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PLACE AUX POÈMES

LIVRE ZOOM

ZOOM PEY

Serge Pey (1950–)


Né le 6 juillet 1950 à Toulouse, Serge Pey est le fils d’une couturière occitane et d’un ouvrier du bâtiment, réfugié politique anarchiste de la guerre civile espagnole. Son enfance, marquée par l’exil et la résistance, a profondément influencé son engagement poétique et politique. Il fonde les revues Émeute (1975) puis Tribu (1981), et développe une poésie d’action, où l’écrit se prolonge par la performance, le rituel, et la marche.

Docteur en littérature contemporaine, il enseigne à l’université de Toulouse-Le Mirail et mène des actions poétiques dans le monde entier, du Mexique au Japon, en passant par les cimetières, les rues, et les centres d’art alternatif. Son œuvre, à la fois écrite et performée, explore les langues premières, les mémoires collectives, et les rituels de résistance. Il utilise des bâtons, des couteaux, des pierres, et même des tomates, comme supports ou instruments de sa poésie, qu’il qualifie de « poésie-action » ou de « poésie physique ».

Pey est aussi un héritier des avant-gardes (surréalisme, situationnisme, poésie sonore) et des traditions orales, des troubadours aux chamanes. Son travail, souvent comparé à celui d’Allen Ginsberg ou d’Antonin Artaud, se déploie dans des livres, des performances, des films, et des installations, toujours en quête d’un « nouveau rapport entre la vie et la littérature »fr.wikipedia.org+4.


Cinq poèmes


Poème pour un enfant au sujet de l’espérance La main qui ne presse plus avec joie une main amie laisse tomber l’amitié qu’elle contenait.


Quand je parle de tes poèmes à un imbécile 


Quand je parle de tes poèmes à un imbécile c’est comme si je pissais face au vent en voulant que le vent change de direction

Les imbéciles sont vraiment nombreux sur terre

Sûrement plus nombreux que les poèmes que tu écris

Un imbécile ne porte pas de montre mais décide de l’heure quand on parle de toi

Un imbécile peut diviser par zéro ton espérance

Un imbécile peut faire pleurer les oignons quand il parle de son suicide en affirmant qu’on l’assassine

Un imbécile feint d’ignorer la vérité en truquant une photo de la poésie Pour un imbécile mille exemples ne servent à rien


(babelio.com.)


Ma grand-mère disait 


Ma grand-mère disait

Un vrai poème ne s’écrit pas en vers quand il veut mettre le monde à l’envers

Ma grand-mère disait

Quand le ciel a le feu au cul cela s’appelle un coucher de soleil


(babelio.com).



Dialectique de la tour de Pise 


Ce que fut la guerre d’Algérie pour Franck Venaille, la guerre civile espagnole l’est pour Serge Pey : une leçon qu’il serait impossible de ne pas retenir. La société d’oppression de la marchandise totalitaire nous impose une manière de totalitarisme soft, sournoisement confortable. Mais le poème, lui, reste une allumeuse de mémoire, un coup de pied dans la fourmilière des certitudes. Il voyage dans les sonorités de plusieurs langues, l’espagnol, l’occitan, le basque, le latin, et l’anglais quand il mime le cut-up de Burroughs. L’oralité dégage une chaleur et en appelle toujours au corps. Quand il déclame les poèmes qu’il transcrit sur des bâtons, Pey a coutume de battre la cadence en tapant des pieds sur le sol


(magazine-spirale.com.)



Poème des quatre bâtons de la balance 


Un bâton pour le poids des mots

Un bâton pour le poids des silences

Un bâton pour le poids des cris

Un bâton pour le poids des chuchotements

La balance oscille entre ce qui se dit et ce qui se tait entre ce qui s’écrit et ce qui s’efface entre ce qui se performe et ce qui s’oublie

La balance n’est jamais en équilibre car le poème est un acte de déséquilibre permanent


(fr.wikipedia.org.)


Pour aller plus loin


Œuvres clés :

  • Ahuc ; Poèmes stratégiques 1985-2012 (Flammarion, 2012)
  • Mathématique générale de l’infini (Poésie/Gallimard, 2018)
  • Poèmes pour apprendre à lacer ses souliers (Le Castor Astral, 2022)
  • Nierika ou les mémoires du cinquième soleil (UNAM, 2012)

Thèmes :

  • La poésie comme acte de résistance
  • L’oralité et la performance comme extensions du poème
  • La mémoire des luttes (guerre d’Espagne, mouvements révolutionnaires)
  • Le dialogue entre les langues et les cultures

Style :

  • Poésie-action : le poème sort du livre pour investir l’espace public.
  • Rythme et corps : la diction est physique, scandée, parfois chamanique.
  • Objets-poèmes : bâtons, pierres, tomates deviennent supports ou acteurs du poème.