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blanche

La revue n° 44 e-poésies

e-poésies

Pascal Batard

REFLET



Il apparaît que
Le reflet est bien plus fort que
L’image
L’imagination joue
Aussi
Se joue aussi des âmes et des anges
(ces anges qui tombent du petit jour sur les trottoirs)
La même pièce
Les
Mêmes rôles
Des bons et des méchants
Le premier acte est un peu long
On ne sait pas quand arriveront les coups
Ni s’il y en aura seulement 3
Le long de la route
Tout prés de la frontière, des voitures,
La rivière, glissent comme ta robe
Dans l’eau, ton reflet, bien plus fort que ton image.
Je ne sais pas ce qu’en pensent les cailloux,
Au fond ;
Ni
S’ils ont
Un peu d’imagination.




MALA (FÉCAMP)


Mala
sur la route devant le bar restaurant
une ligne continue prète son flanc aux yeux qui veulent y croire
des mouettes crient, que savent elles faire d’autre
et crottent et chient
aussi
sur leur désespoir
sur le geste triste des bateaux amarés,
quelqu’un les jambes écartées regarde la douceur,
la douleur de la mer qui cherche ses petits,
flocons d’écume, casquettes de marins, coiffes de leurs compagnes,
murs de granits
ville se cachant du soleil,
soleil couchant qui appareille pour un nouvel exil.
Mala
je mets le ventre à terre et les oreilles aussi
pour entendre dans le fond de la terre
tes pas qui résonnent.
Curseur de l’épiderme au max
je t’attends comme un dimanche,
un de ces premiers dimanche ou il fait beau
quand on est content d’avoir encore froid
quand les gros pulls mettent des lunettes de soleil,
on va pouvoir repeindre les lames de la barque
pour échanger bientôt des baisers sur l’eau.
Mala

 

 

 

 

L’ARBRE


C’était un grand terrain penché sur le coteau
Regardant la vigne et la rivière
Avec un arbre sur la droite
Quand on remontait,
La cabane du père François était le dernier lien
Peut être la barque aurait pu, mais elle s’était noyée
On ne voyait plus que la chaine
Tendue.
La vie construite de toutes nos petites lâchetés
Comme des miettes dans le lit
Nous gratte
Fait des rougeurs
On reste là quand même,
Attendre
Ne sachant quoi.
C’était un grand terrain penché sur le coteau
Regardant la vigne et la rivière
Avec un arbre sur la droite
Quand on remontait


Il faudrait préparer la table,
Apprendre des paroles de chansons
Qui nous mettent d’accords
Se baiser sur le front
Et le cou,
Se baiser.
Nageurs,
Prendre le risque de l’attente
Découvrir sa tête
Et rendre le chapeau
Découvrir,
Un ami sur le banc devant le jardin
Où,
Des arbres s’épuisent à
Donner des souvenirs et de l’ombre.
Qui,
Nous attend.
Enfants gravant des coeurs
Et les flèches
Qui vont
Avec
Demain, il fera bon.
Je te regarderai rouler tes cheveux au dessus de ta nuque
Avant que tu ailles te baigner
Il fera encore assez doux
Pour que sans te sécher, nous dinions dehors.
J’attends ta lettre,
La table est prête, il manque un couvert


Pascal Batard