant il s'est conchié de peur

et il s'est barré

ma mère l'a chopé

ridicule comme elle courrait pieds nus

oui parce qu'elle avait l'autre chaussure à la main au cas où

mais c'était pas la peine

elle a chopé le petit chat

qui avait laissé une piste de trace de merde et de gouttelettes de sang

et ma mère l'a bien fracassé

histoire de lui faire passer l'envie de chier sous lui

elle lui a tellement fait passer l'envie

que de peur il s'est chié sous lui

ah bon

bin oui

un jour ma mère crèvera

(bon pas de chance je sais maintenant que c'est mon père qui est mort en premier)

(non pas de chance)

je suppose qu'il serait justice que ce jour là j'aille chier sur sa tombe

(le chien ne sort pas on dirait qu'il s'est endormi)

le chat est mort entre mes bras

d'abord il a eu un problème

je ne sais plus trop lequel

un genre d'infection des reins

il chiait des cailloux et ça lui faisait super mal

c'était un petit chat noir pas tellement heureux dans la vie

il se faisait souvent tabasser

il s'est trainé partout en miaulant

il cherchait quelque chose peut-être le bon endroit pour mourir

ou alors il nous cherchait nous

moi je me souviens j'étais assis par terre et mes parents à table

et on regardait sacrée soirée

donc

mon petit chat est mort un mercredi soir entre vingt heures trente et vingt-deux heures trente

le véto nous avait dit

l'anesthésie générale c'est pas bon pour les petits chats

une chance sur deux qu'il crève du choc postopératoire

il s'est trainé sous la télé

il a miaulé bizarrement le son s'est mélangé à la voix de jean-pierre foucault

je l'ai tenu dans mes bras

mes parents autour de moi paraissaient très grands

le chat très petit très léger a miaulé encore un coup et il est mort paf

il est d'un coup devenu autre chose qu'un chat un objet quelque chose une chose

que je ne caresserai plus

il avait les yeux ouverts la gueule ouverte les dents jaunes et inutiles

figé

j'ai pleuré

mes parents l'ont mis dans un sac poubelle

et on n'en a plus parlé

(lugan dort sur le dos il est enfin calme)

(tristan mange chez un copain)

(moi je suis tout seul et j'ai faim)

ma mère est dans mes bras sa mère à elle vient de mourir et moi je m'en contrefous

(des années plus tard j'apprends que sa mère n'est pas morte que son père n'est pas son père et qu'elle - par contre - est toujours aussi conne et folle et dérisoire et rien de tout ça n'est réellement une surprise)

elle ne verra pas sa mère elle ne l'enterrera pas c'est trop loin trop compliqué trop bordélique

c'est trop tard et elle est triste et pas moi

j'attends juste que la corvée d'avoir sur mon épaule son visage puant et gluant de larmes et de fond de teint et d'haleine chargée au richard

s'arrête

je sais pas quoi faire de mes mains je sais pas quoi faire de mon envie de rire

je n'irai pas à son enterrement moi

même si elle mourrait à cent mètres de chez moi elle crèvera seule

pourquoi faire y aller

voir mon père malheureux

rien à foutre

(en plus maintenant que mon père est mort qui voir à ce putain d'enterrement personne)quoi faire à part constater que ma mère personne ne l'a aimé et qu'il n'y a personne à part quelques employés municipaux nécessaires

penser au prix du billet de train pour rentrer chez moi

 

 

***

 

 

y'avait des skins quand j'étais petit

enfin plus que maintenant en tout cas

et ils laissaient de purs graffitis pleins de haine

genre les arabes on va vous défoncer la gueule

y'en avait un surtout

au cap d'agde

grav ou marqué je ne sais plus sur un des rochers qui longent les quais de port richelieu

un bien plein de rage

que je voyais tous les jours en allant à la salle de jeu

et j'ai toujours eu envie de marquer un truc du genre

 

ALLEZ VENEZ LES SKINS

VENEZ ME DEFONCER LE CUL

JE VOUS ATTENDS

 

et marquer mon adresse

et attendre chez moi

 

à cette époque j'avais aussi envie de prendre le bateau à fond transparent

de faire la ballade jusqu'à fort brescou

un ancien bagne

de visiter et d'y rester

et d'y rester pour toujours

mais je ne marquais rien

je ne partais pas mourir à fort brescou

j'allais dépenser des sous à la salle de jeu

et je rentrais à l'heure pour manger

 

non mais t'imagines

le pur fantasme

le pied

ils viennent

à trois heures du mat et mes parents se doutent de rien

ils dorment et ronflent bourrés

ils sont sept ou huit

cagoules barres de fer

énervés et bourrés eux aussi

ils fracassent la porte

ils me la foutent bien profond la barre de fer

bien profond ho oui

et après c'est le tour de mes parents

aaah ouiiiiiiii

panique

ils ne pigent rien juste qu'ils en prennent plein la gueule et qu'ils vont mourir

(et ma mère qui a peur des arabes cogneurs de retraités et de gitans voleurs de voitures de tous ces métèques qu'elle appellent niakoué sans distinction ma mère qui finit crevée par des blancs des bien blancs qui vont la violer par tous les trous avant et la traiter de sale yougo c'est bien c'est bien c'est bien c'est très bien ça)

le pied, le vrai pied

et moi la tête défoncée du sang partout le cul en étoile de mer je perds pas une miette du spectacle ho non

mon père égorgé le cul débordant de sperme

un beau sourire kabyle

et il se vide de son sang

tiens un peu comme la trachéo qu'il ne pourra pas subir quelques années plus tard à cause de sa trop grosse tumeur

FUMER TUE

ma mère violée par huit skins

qui la traitent de grosse de moche de sale étrangère

qui la lui mettent bien dans la chatte le cul la bouche

ma mère couverte de sperme de skin

et moi le cul déchiré la gueule fracassée

et on meurt tous dans les flammes de l'appart

 

 

***

 

 

maman pourquoi tu m'empêches de voir des films pornos

parce que l'amour c'est pas la pornographie c'est ça

parce que la pornographie c'est sale et qu'il faut me protéger de ce qui est sale c'est ça

hein maman c'est ça

mais alors pourquoi papa et toi vous en louez tous les samedis soir au vidéoclub

hein maman

et pourquoi papa et toi vous baisez pas hein maman explique moi

pourquoi maman quand tu es saoule tu me dis que papa il arrive pas à te faire jouir

hein maman

là je n'ai plus besoin d'être protégé hein maman explique moi

maman pourquoi pendant si longtemps tu m'as torché le cul au lieu de me laisser face à ma propre merde

la merde c'est sale et je veux protéger mon bébé de tout ce qui est sale

la merde ça pue

la merde c'est caca et mon bébé n'a pas à supporter ça

la rue c'est dangereux tu peux te faire écraser

jamais tu sortiras tout seul non jamais

et même à l'école je t'accompagnerai

si les autres gosses se foutent de ta gueule je te dirai qu'ils sont jaloux parce qu'ils n'ont pas de maman pour les accompagner

et moi je te croirai connasse

moi je croirai tes mensonges tellement j'aurai le cerveau lavé

et toi papa quand je te dirai ça les yeux brillant d'amour pour maman qui est si intelligente

toi papa ta réaction ça sera de toussoter

toussoter chez toi c'est un peu comme hurler chez les autres

ou casser des vitrines

hein papa toi t'es pas d'accord alors tu toussotes

et moi je suis supposé comprendre connard comprendre dans quel camp tu es

et moi jusqu'à dix sept je sortirai pas seul et j'aurai peur

des voitures

des gens

des filles

de tout

du danger

du non danger

de tout j'aurai peur de tout connasse

parce que tu veux me protéger

me protéger de quoi connasse

ah oui c'est vrai

ton père est mort écrasé par un chauffard bourré

ah oui je me souviens maintenant avoir eu pitié de tes larmes

l'eau c'est dangereux mon bébé tu peux te noyer

le sport c'est dangereux mon bébé tu peux te blesser

tu n'iras pas à la piscine mon chéri ne t'inquiète pas

je te ferai un mot maman dira que tu es malade

tu n'apprendras pas à faire du vélo mon chéri ne t'inquiète pas

ni à grimper à la corde

ne t'inquiète pas mon chéri maman ne les laissera pas te faire ça

bien sûr quand tu seras grand tu ne sauras pas nager

et tu auras le vertige quand il faudra changer une ampoule

bien sûr quand tu seras grand

tu ne sauras rien faire et tu auras peur de tout

bien sûr tu seras tellement largué que tu resteras puceau jusqu'à vingt-cinq ans

mais c'est pas grave mon bébé le sexe c'est pas pour toi

le sexe c'est plein de dangers mon bébé et je veux pas te voir souffrir

je préfèrerai mourir plutôt que te voir souffrir mon doux mon joli bébé

reste avec maman plutôt

moi je t'aime et je te ferais une tarte aux pommes

tu aimes ça la tarte aux pommes hein mon bébé hein mon chéri

tu veux un verre de chocolat froid avec ta tarte aux pommes mon chéri

tu m'entends mon bébé

mais qu'est-ce que tu fais mon chéri

hein qu'est-ce que tu fais

raconte-tout à maman

un gentil bébé ça n'a pas de secret pour sa maman

ce que je fais

ce que je fais connasse

je compte les jours voilà ce que je fais

voilà ce que je fais connasse

je compte les jours avant l'arrivée du danger

je compte les jours avant la liberté

voilà ce que je fais

voilà ce que je fais connasse

je compte les jours sale connasse de merde au cerveau pourri par l'amour et l'alcool

tu sais quoi connasse

moi aussi je bois maintenant

je m'y suis mis finalement

je bois pour salir mon cerveau que tu as si bien nettoyé

je bois et je danse maman

je drague et même je baise

l'autre soir j'ai slammé

maman

y'avais personne pour me protéger

maman

juste des bras entre moi et le sol et j'ai eu peur et c'était bien et je suis pas tombé

protège-moi maman

protège-moi maman

protège-moi maman

protège-moi maman

maman j'ai peur des filles

maman j'aimerais baiser

maman j'aimerais bien être aimé

maman protège-moi

maman apprends-moi

à plus avoir envie des filles

maman protège-moi

maman reste avec moi

toute ma vie maman

s'il te plaît maman

protège-moi maman

c'est ça que t'aimerais entendre

hein

C'EST CA QUE T'AIMERAIS ENTENDRE

SALOPE

protège-moi maman

et nous serions heureux

et tu serais heureuse

SALOPE

heureuse

de me garder dans ma chambre

dans mon petit lit

de me faire à manger

de me nourrir

une cuillérée pour

SALOPE

une cuillérée pour

CONNASSE

tu serais heureuse

de m'acheter ce qu'il me faut

de me faire des gentils cadeaux

et tu le sais ce que j'aime

et tu le sais ce qui me fait plaisir

et ce dont j'ai besoin

une maman ça connait tout de son bébé

SALOPE

tu le sais ce que je pense tout au fond

tu la connais mon envie de presser ton cou

de faire sauter tes yeux de leurs orbites

de dévisser ta tête des épaules

tu le sais que je rêve de te voir crever

SALOPE

tu dois le savoir aussi alors que je te hais

maman j'ai fini

maman vient me torcher

maman vient essuyer ma merde

tu aimes faire ça pas vrai

tu aimes bien essuyer ma merde pas vrai

tu aimes ça pas vrai

je le sais que tu aimes ça

je le sais tu aimes ça parce que tu sais que tant que je sais pas me torcher

je ne saurais rien

tu aimes me torcher parce que tu sais que tant que je ne maîtriserais pas ma propre merde

je ne maîtriserais rien de ma vie

tu as envie de faire ça

toute ta vie pas vrai

cinquante ans de merde

cinquante ans de soumission

frotter mon cul plein de merde et laver mon cerveau en même temps

rendre mon cul merdeux tout propre et mon cerveau tout propre

maman j'ai fini

viens m'essuyer mon cul merdeux

maman j'ai fini

viens nettoyer mes pensées merdeuses

maman j'ai fini

viens me montrer que mon cul t'appartient

viens me montrer que ma merde est à toi

viens me montrer que tu me possèdes

viens me nettoyer

maman

viens me rhabiller

maman

viens me ranger dans ma chambre

le cul tout propre

très très tard je me suis torché tout seul

avant j'appelais ma mère

pendant des années j'ai appelée ma mère

maman

j'ai fini

viens

et elle arrivait

je me calais accroupi par terre

un peu comme pour une levrette

et c'était parti elle me torchait

et elle me rhabillait

et ça a duré des années

sur la fin ça devenait embarrassant

à sept ou huit ans le cul torché par sa maman

c'est embarrassant

et j'osais pas

j'osais pas lui dire

maman je veux me torcher tout seul

et puis je savais pas si je saurais

en plus

alors j'appelais toujours

mais avec un stratagème

un jeu de mot

j'étais un cowboy

et j'appelais mes potes

jeff

ini

faut venir

bon ini c'est un peu nul comme nom de cow boy

et faut venir c'est bizarre

mais je pouvais pas dire

venez

à ma mère

ni viens

à jeff et ini

et elle arrivait

pour me torcher

encore un coup

je me souviens plus

du moment où j'ai commencé à me torcher tout seul

 

 

***

 

je sonne   

il m'ouvre en rigolant   

entre il dit on matait un dvd évolution ça s'appelle c'est du mec qui a fait ghostbusters c'est trop drôle   

les autres sont déjà là il ajoute

on picole un peu

on raconte des conneries

on se détache progressivement du dvd

bon on va pas tarder dit frank   

les deux autres se lèvent   

je me frotte les mains   

eux ils farfouillent dans les sacs qu'ils ont emmenés   

ils en sortent des cagoules pour nous tous puis aussi des godes des fouets des trucs bizarres ils les ont achetés dans un sex-shop je me dis   

on met les cagoules on est tous un peu nerveux excités même frank pourtant pour frank c'est la deuxième fois on dit des vannes foireuses tout ça me fait penser à des lycéens à un premier rencard c'est vraiment une ambiance très spéciale tout y contribue les cagoules tout le matos l'alcool qui continue à me perturber le jugement l'ampoule de l'escalier qui éclaire jaune l'escalier crado qui mène à la cave l'idée que je me fais de la cave la cave en vrai tout ça toute cette scène sort d'un film   

frank allume la cave   

c'est comme dans mon imagination les pierres apparentes les toiles d'araignées dans les coins les meubles pourrissants l'odeur humide renfermée la lueur pisseuse du néon recouvert de poussière le bruit de l'aération les gémissements de la fille   

je la découvre   

avec la lumière qui masque les contours mais souligne les formes c'est comme si elle était hyper à poil c'est la nana la plus nue que j'ai jamais vue plus elle se tortille pour cacher sa chair plus elle est nue elle est bâillonnée ligotée ses yeux reflètent le néon ses yeux sont plein d'effroi la lumière est irrégulière le néon est vieux il tremblote sa lumière tremblote sur la peau de la fille elle scintille elle donne vraiment l'impression de scintiller je me dis elle pourrait disparaître elle pourrait disparaître d'un instant à l'autre dans un sens c'est pas seulement un délire c'est vrai d'une certaine façon c'est vrai je me dis je n'ai jamais rien vu d'aussi beau que cette fille ligotée effrayée frank fait claquer son fouet il ressemble à un dompteur ou à un nazi avec le fouet la cagoule il est beau comme un ss je bande aussitôt puis je me dis faut être malade mais c'est vrai pourtant c'est vrai je suis forcé de le voir forcé de l'admettre

je bande aussi sec   

elle se recroqueville   

on s'approche tous on est mal à l'aise on dirait le début d'un tournage personne ne sait au juste quoi faire on attend tous que quelqu'un dise moteur c'est un moment de super trac de super excitation je bande dur j'en profite pour bien la regarder elle est grosse elle se tient sur le dos les bras attachés dans son dos les jambes attachées aux chevilles légèrement repliées de la cellulite aux bras aux cuisses des mollets de coureur l'intérieur des cuisses marbré de vergetures sa chatte bien rasée c'est un peu écœurant double menton les cheveux emmêlés les lèvres de sa chatte sont un peu trop charnues elle bouge un peu sans ça avec cette lumière on dirait un cadavre son air terrifié la rend très belle je demande à frank c'est une pute il me répond elle est au lycée c'est tout il refait claquer son fouet pas dans le vide ce coup-ci elle gémit il y a une zébrure rose vif qui barre son gros ventre elle se contracte ses seins se lèvent son ventre bouge bizarrement la zébrure je me dis la zébrure a pris la couleur du jambon de pays ses yeux sont verts   

frank enlève son bâillon il la gifle à la volée il lui ouvre la bouche il jette dedans un cachet bleu ciel qu'il la force à avaler jf demande c'est quoi frank répond c'est un valium comme ça dans un quart d'heure elle sera complètement à la masse c'est son quatrième aujourd'hui on pourra faire ce qu'on veut avec elle   

alors on la laisse un moment tranquille on en profite pour reboire une bière chacun on dit quelques conneries au bout d'un moment la fille est toute molle à qui le tour demande frank il donne du fouet en l'air il crie sa voix résonne allez salope il gueule allez mets-toi à quatre pattes sale pute allez le fouet claque elle essaie de se mettre à quatre pattes elle galère à cause des liens elle y arrive quand même elle a le dos creusé le cul levé elle tourne la tête vers nous elle a peur  

marc s'enduit trois doigts de vaseline  

on s'agenouille pour que  

pendant que marc s'accroupit derrière elle ses doigts luisants de vaseline  

il les fourre d'abord dans le  

sa bouche se serre se resserre sur  

il lui ramone l'intérieur de  

sa langue suit le mouvement  

maintenant il enfonce son majeur brillant dans  

il fouille profondément elle grimace il rajoute deux autres doigts gras  

pendant que frank lui lève la tête lui enfonce  

il y retourne j'y retourne aussi on est deux dans sa  

on se retire juste avant de jouir pour qu'elle prenne tout dans la gueule on la traite de salope j'y fous un coup de poing  

je suis calme  

sa pommette craque  

je vais pour recommencer jf dit attends alors j'attends je me demande ce qu'il veut faire  

elle saigne  

on la relève à coups de fouets   

elle est debout  

frank dit on va tous te baiser maintenant salope on va te défoncer la chatte le cul salope t'es qu'une salope sale pute écarte les cuisses elles sont trop grasses tes cuisses salope on va te les écarter à coups de fouet salope écarte écarte mieux je veux voir ta chatte tu mouilles hein grosse pute tu mouilles nous on l'écoute on est fasciné  

marc lui jouit dans la chatte jf lui fout sur le ventre frank rebande dit je vais t'enculer salope connasse je vais te la foutre dans le cul il rigole il répète je vais te la foutre dans le cul connasse dans le cul connasse connasse  

il jouit en grognant  

elle est couchée par terre je suis couché dessus je lui tiens les hanches je rentre ma  

je l'insulte   

je ne sais pas ce qui me passe par la tête j'ai l'impression de dire des phrases horribles belles insultantes poétiques  

elle tremble elle est complètement flippée abandonnée pantelante victime passive j'essaie de me rappeler combien de fois elle s'est faite bourrer j'y arrive pas je suis trop parti c'est tellement confus tellement confus  

je bave sur sa peau   

je regarde ma salive couler   

je la mords jusqu'au sang   

je ne suis pas seul  

je plante mes doigts dans sa graisse je la malaxe je la griffe   

la sueur l'odeur je deviens fou je me sens traversé par le mal le diable je crie  

je vais jouir je vais jouir  

sa beauté s'évanouit   

ça cesse d'être surnaturel  

après je la force à nettoyer avec sa langue ma  

jf la fouette pendant qu'elle me  

les autres sont assis je sens la fatigue me rattraper envie de dormir

j'ai envie de pisser je dis à frank tiens lui la bouche ouverte je vais lui  

elle tousse  

nos cagoules c'est vraiment trop la classe  

elle est allongée sale dégueulasse pleine de sperme de sang le visage tuméfié sanglant dégoulinant de pisse j'ai une idée j'écrase en poudre les derniers cachets on prépare des rails sur son ventre à cause de la sueur c'est merdique on sniffe que dalle mais c'est quand trop mortel trop la classe c'est beau comme un film  

frank dit ça te plairait qu'on recommence tous les samedis soir qu'on fasse la fête ensemble hein grosse truie ça te plairait dis oui elle dit oui ses lèvres sont enflées j'attaque la redescente je sens le malaise approcher je propose un joint marc dit bonne idée on remonte  

on a enlevé nos cagoules on est affalé sur le canapé on est fourbus détruits j'ai mal partout mal à la queue aux cuisses aux bras les autres c'est pareil

je tire une latte du joint qui passe  

je m'endors  

le lendemain je me réveille vaseux   

j'ai mal aux muscles je suis cassé de courbatures

je regarde l'heure il est onze heures du matin   

j'ai dormi sur le canapé   

la pièce est vide   

j'entends un bruit de cafetière   

je vais à la cuisine   

il y a frank qui prépare un café il me dit t'en veux un je dis oui   

france-info en sourdine débite des infos dont je me fous   

c'était une bonne idée cette soirée je me suis jamais senti aussi sain aussi en forme   

il rigole doucement   

je ris un peu moi aussi   

je rentre chez moi             

le dimanche finit lentement   

ma gueule de bois s'estompe  

j'ai faim   

je décide d'aller bouffer au mac do  

je vais au cinéma  

je sors du cinéma bien fatigué  

des jours passent

 

 

Christophe Siébert

>konsstrukt.blogspot.com