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La revue n° 47 atelier de traduction

atelier de traduction

Les sept portails de l’éternité

Maria José Limeira est une écrivaine née à João Pessoa, Paraíba, Brésil, le 30 août 1941 et décédée le 09 juillet 2012.

Détenue, en 1964, par les forces de répression, elle abandonna ses études supérieures, s´auto-exilant dans les villes de Rio et de São Paulo.

Retournant à sa ville natale, dans les années septante, elle débuta dans le Journalisme, d´abord comme reporter, puis en occupant des postes de direction dans plusieurs journaux, y compris l´hebdomadaire “O Momento”, qu´elle a aidé à fonder.

Elle a été l´une des fondatrices du Mouvement Féminin Pour L´amnistie dans l´État de Paraíba (MFPA-PB), dans un effort conjoint avec d´autres entités pour la promulgation, au Brésil, de l´amnistie ample, générale et sans restriction.

Tenue par d´aucuns comme la meilleure voix féminine après Clarice Lispector, elle est allée au-delà du registre purement métaphysique de son aînée, en renouvelant la fiction brésilienne avec un souffle dialectique puissant à travers les longues années de dictature millitaire.

 

Oeuvres publiées

 

Marge ( contes )

Hameau vierge, au-delà ( contes )

Les portes de la ville menacée ( contes )

Le côté sombre du miroir ( contes )

L´oeil dans la vitre ( nouvelles )

Le gant dans le cri ( roman )

Chroniques de l´aube

 

Oeuvres inédites

 

Contes de l´ombre

La greffe - L´alcoolique - Les clochards 

( pièces de théâtre )

Tous les êtres ( longs poèmes )

Mémoires

 

 

 

LES SEPT PORTAILS DE L´ÉTERNITÉ

Un conte de Maria José Limeira

 

Je viens ici, messieurs, déposer ma vie. Dans ce bureau général d´enregistrement de titres et de valeurs, je laisse un legs qui pèse comme l’ombre d´un vampire par une  nuit de pleine lune.

Je laisse mon corps, meuble inutile, et mon âme sans dignité apparente, contaminée par le mal qui m´a été donné, qui s´est sournoisement installé, ensuite s´est répandu comme une tumeur inguérissable et m´a toute prise, comme un regret insupportable  et le souvenir admirable d´un temps qui s´est effacé.

Parfaitement encadrée dans les paramètres du malaise de la santé mentale, me voici, pour faire cette donation incommensurable de mes douleurs morales, de ma chute  fatale devant l´horreur indicible de vivre dans les limites possibles et imaginaires du non- être.

Appelez le notaire et n´hésitez pas devant mon insistance entre ces quatre murs de meubles anciens et de papiers cloués, en dictant la valeur réelle des choses mortelles liquidées en échange d´argent, et d´autres marchandises en plus dont les noms me  touchent comme des pointes d´épingles embrasées.

Où est le tabellion?

Combien coûte une confession?

Je suis venue ici, messieurs, pour donner mon corps, meuble qui resterait aux vers s´il n´avait été brûlé en temps utile, les cendres éparpillées aux quatre vents, comme un miracle.

J´y suis venue pour distribuer la chair à qui n´y avait pas eu droit en vie, la goutte de mon sang en transfusion meurtrie, l´éclat de mes yeux qui s´efface à l´ultime instant, les dents saines, les ongles rongées  dans le désespoir, la force de mon ventre en convulsion. 

J´ai ma douleur, et non pas des armes à tuer. Je porte de la tendresse, et non pas de  la violence à pousser.

Je porte l´amour, et non pas des drogues à tromper. J´ai des fleurs et des parfums,  et non pas de la douleur à répandre.

Mon coeur dépecé en sang glisse en mille débris le long du marais, où est resté mon cadavre. Déchire le ventre du fleuve, qui s´ouvre comme utérus et mamelle, pour  enterrer bonheur et rêve. 

Sous le soleil, reluisent des restes de bouteilles et d´étain, retailles de la vie, poupées démembrées, sexes émiettés, La boue s´accommode à l´impossible.

Mes yeux sont pleins de choses pourries. Je rejette sur le bord la violence bruyante, horreurs, désaffections. 

Mon coeur est une carcasse de sens enfouis.

Mon coeur est un colosse d´amours dépaysées.

Mon coeur s´anéantit sur les pentes du chemin, entortillé dans le miel et dans le vin.

Mon coeur hante ma vie faite en éclats.

Mon coeur se sphacèle. Mon coeur éclate. Mon coeur s´enfouit.

Mon coeur hanté. Mon coeur dépaysé.

Les fleurs ont flétri dans la sécheresse de mon jardin où poussent des plantes sauvages, âpres comme les visages des clochards délogés de chez eux au petit jour.

Comment puis-je regarder en face la faible lueur de l´horizon, quand vient l´aube, s´il n´y a pour moi qu´une nuit immense qui me couvre comme un linceul, et moi j´ai froid. 

Déprotégée. Sans-abri. Au hasard de Dieu.

J´ai le coeur dépecé et le rire amer.

Quatre parois taillées dans le sang du couchant me dévorent. Dehors rugit l´oiseau brodé en lettres d´or.

(Ronfle, ronfleur. Emmène dans tes bras le fils décimé dans l´existence du coq qui chante l´heure).

Entre les sept portails de l´éternité, la plaine est comble, la prairie à moitié. Le vent passe et bruit dans la touffe des arbres.

Sous sept capes de secrets se cachent sept voiles de divergence, des os, des cercueils de vengeance d´où tombent sept doigts tronqués.

(L´enfant morte défile dans l´avenue, enveloppée de chiffons souillés et de bandages  où macèrent le crâne et la chair).

Ici, le sort n´est que tourment et feu. C´est tomber en râlant avant tout cri. 

S´évanouir dans le sang d´un ciel maudit qui frôle et renifle dans ce jeu.

(Le camion sombre dans la route, tourne en roulant dans les confins de l´oubli, les pièces restantes de cet enterrement). 

Sur la longue route, plein soleil, la foule résiste aux éclats, promet une rébellion et ouvre ses bras et tombe de faim et de soif d´alambic.

(Lumière, plutôt désespoir que promesse, ici, sur le sol sec qui vibre, il y a des restes du passage de l´espérance).

Je me hausse dans l´espace sidéral sans ceinture de sécurité, sans aujourd´hui ni demain, un simulacre de nourriture, qui est le café rare remuant dans l´estomac, enroulant les  idées, entretenant la longue attente de faire qui m´arrache vers le sommeil. 

C´est du crépuscule qui envahit la nuit. Le fardeau de la journée s´enroulant aux épaules comme l´étreinte ténébreuse de la mort qui me guette dans chaque coin.   

À chaque tournant de la route, je m´élance dans le cri de surprise des enfants affamés, qui roulent de grands yeux en ouvrant tout grand leurs bouches édentées. 

Depuis longtemps elle m´afflige, cette douleur silencieuse qui se niche entre mes bras à l´ombre des baïonnettes, dans la cathédrale assiégée.

Ça me berce de rêver les yeux fermés, quand le vaisseau atteint le sol, en haletant comme un train en retard sur l’horaire.

Blottie dans les méandres de la foule, cachée dans l´anonymat, je rêve.

Me voici, messieurs, errant entre deux mondes comme un condamné sans pardon,  à qui l´on n´a pas permis d´énoncer le dernier souhait, qui n´a même pas eu droit au baiser avant de plonger dans l´extrême obscurité.

Ce reste de corps humain déformé vient dicter, devant le jugement dernier de toute chose  dans le monde, son cri. Des larmes de sang déversées sur les murs où tous les malheureux ont prononcé des protestations jamais plus entendues, qui sont morts pour toujours en ébauchant le dernier geste. Des cadavres enfouis dans des fosses communes, mêlés de misère, de faim, de mots détournés, de tumeurs malignes qui se sont parsemées, de coeurs démesurés électrocutés, de sexe.

Je viens déposer ici des mots amers, qui se cachent dans les vieux papiers moisis, mêlés de quittances et de notes, d’anciennes notices policières et administratives publiées dans des journaux froissés, mal digérés, rongés et vomis par l´ombre des rats qui se promènent entre les restes de l´humanité.

Me voici, parmi des documents de malversation des biens publics et privés, où tomba le paysan criblé de balles et mitraillé dans ses espoirs abattus par la haine.

Je porte dans mes bras les fils de la misère industrialisée, qui tue fleuves et fontaines, légions d´enfants effrayés, aux yeux tristes ouverts tout grand, générés dans le désespoir de la faim, qui, depuis les huit ans, empoignent des armes contre le monde qui leur a offert, au lieu du gâteau d´anniversaire et de berceuses, l´hymne de la déroute prématurée, qui perdure encore.

Je suis cette fille-là égarée dans les nuits des quartiers du faubourg, qui frappait aux portes des maisons où les gens étaient heureux et n´avaient pas de quoi se soucier, et qui répondaient à ses appels avec de sonores injures, et quand mes supplications devenaient excessives,  lâchaient contre moi leurs chiens, alors que mon froid était insupportable, ma révolte silencieuse, et je retournais à ma maison – qui n´existait pas – tellement accablée, et soudain, j´avais envie de mourir, mais ne savais pas comment, puisque la vie était devenue un lourd fardeau. 

Je suis ce mec-là de quinze ans qui rêvait de femmes charmantes et de voitures de luxe, tandis qu´il écoutait, sur la place du peuple, à la radio de l´auto du patron, des chansons dolentes  d’Amérique latine, et qui avait fait de ses pauvres haillons de laveur de chars ordinaires des habits de prince de première classe, et comme dans un grand bal, il mangeait, dans un  banquet copieux, tous les mets auxquels il n´avait jamais eu droit, et tout cela dégorgea dans les bras de deux policiers tortionnaires, dans la dense forêt du plateau, où la douleur et le cri ont été des mots vains qui ensevelirent tous les lendemains.

Je suis la jeune fille pauvre et résignée, qui avait fini l´université de la vie, si douloureuse,  et qui portant sa bague au doigt – l´étrange créature – entra timidement dans l´édifice de l´or pour saisir son rare bijou, ayant reçu en réponse le rire de dérision qui étale la vérité dure et sèche “Rien ne vaut”, et qui sortie tête basse et pensive, s’est perdue dans le vacarme de  la ville et ne fut plus jamais revue.

Je suis l´adolescent noir, blanc, qui s´éprit éperdument de sa jeune mère, et elle reluisait à ses yeux comme une étoile incandescente, et le monde autour de lui, qui en même temps devenait beau et ravissant, devenait aussi triste et laid, puisqu´il y avait beaucoup de gens soucieux qui gardaient la chasteté comme un trésor, et puisqu’il voulait s´épanouir, s´envoler comme un papillon de par le monde et réaliser avec sa propre mère l´amour des comblés, alors que sa vie se transforma en un rosaire d´événements tragiques, jusqu´à l´étrangler, un jour, dans une  corde qui se balançait dans le ciel, et ses yeux dévorés par les vautours, même après sa mort, accusaient encore sa mère de tout son malheur.

Je suis la femme passionnée, qui abandonna un mari, ses fils et un foyer déprotégé des âpretés  du monde, en quête du fulgurant trapéziste de cirque, qui rangea ses malles, le lendemain, et quitta la ville comme s´il avait commis un crime hideux, et quand la pauvre femme arriva à l´endroit de la grande tente armée, à la recherche de son bien aimé, le tablier encore attaché à la ceinture, comme s´il composait son habit, il ne restait là qu´un peu de fumée dans le bûcher effacé à la hâte, et le cirque au loin, et elle regarda perplexe de tous côtés, comme victime d´un grand leurre, et essaya de retourner à ses enfants, comme si elle craignait de les perdre pour toujours, mais soudain il fit nuit, et sur la route au-devant, pleine de voitures en pleins phares, les chauffeurs lui faisaient signe comme s´il l’avaient connue depuis de longues années, et  elle n´était qu´une femme éprise trainant sa valise, le tablier encore accroché à la ceinture, une pauvre créature qui alla de l´avant et qui n´a plus jamais pu retourner chez elle, vexée de sa hardiesse et des taches empreintes sur son habit, qui ne se sont jamais effacées. 

Je suis cet étudiant-là resté en arrière, dans la poussière du temps, qui causait avec moi  sur les bancs des places et des jardins jusqu`aux hautes heures de la nuit, en faisant des plans irréalisables, en racontant des faits jamais arrivés, en mentant pour arracher le rire, en pleurant pour attirer la compassion de l´humanité, en clamant des amours impossibles, en convoquant le peuple à la lutte armée contre toute forme d´oppression, en récitant des vers en hommage à la vie, et toutes ces choses délicieuses que les collègues faisaient par simple camaraderie débouchaient ensuite dans une fête bruyante au bord de la mer, où nous allions déverser nos chagrins fleuris et chercher dans l´aube une raison de plus pour vivre.

Je suis cet homme-là qui remâcha une solitude féroce et inconséquente pendant toute son existence, qui s´enferma quelque nuit dans une chambre d´hôtel de cinquième catégorie, empoigna un révolver rouillé contre sa propre tête, ferma les yeux et pressa la  détente, en se souvenant après qu´il avait oublié d´y placer les balles, et cela lui causa un dégoût tellement effroyable, qu´il se coucha juste là et mourut doucement, sans laisser  aucune explication.

Je suis cette vieille femme-là, pâlie, aux cheveux grisonnants, aussi fragile qu´une plante sauvage desséchée au milieu du jardin, qui dans la hâte de monter dans l´omnibus surchargé, tomba sur le demi-fil de l’embarcadère, et qui, ayant été secourue par un monsieur au regard  sage et indigné, qui l´emmena dans ses bras auprès du receveur, même triste et flétrie, les mains  sanglantes et les plaies apaisées, paya fièrement le billet et s´arrêta en attendant la monnaie qui ne lui fut pas rendue par le receveur mal élevé – le malheureux – et quand elle réclama son dû, le receveur dit qu´il ne l´avait pas, et elle, encore fière, quoique fragile, rétorqua “Mais vous  devriez l´avoir”, ce qui suffit pour qu´elle reçoive en retour des coups de poing et de pied, allant s´accommoder dans un des premiers fauteuils, les yeux tristes et résignés, et encore  fière, quoique fragile, se retournant et s´écriant “Pourquoi?”, ce qui provoqua un grand  embarras chez les passagers du véhicule bondé, et lorsqu´elle descendit de l´omnibus, après de longues heures de voyage inconfortable, je la vis qui pleurait, léchant les blessures de la vie du haut de ses soixante dix ans bien réfléchis.

Je suis ceux-là qui se sont suicidés, après avoir perdu le sens de la vie, en ingérant des doses massives de Cybalena, Melhoral, Sedandrômaco, Ansilive, Dienpax, Diazepan, Somalium et Serenium, ou en se jetant du onzième étage des édifices publics et privés, et lorsqu´ils se  sont réveillés, trois jours après, dans un lit d´hôpital, après avoir émergé du coma, où le néant leur en avait appris plus long que la vie, ont fait des excuses aux infirmières et aux médecins qui les entouraient, leurs promettant de ne plus faire ça, et ont découvert – ébahis – que les  gens qu´ils avaient voulu atteindre avec leur geste affolé n´existaient plus, et que le monde  entier n´était qu´un fil rare et subtil oscillant dangereusement entre la folie, la lucidité et la mort, et tout retournait à son état normal après le traitement psychiatrique compétent.

Je suis ceux qui se sont suicidés et ceux qui sont morts d´inanition. 

Je suis le survivant de la guerre nucléaire.

Je suis le prisonnier politique échappé et rattrapé, dont les familiers ont subi de terribles  humiliations, lorsque tous – même les enfants – ont été obligés de se dénuder dans le commissariat, au plein du jour, pour servir d´objets sexuels à des policiers corrompus, à des tarés et à des anormaux, et le détenu obligé de tout regarder, sans pouvoir même fermer les yeux, car il était menacé.

Je suis la tristesse de l´exilé.

Je suis encore le leader syndical acclamé par les masses dans les villes et dans la campagne, qui parcourait le pays avec des voitures empruntées, en mobilisant le peuple pour les grandes décisions, qui a terminé ses jours dans un marché public, aveugle et gonflé, en demandant la  charité aux passants, qui ne le regardaient même pas, mourant ensuite de tant boire de la “cachaça”.

Je suis le noir pris en esclavage et, plus tard, libre; l´indien décimé et, après, ressuscité; le  peuple brésilien escroqué et toujours trompé.

Je suis la victime des soi-disant crimes passionnels pour la défense de l´honneur.

Je suis celle-là qui abandonna ses familiers au Brésil pour visiter Cuba et baiser les jolis  yeux de Fidel Castro.

Je suis la jeune fille détenue en flagrant, en essayant de tuer son amant qui l´exploitait, le garçon dopé qui gîtait chez les mineurs abandonnés et fut violé, le criminel sans loi, la maison vide envahie par les inondations, la terre ravagée par la sécheresse, l´ordure qui s´entasse dans les consciences, le manque de patience, la prison et la liberté, la bête dangereuse encagée, l´oiseau qui s´envole et qui chante, la salle des pas-perdus dans le  tribunal du désespoir, le tir inexplicable qui résonne à l´aube, le passant désoeuvré, la  femme désirée, le rêve écrasé, la sainte mère crucifiée, le puits des souhaits frustrés, le chaos, le gâchis, le cri qui sonne dans la nuit comme une alarme aux insouciants,  l´astronaute solitaire, la planète Terre isolée, la misère humaine mise en lumière, terreur,  sorcellerie, désespoir et désolation, je suis.

Me voici, messieurs, pour déposer ma vie. Dans ce bureau général d´enregistrement de titres et de valeurs, qu´on enregistre cette donation: une ombre de vampire dans une nuit  de pleine lune; une tumeur maligne qui s´est installée et qui s´est répandue; un regret insupportable; le souvenir admirable d´un temps qui s´est effacé; les cendres de mon corps  répandues par le vent; la goutte de mon sang en transfusion meurtrie; l´éclat de mes yeux qui s´efface dans l´ultime instant; les dents saines; les ongles rongées dans le désespoir; la force de mon ventre en convulsion; la douleur, et non pas de drogues pour tromper; des fleurs et des parfums; et non pas la douleur; mon coeur  dépecé, sphacélé, brisé, enfoui, hanté et dépaysé; des plantes sauvages et âpres;  l´horizon et l´aube; linceul, fleuve, délogement et désolation; le coeur déchiré et le  rire amer; les sept portails de l´éternité; les sept capes de secrets; les sept voiles de  divergence; les sept doigts tronqués; l´enfant mort qui défile dans l´avenue; la  lumière, plutôt désespoir que promesse; l´espace sidéral sans ceinture de sécurité; les grands yeux des enfants affamés ouvrant tout grand des bouches édentées;  l´ombre des baïonnettes dans la cathédrale assiégée; bonheur et rêve; les débris du marais où est resté mon cadavre; utérus et mamelle; choses pourries; fantômes; désaffections; restes de bouteilles et d´étain; retailles de la vie; poupées démembrées; sexes émiettés; seins; les pentes du chemin; l´oiseau emplumé et les lettres d´or; le coq qui chante l´heure; les traces du passage de l´espérance; le condamné sans pardon; les restes de ce corps humain déformé; les protestations jamais plus entendues; de vieux  papiers moisis; d´anciennes notices policières et administratives publiées dans des journaux; des rats; les fils de la misère industrialisée; légions d´enfants épouvantés;  les yeux tristes et ouverts tout grand; la chasteté et le trésor; la bague de doctorat; les femmes bien roulées et les chars de luxe; la musique nord-américaine; les chansons dolentes d’Amérique latine; des chiffons et des habits de première classe; des mots  vains; tous les lendemains; le trapéziste fulgurant du cirque; la grande tente armée;  la femme éprise; le camarade d´école resté en arrière; les hautes heures de la nuit;  les rêves irréalisables; la lutte armée; l´hommage à la vie; la mère célibataire et les  fils sans père; la solitude féroce et inconséquente; le manque d´explication; la jeune  fille prise en flagrant; le garçon violé; le criminel sans loi et la maison vide; la terre  ravagée et l´ordure qui s´entasse; le manque de patience et la prison; la bête encagée et l´oiseau qui vole et qui chante; la salle des pas-perdus dans le tribunal du désespoir; le tir à l´aube et le passant désoeuvré; la femme désirée et le rêve écrasé; la sainte mère sacrifiée; les souhaits frustrés et le désordre généralisé; les cris qui résonnent dans la nuit et le regard indigné; le fil rare et subtil et les blessures de la vie; le leader syndical acclamé par les masses et le noir mis en esclavage et, plus tard, libéré; l´indien décimé et, puis, ressuscité; le peuple brésilien escroqué et toujours trompé; les jolis yeux de Fidel Castro; l´astronaute isolé et la planète Terre solitaire; la passion débridée; l´hymne de la déroute prématurée qui perdure encore et l´extrême obscurité.

Combien coûte une confession?

 

 

Maria José Limeira

Traduction Ademar Ribeiro

 

 

 

 

 

 Maria José Limeira é uma escritora nascida em João Pessoa, Paraíba, Brasil, em 30 de agosto de 1941, falecida em 19 de julho de 2012.

Presa, em 1964, pelas forças de repressão, abandonou seus estudos superiores, autoexilando-se nas cidades do Rio e de São Paulo.

De volta à cidade natal, nos anos setenta, ingressou no Jornalismo, inicialmente como repórter, depois ocupando cargos de direção em diversos jornais, inclusive no semanário “O momento’, que ajudou a fundar.

Foi uma das fundadoras do Movimento Feminino Pela Anistia no Estado da Paraíba (MFPA-PB), num esforço conjunto com outras entidades pela promulgação, no Brasil, da anistia ampla, geral e irrestrita.

Tida por alguns como a melhor voz feminina depois de Clarice Lispector, foi além do registro puramente metafísico da sua antecessora, renovando a ficção brasileira com um forte sopro dialético através dos longos anos de ditadura militar.

 

 

Obras publicadas

 

Margem ( contos )

Aldeia virgem, além ( contos )

As portas da cidade ameaçada ( contos )

O lado escuro do espelho ( contos )

Olho no vidro ( novelas )

Luva no grito ( romance )

Crônicas do amanhecer

 

Obras inéditas

 

Contos da escuridão

O transplante – O alcoólatra – Os maloqueiros 

( peças de teatro )

Todos os seres ( poemas longos )

Memórias

 

 

 

OS SETE PORTAIS DA ETERNIDADE

Conto de Maria José Limeira

 

Eu venho aqui, senhores, depositar a minha vida. Neste cartório geral de  registro de títulos e valores, deixo um legado que pesa como a sombra de  um vampiro em noite de lua cheia.

Deixo meu corpo, que é traste inútil, e minha alma sem dignidade aparente,  contaminada pelo mal que me foi doado, doença que sutilmente se instalou, em seguida se alastrou como tumor incurável e tomou-me toda como uma saudade insuportável e a lembrança admirável de um tempo que se apagou.

Perfeitamente enquadrada dentro dos parâmetros do mal-estar da sanidade mental, aqui estou, para fazer esta doação incomensurável das minhas  dores morais, da minha queda fatal diante do inominável horror de viver dentro dos limites possíveis e imaginários do não-ser.

Chamem o escrivão e não vacilem ante minha insistência entre essas quatro paredes de móveis antiquados e papéis pregados, a ditarem o valor real das coisas mortais liquidadas a troco de dinheiro, e outras mercadorias mais de nomes vários que me tocam como pontas de alfinetes incendiadas.

Onde está o tabelião?

Quanto vale uma confissão?

Eu vim aqui, senhores, doar meu corpo, traste que ficaria aos vermes não  fosse queimado em tempo hábil, as cinzas espalhadas aos quatro ventos, como um milagre.

Eu vim distribuir a carne a quem não tivera direito em vida, a gota meu sangue em transfusão doída, a luz dos meus olhos que se apaga num último instante, os dentes sãos, as unhas escalavradas em desespero, a força do meu ventre em convulsão.

Tenho minha dor, e não armas para matar. Trago ternura, e não violência para empurrar. Eu carrego amor, e não drogas para enganar. Tenho flores e perfumes, e não sofrimento para espalhar.

Meu coração despedaçado em sangue desliza em mil destroços pelo  mangue, onde ficou o meu cadáver.

Rasga o ventre do rio, que se abre como útero e mama, para enterrar  felicidade e sonho.

Sob o sol, brilham restos de garrafas e latarias, retalhos de vida, bonecas  desmembradas, sexos esmigalhados, seios. A lama se acomoda ao  impossível.

Meus olhos estão cheios de coisas podres. Vomito na margem a violência ruidosa, assombrações, desafetos.

Meu coração é um arcabouço de sentidos soterrados.

Meu coração é um colosso de amores desterrados.

Meu coração se esfacela nas ladeiras do caminho, enrodilhado em mel e vinho.

Meu coração assombra minha vida estilhaçada.

Meu coração se esfacela. Meu coração se estilhaça. Meu coração se  soterra.

Meu coração assombrado. Meu coração desterrado.

As flores murcharam na seca do meu jardim onde crescem plantas  selvagens, ásperas como as faces dos flagelados, favelados despejados  de suas casas às primeiras horas do dia.

Como posso olhar, de frente, a tênue luz do horizonte, quando chega a madrugada, se para mim há uma noite imensa que me cobre como mortalha, e eu sinto frio. Ao desabrigo, ao desamparo, ao Deus dará.Trago o peito despedaçado e o riso amargo. 

Quatro paredes lavradas no sangue do entardecer me devoram. La fora,  ruge o pássaro engalanado em letras de ouro.

(Ronca, roncador. Carrega nos braços o filho dizimado na existência do  do galo que canta a hora).

Nos sete portais da eternidade, a planície é cheia, a campina é meia. O  vento passa e barulha na copa das árvores.

Debaixo de sete capas de segredos se escondem sete véus de  discrepância, ossos, ataúdes de vingança, e caem decepados sete  dedos.

(A criança morta desfila na avenida envolvida em panos sujos e fitas  que lhe maceram crâneo e carne).

Aqui, a sorte é sofrimento e fogo. É cair estertorado antes de qualquer  grito. Esvair-se em sangue de maldito céu que roça e funga nesse jogo.

(O caminhão naufraga na estrada, roda rolando em fins de esquecimento, Quatro paredes lavradas no sangue do entardecer me devoram.).

Em estrada longa, sol a pique, resiste a multidão aos estilhaços. Promete  uma revolta e abre os braços e cai de fome e sede em alambique.

(Luz, mais desespero que promessa, aqui, no chão seco que vibra, há uns restos de passagem da esperança).

Viajo-me em espaço sideral sem cinto de segurança, sem hoje nem amanhã, um simulacro de comida, que é o café ralo sacolejando no estômago e enrolando ideias, a atravessar o longo tempo de fazer que me arrasta para o sono.

É crepúsculo que se adentra pela noite. É fardo do dia enroscando-se  nos ombros como o abraço tenebroso da morte que me espreita em cada esquina.

Em cada curva da estrada lanço-me ao grito de surpresa nos grandes olhos arregalados de crianças famintas que escancaram bocas desdentadas.

Aflige-me, há muito tempo, essa dor calada, que se aninha entre meus braços à sombra das baionetas na catedral sitiada.

Embala-me sonhar de olhos fechados, enquanto a nave pisa o chão, resfolegando como trem no atraso do horário.

Aconchegada nas curvas da multidão, escondida no anonimato, eu sonho.

Aqui estou, senhores, vagando entre dois mundos, como um condenado sem perdão, a quem não foi permitido enunciar o último desejo, e nem mesmo teve direito ao beijo, antes de mergulhar na extrema escuridão.

Esse resto de corpo humano deformado vem ditar, perante o juízo final de todas as coisas do mundo, seu grito. Lágrimas de sangue despejadas nas paredes onde todos os sofridos anunciaram protestos nunca mais ouvidos, que morreram para sempre ao esboçarem o último gesto.

Cadáveres soterrados em valas comuns, misturados a miséria, fome, palavras desencontradas, tumores malignos que se alastraram, corações descomunais electrocutados, sexo.

Venho depositar aqui palavras amargas, que se escondem entre velhos papéis mofados, misturados a recibos e notas, antigas notícias policiais e administrativas publicadas em jornais amarfanhados, mal digeridos, carcomidos e vomitados pelas sombras dos ratos que passeiam entre os restos da humanidade.

Aqui estou, entre documentos de malversação dos bens públicos e  privados, onde caiu o camponês varado de balas e metralhado em suas esperanças abatidas pelo ódio.

Carrego nos meus braços os filhos da pobreza industrializada, que mata rios e fontes, legiões de meninos assustados, de olhos tristes e  esbugalhados, gerados no desespero da fome, que, aos oito anos de idade, empunham armas contra o mundo que lhes ofereceu, ao invés do bolo de aniversário e canções de ninar, o hino da derrota prematura, que ainda perdura.

Eu sou aquela menina perdida nas noites dos bairros da periferia, a bater palmas nas portas das casas onde as pessoas eram felizes e não tinham com que se incomodar, e respondiam aos seus apelos com sonoros insultos, e quando minhas súplicas eram demais, soltavam sobre mim cães e pardais, e meu frio era insuportável, minha revolta calada, e eu voltava para a casa – que não existia – tão acabrunhada, e, de repente, tinha vontade de morrer, mas não sabia como, pois viver se tornara pesado fardo.

Eu sou aquele garotão de quinze anos que sonhava com mulheres  vistosas e carros de luxo, enquanto ouvia, na praça do povo, o toca-fitas do automóvel do patrão emitindo canções dolentes de Latinoamérica, e de seus pobres andrajos de lavador de carros barato, fez roupas de príncipe de primeira classe, e como num grande baile, comia, num lauto banquete, todas as iguarias a que nunca tivera direito, e tudo foi desagar nos braços de dois policiais torturadores, na densa mata do altiplano, onde dor e grito foram palavras vãs que sepultaram todos os amanhãs.

Eu sou aquela moça pobre e sofrida, que cursou a universidade da vida, tão dolorida, que cursou a universidade da vida, tão dolorida, e com o anel de formatura no dedo – estranha criatura – entrou sorrateira no estabelecimento do ouro para empenhar sua joia rara, e recebeu como resposta o riso de escárnio que alardeia a verdade dura e seca “Nada vale”, e saiu cabisbaixa e pensativa, perdeu-se no burburinho da cidade e nunca mais foi vista.

Eu sou aquele adolescente negro, branco, que se apaixonou 

perdidamente pela sua jovem mãe, e ela brilhava aos seus olhos como estrela incandescente, e o mundo ao redor, ao mesmo tempo em que se tornava belo e maravilhoso, ficava também triste e feio, porque havia  muitas pessoas cuidadosas, que guardavam a castidade como tesouro, e ele queria expandir-se, voar como borboleta pelo mundo e realizar com sua própria mãe o amor dos felizes, mas a vida transformou-se então  num rosário de acontecimentos trágicos, até estrangulá-lo, um dia, numa corda que se balançava no céu, e os seus olhos devorados pelos urubus, depois da morte, ainda acusavam a mãe de toda a sua infelicidade.   

Eu sou aquela mulher apaixonada que abandonou marido, filhos e um lar desprotegido das agruras do mundo, atrás do trapezista fulgurante do circo, que arrumou a mala, no dia seguinte, e abandonou a cidade como se tivesse cometido um hediondo crime, e quando a dona de casa chegou ao local da grande tenda armada, em busca do seu amado, o avental ainda amarrado à cintura, como se fizesse parte da sua indumentária, nada mais restava, a não ser um pouco de fumaça no fogo apagado às pressas, e o circo longe, e ela olhou perplexa para todos os lados, como vítima de um grande logro, e tentou voltar para seus filhos, como se temesse perdê-los para sempre, mas anoiteceu de repente, e, na rodovia adiante, passavam muitos carros de faróis altos, cujos motoristas acenavam para ela como se a conhecessem de longos anos, e ela era apenas uma mulher apaixonada, de mala na mão e avental amarrado na cintura, uma pobre criatura que seguiu adiante e nunca mais pode retornar à sua terra natal, envergonhada de sua ousadia e das manchas afixadas no seu traje, que jamais se  apagaram.

Eu sou aquele estudante que ficou para trás, na poeira do tempo, que conversava comigo nos bancos das praças e jardins até altas horas da madrugada, planejando sonhos irrealizáveis, contando fatos nunca ocorridos, mentindo para arrancar o riso, chorando para sentir a compaixão da humanidade, clamando amores impossíveis, 

conclamando o povo para a luta armada contra toda e qualquer forma de opressão,recitando versos em homenagem à vida, e todas essas coisas deliciosas que os colegas faziam por simples companheirismo, depois se transformariam em grande e ruidosa festa à beira-mar,onde íamos desaguar nossas magos floridas e buscar no amanhecer mais um motivo para viver.

Eu sou aquele homem que mastigou uma solidão feroz e  Inconsequente, durante toda a existência, e trancou-se, numa noite, num quarto de hotel de quinta categoria, e armou seu punho com um revólver enferrujado na direção da sua própria cabeça, fechou os olhos e acionou o gatilho, para depois se lembrar que havia esquecido de colocar as balas, e isso lhe causou um desgosto tão medonho que,

ali mesmo, deitou-se, e morreu serenamente, sem deixar qualquer explicação.

Eu sou aquela velhinha pálida, de cabeça esbranquiçada, frágil como uma planta selvagem esganiçada no meio do jardim, que na pressa de subir no transporte coletivo superlotado, caiu no meio-fio da calçada, e foi amparada pelo senhor de olhar sisudo e indignado, que a carregou

ao colo e colocou-a nos braços do cobrador, e ela triste, amassada, as mãos sangrando e as feridas serenando, pagou orgulhosa a passagem e ficou esperando o troco do dinheiro que não veio, na luta do funcionário mal-educado de olhar furibundo – o desgraçado – e quando ela exigiu o troco, o cobrador disse que não tinha, e ela, ainda orgulhosa, embora pálida, respondeu “Mas devia ter”, o que foi suficiente para receber,de volta, pontapés e palavrões, e foi sentar-se lá no banco da frente, com seus olhos tristes e resignados, e ainda orgulhosa, apesar de frágil, virou-se para trás e gritou “Por quê?”, o que provocou grande constrangimento aos passageiro no ônibus superlotado, e quando depois de longas horas de viagem desconfortável, desceu do transporte e tomou rumo ignorado, eu a vi chorando enquanto lambia as feridas da vida, no alto de seus setenta anos bem pensados.

Eu sou aqueles que tentaram se suicidar, quando perderam o sentido da vida, ingerindo doses maciças de Cybalena, Melhoral, Sedandrômaco, Ansilive, Dienpax, Diazepan, Somalium e Serenium, ou mesmo  despencando do décimo primeiro andar de edifícios públicos ou privados, e quando despertaram, três dias depois, no leito do hospital, após emergirem do estado de coma onde o nada lhes ensinara mais do que a própria vida, pediram desculpa a enfermeiras e médicos que os rodeavam, prometeram não fazer mais, e descobriram – espantados - que as pessoas a quem queriam magoar com o gesto tresloucado não existiam mais, e o mundo todo era um fio tênue e sutil, oscilando perigosamente entre a loucura, a lucidez e a morte, e tudo voltava ao seu estado normal depois  do competente tratamento psiquiátrico.

Eu sou os que se suicidaram e os que morreram de inanição.

Eu sou o sobrevivente da guerra nuclear.

Eu sou o preso político que fugiu da cadeia, foi recapturado,e seus  familiares passaram vexames terríveis quando todos – até as crianças – foram obrigados a se despirem em plena delegacia de polícia, sol a pique, ao meio-dia, servindo de objetos sexuais para policiais corruptos, tarados e anormais, e o detento assistindo a tudo obrigado, sem poder nem mesmo fechar os olhos para não ver, porque estava ameaçado.

Eu sou a tristeza do exilado.

Eu sou também o líder sindical aclamado pelas massas nas cidades e nos campos, que percorria o país em automóveis emprestados,mobilizando o povo para as grandes decisões, e terminou seus dias no mercado central, cego e inchado,pedindo esmola a passantes que nem o olhavam, e depois morreu à míngua de tanto beber cachaça.

Eu sou o negro escravizado e depois livre, o índio dizimado e logo  ressuscitado, o povo brasileiro espoliado e sempre enganado.

Eu sou a vítima dos chamados crimes passionais em defesa da honra.

Eu sou aquela que abandonou seus familiares no Brasil para visitar Cuba e beijar os lindos olhos de Fidel Castro.

Eu sou a menina-moça presa em flagrante ao tentar matar o amante quea explorava; eu sou o menino dopado que dormiu na casa dos menoresabandonados e foi deflorado; eu sou o criminoso sem lei, a casa vazia invadida pelas cheias, a terra devastada pela seca, o lixo que se acumula nas consciências,a falta de paciência,a cadeia e a liberdade, o animal perigoso enjaulado, o pássaro que voa e canta, a sala de espera no tribunal da desesperança, o tiro inexplicável soando na madrugada, o transeunte desocupado, a mulher desejada,o sonho esmagado, a santa mãe sacrificada, o poço dos anseios frustrados, o caos, a desordem generalizada, o grito que ressoa dentro da noite como  alerta aos desavisados, o astronauta solitário, o planeta Terra isolado, a miséria humana estampada, terror, bruxaria, desespero e desolação, eu sou.

Aqui estou, senhores, para depositar a minha vida. Neste cartório geral de registro de títulos e valores, registre-se esta doação:

Uma sombra de vampiro em noite de lua cheia; um tumor incurável que se instalou e se alastrou; uma saudade insuportável; a lembrança admirável de um tempo que se apagou; as cinzas do meu corpo espalhadas pelo vento; a gota do meu sangue em transfusão doída; a luz dos meus olhos que se apaga no último instante; os dentes sãos; as unhas escalavradas em desespero; a força do meu ventre em convulsão; dor, e não drogas para enganar; flores e perfumes; sofrimento, não; meu coração despedaçado, esfacelado, estilhaçado, soterrado,assombrado e desterrado; plantas selvagens e ásperas; horizonte e madrugada; mortalha, rio, desabrigo e desamparo; o peito

rasgado e o riso amargo; os sete portais da eternidade; as sete capas do segredo; os sete véus de discrepância; os sete dedos decepados; a criança morta que desfila na avenida; luz, mais desespero que promessa; o espaço sideral sem cinto de segurança;os grandes olhos dos meninos famintos escancarando bocas desdentadas; a sombra das baionetas na catedral sitiada; felicidade e sonho; os destroços do mangue onde ficou o meu cadáver; útero e mama; coisas podres; assombrações; desafetos; restos de garrafas e latarias; retalhos de vida; bonecas desmembradas; sexos esmigalhados; seios; as ladeiras do caminho; o pássaro emplumado e as letras de ouro; o galo que canta a hora; os rastros de passagem da esperança; o  condenado sem perdão; esse resto de corpo humano deformado; os protestos nunca mais ouvidos; velhos papéis mofados; antigas notícias policiais e administrativas publicadas nos jornais; ratos; os filhos da pobreza industrializada; legiões de crianças assustadas; olhos tristes e esbugalhados; a castidade e o tesouro; o anel de formatura; mulheres vistosas e carros de luxo; a música norte-americana; as canções dolentes de Latinoamérica; andrajos e roupas de primeira classe; palavras vãs; todos os amanhãs, o trapezista fulgurante do circo; a grande tenda armada; a mulher apaixonada; o colega de escola que ficou para trás; as altas horas da madrugada; os sonhos irrealizados; a luta armada; a homenagem à vida; a mãe solteira e os filhos sem pai; a solidão feroz e inconsequente; a falta de explicação; a menina-moça presa em flagrante; o menino violentado; o criminoso sem lei e a casa vazia; a terra devastada e o lixo que se acumula a falta de paciência e a  cadeia; o animal enjaulado e o pássaro que voa e canta; a sala de  espera no tribunal da desesperança; o tiro na madrugada e o transeunte desocupado; a mulher desejada e o sonho esmagado; a santa mãe sacrificada; os anseios frustrados e a desordem  generalizada; os gritos que ressoam dentro da noite e o olhar sisudo e indignado; o fio tênue e sutil e as feridas da vida; o líder sindical aclamado pelas massas e o negro escravizado e depois livre; o índio ressuscitado e o povo brasileiro espoliado e sempre enganado; os lindos olhos de Fidel Castro; o astronauta isolado e o planeta Terra solitário; a paixão desenfreada; o hino de derrota prematura, que ainda perdura e a extrema escuridão.

- Quanto vale uma confissão?

 

Maria José Limeira