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PLACE AUX POÈMES

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ZOOM RÉDA

Jacques Réda (1929–2024)


Né le 24 janvier 1929 à Lunéville, mort le 30 septembre 2024 à Hyères, Jacques Réda fut poète, éditeur, chroniqueur de jazz, et inventeur du vers de quatorze syllabes, qu’il voulait lu à haute voix. Son œuvre, abondante et variée, se caractérise par une attention aux détails du quotidien, une prédilection pour la déambulation urbaine, et une sensibilité musicale nourrie par le jazz.

Il refusait les avant-gardes et les modes, préférant une poésie ancrée dans le réel, mais traversée de fulgurances métaphysiques. Ses thèmes : la marche, les transports, les gares, les saisons, et cette idée que la nature brute n’existe pas, car nous y sommes toujours.


Jacques Réda est le marcheur infatigable qui a transformé le bitume et les terrains vagues en une scène métaphysique où la musique du hasard bat la mesure. Il a passé sa vie à déambuler pour recueillir les détails les plus infimes du quotidien, refusant les carcans des modes pour ancrer sa poésie dans le réel brut des gares, des jardins sous la pluie et des banlieues silencieuses. Inventeur d'un vers de quatorze syllabes destiné à être porté par le souffle humain, il concevait l'écriture comme une improvisation de jazz, un art de l'instant qui dure et qui hésite avant de s'envoler. Il est le poète de l'approche incessante de l'étendue, celui qui ne cherche rien mais qui marche pour retrouver, dans la poussière des siècles ou le goût des mirabelles, l'enfance comme un pays où l'on revient toujours par le simple usage de ses pieds.



Cinq Textes Significatifs


Alors, 

`Celle qui marche à pas légers derrière chaque haie 

S’approche ; elle est l’approche incessante de l’étendue, 

Et sa douceur va nous saisir. 

Mais nous pouvons attendre, 

Ici, dans la clarté qui déjà nous unit, enveloppés 

De notre vie ainsi que d’une éblouissante fourrure.



J’entends rôder par les jardins la population de la pluie. 

Ces pieds nus infiniment doux qui semblent revenir 

D’un pays oublié, passent en moi comme à travers 

Le feuillage tout neuf d’un vieil arbuste, 

Lilas ou cytise enfin redéplié sous le ciel gris 

De la cour qui s’enfonce avec la tourterelle 

Au fond d’autrefois sous la pluie.


Le jazz, c’est l’art de l’instant qui dure, de la note qui hésite et puis s’envole. 

On y marche comme on y joue : en équilibre sur le fil du temps, sans filet.


Paris n’est pas une ville, c’est un monde où l’on se perd 

Pour mieux se retrouver, entre deux ombres, deux reflets, 

Deux pas dans la poussière des siècles. 


Je ne cherche rien, je marche.

L’enfance est un pays où l’on revient toujours, 

Non pas en rêve, mais en marchant simplement 

Vers l’arbre qui porte encore, malgré les ans, 

Le goût des mirabelles et des jours sans fin.




Pour aller plus loin 

Œuvres clés : Amen, Retour au calme, Les Ruines de Paris, L’Improviste.