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Thomas Jérôme Fortin
Dans le grand aréna, il la regarde rire et comprend la fragilité de toutes choses. Ils ont enlevé leurs mitaines et se tiennent par la main pendant qu’on coure après la rondelle sur la patinoire en contrebas. Le monde lui apparaît comme un objet fragile, en verre, qu’on doit envelopper dans une couverture avant de le mettre dans son pack-sac. Le défenseur plaque brutalement l’attaquant sur la bande; une bagarre générale éclate sur la glace, au grand plaisir des quelques spectateurs disséminés dans les gradins. Ça serait génial, pense Thomas, si la vie était comme un magnétoscope, une cassette vidéo qu’on peut mettre sur pause, rejouer et rembobiner à volonté.
À propos
Commenataire de Jean-Michel Maubert
A peine ai-je lu les premières pages de "Thomas" de Jerome Fortin qu'opère sur moi, lecteur ayant aimé profondément "Danse moderne" (des poèmes et fragments rudes et éblouissants, crus parfois, à la tonalité Beckettienne) et "Radio boulevard"(fascinant roman fragmenté / polyphonique), la profonde magie d'une écriture extrêmement singulière, qui sonde et évoque les êtres en quelques traits subtils et mordants, façonnant par les mots des silhouettes humaines humbles et intenses, et qui aussi dessine avec justesse les contours saillants des villes, objets et paysages, ou encore se laisse traverser de furtives présences animales... Le regard poétique et décalé qu'à l'auteur sur le monde s'incarne, sans perte aucune semble-t-il, dans une écriture constamment inventive, électrisée par un humour atmosphérique de haute précision. D'une élégance renversante.
L'auteur(e)
Canadien exilé en France pour fuir le froid polaire, Jérôme Fortin est notre bien-aimé directeur des Éditions LPB et évidemment un membre phare de la revue, qui publie chez LPB : "Danse moderne", "Radio boulevard" et "Thomas".
Il a étudié un peu la littérature, puis (beaucoup) la science.