La
page
blanche

Le dépôt

AUTEUR-E-S - Index I

42 - Valery Oisteanu

Ici, là, nulle part / suite - extraits

Les traductions de G&J sont faites à l'aide de l'IA du traducteur DeepL , outil efficace recommandé pour son intelligence de conception, facilitant la communication c'est à dire la compréhension par-delà les les différences.



Six Poèmes extraits du recueil "Ici, là, nulle part" de Valery Oisteanu

(traductions de G&J)



Air asphyxiant

Anti-poème


 Une poétique anarchie jaillit des cheminées

La gravité cesse de retenir les pierres tombales

Elles flottent au-dessus de la chapelle

Soudain les fantômes portent des talons hauts


 Les séances de rêve sont reportées post-mortem

Le temps se fige jusqu'à la fin des temps

Même les arbres se retrouvent à l'envers

De nulle part surgissent dans l'air des traces de pas


 Leur voix couine et crépite presque comme

Si les morts se parlaient face à face

Des yeux furieux pleurent des embruns salés

Les sabots n'ont pas de son


 Les tombes n'ont pas d'inscriptions

Le firmament angoissé est privé de ciel

L'anti-poème s'élève

Du fond de la boue des étoiles



Asphyxiating Air

Anti-Poem

 

The anarchy of poetry billowing out of chimneys

Gravity stopped holding the graveyard stones

They are floating above the chapel

Suddenly the ghosts are wearing high heels.

 

Classes of dreaming are postponed post-mortem.

The time stands still until the end of time.

Even the trees are turning upside down.

The footprints appear out of nowhere in the air.

 

The language pines and crackles almost like

The dead were talking to each other face to face.

Furious eyes watering with salty spray

The hooves have no sound.

 

The graves have no markings

The anguished sky is skyless

The anti-poem rises

From the bottom of sludge of stars


 

On ne dort pas dans le cottage de la crique


C'est l'anniversaire de John Cage

C'est aussi l'anniversaire de Sylvie Diguez

Son anniversaire au paradis

Deux amants rangés dans un placard lumineux au bout du couloir.


Il y a aussi un voyeur au-dessus d'eux

Ils sont muets, mais le langage corporel crie haut et fort

Un bel ange voyage depuis l'espace

Yeux bleus, longues jambes


Elle savait comment ramener les morts

Elle ne respire pas

Elle regarde juste sous les coquelicots

Les soldats de l’échiquier défilent dans la cuisine du Savoy


Cela n'a aucun sens

Dans la boîte, hors de la boîte

Qui peut les arrêter ?

Un ange noir, des chevaux noirs


Le mouton noir et le rêve

Continuez à dessiner, continuez à inventer

Faites un tour en hélicoptère et

Répandez de la beuh dans tout le Vatican


Un guitariste fait vibrer ses cordes dans un piano

L'amant se déplace à l'unisson pour entrer dans le monde des rêves

S'ouvre la porte dorée et les soldats de l’échiquier

continuent de marcher vers le triple crépuscule.




 

There Is No Sleep in the Creek Cottage

 

It’s John Cage’s birthday

It’s also the B-Day of Sylvie Diguez

Her birthday in heaven

Lovers boxed in a light closet down the corridor.

 

But there is also a voyeur above them

They are mute, but body language is shouting loud and clear

A beautiful angel’s traveling from outer space

Blue eyes, long legs.

 

She knew how to bring back the dead

She’s not breathing

Just looking from under the poppy flowers

The chess soldiers are marching through Savoy’s kitchen

 

It makes no sense

In the box, out of the box

Who can stop them?

A black angel, black horses.

 

Black sheep and the dream

Keep drawing, keep inventing

Take a helicopter ride and

Spread gangia all over the Vatican

 

A guitarist blasting his strings under a piano

The lover moves accordingly entering the dreamworld.

Un-golden gate opens and chess soldiers

Keep on marching toward triple sunset.

 



Demain est encore aujourd'hui


Hier a été déchiré, le tout parti en lambeaux

Rues, bruits fiévreux à travers les murs

Chambres pleines de chagrins sans issues

Portes sans espace pour entrer décemment

Encore en attente de ce tout passé et manqué

Épaule gauche exactement là où ça fait mal

Pied droit exactement là où il était avant

Pas de tête, pas de cou, juste un corps et un cœur

Qui ne peut répondre à aucune question

Penser à eux dans leur solitude

Mur de verre à la trompeuse duplicité

Galvaniser la lucidité comme issue

Ni chair ni trouble cérébral

Un humain sans tête n'est qu'un sombre déchet

Célèbre aujourd'hui, fané & oublié demain.



 Tomorrow is still Today


 Yesterday was torn apart, all in shreds

Streets feverish noises breaking through walls

Rooms full of sorrows without windows

Doors without spaces to adequately enter

Still waiting for all things past & missed

Left shoulder right where it hurts

Right foot exactly where was left before

No head, no neck, just a body and a heart

Those seems to be alright alternating

Impulsive development of non-self

Who cannot answer to any questions

Thinking about them in ones loneliness

Glassy wall to wall deceit of reflection

Galvanizing lucidity as a conclusion

Without substance or cerebral consternation

Human without a head is but a somber waste

Famous now, faded & forgotten tomorrow.



Pas besoin de titre


Bienvenue au terme de la pensée

là où les roches sont réduites en poussière

les branches en humus       les cascades en fange et en boue 

qui sent l'épuisement

Ici les grottes des esprits ancestraux      multiplient les ombres 

les oiseaux se nourrissent d'autres oiseaux 

somnambules sur des chemins luisants

au-dessus des cimes des arbres des coupoles et des toits cachés

Nulle part où se tapir nulle part où fuir

aucun alentour pour mourir

Quelqu'un clarifie ainsi le concept de solitude :

inexprimée, taciturne, inaperçue... terminale.

 



No Title Needed

 

Welcome to the end of the mind,

where rocks turn into dust,

branches into mulch,

waterfalls into mud and muck

with the smell of exhaustion.

Here where the caves of ancestral ghosts

Multiply shadows, 

birds feed on other birds

sleepwalking over shimmering paths

over treetops, over cupolas

and mysterious rooftops.

No place to hide, no place to run,

no place to die.

Somebody clarifies the notion of loneliness

unfenced, untalkative, unnoticed… terminal.



Haïkus de Bucarest



 Bucarest la nuit

boulevards pistes de course

voitures italiennes


 Derniers fêtards feux d'artifice

éveillés pensant à la guerre

abri anti-bombes


 Livraison de nourriture motard

Impossible de trouver

Jardin la nuit


 Le silence est plus puissant

quand brûlent feux d'artifice

 peignant l’infini


créant des étincelles

pour éclairer l'avenir

 Serpents échappés de ma tête


remplissant un peu le vide


 Fantôme en colère

qui écrivait des haïkus la nuit

étant très seul



Valery Oisteanu

Extrait de Ici, là, nulle part

Trad. G&J



Bucharest Haikus


Bucharest by night

boulevards racing tracks

Italian cars


Late revelers fireworks,

awake thinking war

bomb-shelter


Food delivery biker

Couldn’t find the

Garden at night


Silence more powerful

when the fires sparks

burn down


painting the infinity

created the sparks

to light the future


Snakes escaped

from my head

filling a bit empty


Angry ghost

that wrote haiku at night

was very lonely



Amour réticente


En remontant le long de la rive du sexe

à la fois exaltante et dangereuse

en touchant le dos de tes épaules

des cascades hormonales entre tes jambes

tes étangs débordant de passions rouges


La nuit se tord la lune se bloque le clocher de l'église

reculant étape par étape la lumière du jour


Personne ne la distingue à travers les vitres givrées

flottant librement dans un brouillard d'excitation

La sensation peau contre peau transcendant d'humides perceptions


De la sueur sur de la sueur, l'amour solitaire chante des improvisations

ces chants d'amour restent suspendus en l'air

Personne ne renonce à ses fantasmes personne n'enregistre ses rêves salés


Rendez-vous au Paradise Garage pour un petit coup vite fait

cartes sur table, mon amour réticente

les farceurs se font des clins d'œil suggestifs

J'ai oublié l'emplacement de ton point G


Pharmacologie du désir champignons microdosés

pour une méga rencontre sexuelle

Le véritable désir résonne encore dans les grottes sombres.



Reluctant Lover


Traveling up the sex riverbank,

dangerous and exhilarating at the same time,

touching your shoulders from behind,

with sexual waterfalls between your legs.

Overwhelming pools of red passion.

At night the moon is crooked,

the church steeple moves backwards,

step by step blocking the penetrating light.


No one can see through frosted windows

free-floating on a haze of excitement.

The feeling of skin on skin

overflows the wet sensations.


Sweat on sweat, the lonely lover chanting improvisations;

these love chants remain suspended in the air.

No one is giving up their fantasies;

no one records their salty dreams.


Meeting at the Paradise Garage for a quickie,

cards on the table, my reluctant lover,

the jokers wink suggestively to each other.

I forgot the location of your G-spot.


Desire pharma,

mushroom micro-dosing

for a macro sex encounter:

True desire still echoes in dark caves.