Gégé dut l’arrêter.

- La démonstration est irréfutable. D’un côté le flou, la disparition des frontières idéologiques, le long terme… De l’autre le martèlement des thèmes, la précision démagogique mais terriblement efficace, les recettes miracle… Nous avons tous ce besoin irrépressible d’agir sur le monde, de le transcender. De penser que notre simple poids peut fléchir la destinée commune. Il est facile de transformer cette quête humaine en termes de gagne, de guerre, de désigner des adversaires, les inventer à l’occasion… Leur force actuelle est d’incarner une mutation rapide, de proposer un dérivatif au désespoir. On ne comprend pas l’illusion fasciste si on perd de vue que c’est, aussi, une mystique. Et cela, ça marche tout autant sur les paumés de banlieue que sur les profs de fac.

Le Poulpe, Didier DAENINCKX, Nazis dans le métro, Éditions Baleine, 1997.

Dérivatif au désespoir – Bingo macabre

La pensée unique de se lever pour reconduire, se masquer dans la quotidienneté, l’ordre établi

survient

comme la haine et l’horreur de se rendre toujours humain

plus lâche que la veille, angoissé face au

décès

I

ennuyeux

Retour infini

V

massacre

E

meurtre

Trouble aveugle

D

même

mélancolique

décès I ennuyeux Retour infini V massacre

Trouble aveugle

D

E

C’est vrai qu’il faut se détendre

S’abîmer

quitter des yeux ce vertige divin

de se savoir si ridicule face à l’ordre établi.

Et recommencer tous les jours

Se lever

Le regard lourd

Le corps plombé dans un feutre de plumes de canard

Penser à quoi

à quoi manger

tous les jours

à quoi

et trois fois

retomber

Et puis plus

l’estomac v

les mains i

le compte d

la tête

Juste oublier.