La
page
blanche

La revue n° 43 poètes du monde

poètes du monde

Alfonso Felix de Souza

INVENTAIRE DU MATIN

Aucun geste ne garde la salure des eaux pourries.
Le peu d’amour sauvé arrose les rues
avec les matières les plus profondes de l’âme.
Rien qui rappelle le corps entre des murs fermés
ou les pensées articulées dans le noir.
Seulement le vent venu de là-bas où dort le plus grand silence des mers
apportant avec lui les instants des souvenirs clairs
en cristaux de musique
(analgésique).

Ils bougent innocents.
Tout à l’heure des vapeurs d’ennui,
maintenant des gestes et des équivoques
sur des tapis mécaniques.
Ils traînent innocents.
Du sol qu’ils ont foulé volent des fragments d’anges.
Le point du jour aura absorbé les plaintes et les violons,
mais la musique demeure
faite des dépouilles de l’âme renouvelée par la rosée du matin
et de la chaleur des femmes dont nous avons oublié les traits.

Alfonso Felix De Souza
“O Tunnel” - traduction d’A.D. Tavares-Bastos
“La poésie brésilienne contemporaine”
Ed. Seghers