Le dépôt
premiers textes
il ne croit pas aux secrets, aux mondes cachés, quelle foutaise, s'emporte-t-il devant une femme voilée dans la rue, tout est clair comme de l'eau de roche
il y a tant de femmes dans sa tête, une foule de femmes et, regrette-t-il, elles s'en iront soudain, elles s'évanouiront à jamais un soir d'été dans une allée du parc
il au
rait voulu haïr, il aurait voulu lui aussi déchirer le ciel, il fait en vain quelques efforts un jour dans la rue, il regarde les passants, et puis il renonce
ce mon
de est un refus, dit-il à un ami, même les religions, les philosophies sont des refus, et de plus la terre s'en va, elle nous quitte, elle en a assez de nous
il sait
qu'il ne faut jamais dire un mot sur les femmes, aujourd'hui encore moins que jamais, dit-il à un ami, même toi, sans doute, tu ne le supporterais pas
on ne lu
i pardonnera jamais de ne pas écrire des litanies sur sa mère, sur son père, de ne rien dire de lui, rappelle-t-il à un ami, c'est plus qu'un outrage
il sort deh
ors par un matin d'hiver, il fait des pas sur la neige, il entend le son d'un violon, il sent une odeur de résine, tout ne fut donc que quelques mots
il a peur q
uand les paons font la roue, c'est peut-être, se dit-il, la peur de voir tous les yeux merveilleux d'Argos, les yeux qui verront encore tant de crimes
Extrait du recueil 'Avant le grand voyage'