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Le dépôt

AUTEUR-E-S - Index I

78 - Laurence Lagrange

suite de modimages

31) Merci


clarté 

       dérision 

       possession

       possédée 

       transition

       résurrection 

       mots

       écrits 

       écriture 

       rayures

       aimer

       sentir

       oublier

            merci


LauLag7425

(Merci à Nicolas Arthur Rosenblue Pinet pour son oeuvre)



30) Tu peux toujours rêver...



j'ai trop manqué 

   de l'homme-femme

       de l'homme-fleur

   le manque béant 

   la balle qui éclate 

et le sans-amour

   et le sang-toujours

   vivre pour ne pas vivre


   mes cendres sont ton calice

   le lys noir est de trop

   rose rose rosa 

   mon gouffre


   mes entrailles en absence

   je t'aime jusqu'au nuage

   peter pan inachevée 

   course perdue d'avance

   je vis de toi

   rêver rêver 


LauLag4425




29) 🐟🐟🐟🐟🐟🐟🐟🐟🐟



un poisson nommé Avril

     né le premier   début de rang

     sardine en boîte   à l'huile des livres

     thon blanc   plus timide il rougit

     anchois  rien n'est bien grave

     sole  la si do  monte en gamme

     raie  des cheveux  ou plus osée 

     on l'aime de quart thon 

     accroché au dos  de saumon

     j'arrête 

          je file et  c'est assez


LauLag 1425 🐟






28) Modimages



Des modimages, des modimages...j'avais inventé ce mot. Mal m'en a pris me voilà prisonnière de mon imaginaire. Retour en arrière, très très en arrière, on avait dit à Nanie, quelque soit le sujet elle peut écrire sur tout. Au fond des circonvolutions de ma petite cervelle ces mots résonnent encore. La sentence est là : plus mon imagination sera nourrie plus je remplirai des pages et des pages...C'est une chance dit Nanie. C'est épuisant, oui ! Et puis on m'attend au tournant, peut mieux faire, manque de confiance en elle, sûrement dû à un traumatisme de l'enfance...et patati et patates sautées ! Et ces mots dits modimages... je n'ai trouvé aucun vaccin, aucune potion magique pour me soulager... une seule solution mettre un peu d'amour dans le maudit pour ne garder que le mot dit. Nanie acquiesce.


LauLag23325

(Peinture de Cassigneul)


27) Avenir


il fallait bien se décider   l'appel des sirènes 

  pas pour maintenant   il marchait devant moi


  un mot inscrit sur le dos    de son pardessus crasseux

  aurais-je autant d'années à dépenser 

  impossible de m'en approcher 


  le dos était courbé      fatigué du temps

  d'histoires impénétrables      et ce mot qui se détachait 


  ses vieilles godasses     ne le portaient plus

  mais le pas était assuré 

  peut-etre connaissait-il le chemin 


  je semblais tellement indécise    j'aurais voulu lui prendre la main     

lui donner un peu de mon présent 

  et ce mot fantôme ectoplasme


  bien plus tard j'ai pu lire

       avenir


LauLag20325



26) Impression furtive

sur ta peau sucrée 

        fleurs de cerisier

        vent de printemps 


LauLag12325


25) La veuve en blanc





La veuve en blanc traverse les âges 


elle marche sur la mer  la mer du Nord    qui secoue les morts


elle souffle des violettes     sur la délicatesse    des dentelles 


       l'homme parasol


       la femme ombrelle


               l'homme aime les violettes

               la veuve n'aime plus le blanc


LauLag5325

( tableau de René Magritte)





24) Mon flamboyant.






Merci à mon ami Michel Giliberti


J'étais comme happée 

    C'est ainsi

    Aucune explication possible 

    

 Mon flamboyant

    Je rêve 

    Reste ainsi

    Accoudé à mon cœur

    Tes cheveux bientôt 

    Entre mes doigts ma bouche


    Flamboyant tourbillon

    De mes folles amours


 Je peins et repeins

    Pour te garder plus longtemps

    Sur la rétine 

    De mes yeux amoureux 


LauLag 20225


23) L'absence


Combien de visages ont défilé 

Combien de soupirs ont alourdi l'atmosphère 

La vérité n'est pas présente à chaque pas

Chacun rabougri dans son silence

Les arbres eux aussi plein de lourdeur

Posent leurs ombres sur les pierres

Des mauvaises herbes audacieuses

Délimitent les allées étroites caillouteuses 

On marche

Sans savoir où s'arrêter 

Le regard plaqué sur ses chaussures

Le soleil reste glacial un peu prétentieux

Des paroles monocordes 

Des fleurs qui tentent de s'exprimer

Le précipice 

L'obscurité 

L'absence 



22) Le temps m'épouse


les bulles du temps   présent 

  s'immiscent   dans mes veines

  dans chaque pore  de ma peau


  le temps tangue  contre mon corps

  abandonné   refusant tout effort

  toute contrainte  inutile et futile


        le bon moment  n'existe plus

   il me faut en inventer d'autres

              plus légers 


        aujourd'hui   le vent me parle

    poussant plus loin   la tourmente

               de poussières incongrues


            les heures s'épuisent 

            le temps m'épouse


LauLag10125

(Photo perso)






21) Sans titre

image Pinterest


vide 


arche     divine


absence


matière    impalpable


trou


sous      terrain


invisibilité


macabre   démembré 


sang


noir        futur


terre


cendres    élévation   mécanique 


LauLag7225




20) Femme au noeud rouge


Formel Spányik 


la femme au nœud rouge comme chaque dernier jour de décembre attendait. Sous le grand châtaignier ses espoirs restaient intacts comme ses souvenirs accrochés au ruban de satin. La femme au nœud rouge observait le chemin puis ses yeux revenaient sur l'écorce de l'arbre. Combien de mois, de saisons dans l'enfer de l'attente… Le châtaignier s'était couvert tant de fois de feuilles tendres puis vigoureuses. Le chemin semblait sans fin. Désormais elle savait.  La femme au ruban rouge caressait son ventre arrondi plein de la vie de l' inconnu qui aimait ce ruban de satin rouge tandis qu'il défaisait le noeud.



19) Erreur de miroir


la flèche n'aura pas de cible


pas de corps pas de chair pas de proie


              où est le but

    final ou momentané 

 une goutte de sang aussi verte

                 que ma plume d'écriture 


les mots verts-noirs dissimulés 

            espions d'une vérité 

         plus noire qu'un vert-espoir


            la cible est trouble

            mes yeux me mentent


un sifflement à mon oreille

                       éclate ma réalité  

erreur de miroir


LauLag22125



18) Reste d'un été amoureux

un hiver pas comme les autres

un hiver d'année impaire


    le froid comme une pause 

    des brûlures d'un été fugace 

        je t'aime mon saule

je t'aime d'amour

à faire pleurer   la souplesse de tes branches 

     

    ma terre reçoit comme une bénédiction 

           la cime de ta ramure inversée 

           je t'offre mes pluies de vie

     

       le froid de mon vent du nord

       celui qui te fait courber l'écorce

              grâce d'une étoile 


          et d'une révérence finale

             je dépose du givre

          sur tes trois dernières feuilles 

              reste d'un été amoureux


LauLag20125

( réponse à une photo de Christian Barataud )



17) Le dépouillement du noir

or noir  à l'orée du noir

la ténèbre fulgurante   crache sa haine

acidité des propos


   rouge et lèvres carmin

                 fuyant aux commissures 

   de paroles translucides 


quelques prières  spasmodiées 

se heurtent  aux cierges fumants

vieille odeur d'encens


    l'odeur de la mort   incompréhensible 

                   souffle ses derniers assauts


           alors tout s'éclaire 

           le dépouillement du noir


LauLag18125

(Illustration Gustav Klimt)


16)  Sur les fleurs du grand tilleul


tu es la fleur inconnue 


  celle qui a fait battre mon cœur


    nul pétale au parfum du jasmin

    celui des agrumes du sud

    et lait maternel


j'ai nagé dans ton eau

  au delà du raisonnable 


qu'importe   tu me laisses 

c'est le jour   de ma naissance

     

           il fait si froid en janvier


   ta main   dernière caresse  consolation


   mots inutiles            nous savions 

              les secrets

              nos   vies 


           tu marches encore

           sur les fleurs du grand tilleul

              rue Henri Teulière


LauLag 12125



15) La mort Gagnante


Photo de Jean-Michel Archaimbault



l'enfer s'écoule de ta bouche

sang rouge  noir de mort

    même pas peur


   qui es-tu pour m'imposer ta loi

            sans foi

            fossoyeur 


   regarde-moi    en face   lâche 


         lorsque tu auras dégueulé 

              tes tripes    misérable 

 ne te retourne jamais


              je serai là 

           et de mes dents

          j'arracherai ta haine



14) Auteur anonyme




auteur anonyme


13) Contretemps



peinture d'Annie Christie


CONTRETEMPS



Contretemps    arrêt sur image

je remonte le temps     sans compter   un décompte irréaliste 

les vieilles pierres marquées    signatures de maçons 

aux transmissions orales    du savoir-faire des justes


Le ciel de voûte m’appelle     l'atmosphère lourde de silence

lance des chants liturgiques


Ma confiance s’envole     l'humilité m’envahit

absorbée par la rosace     sa lumière divine m'apaise


Le vitrail devient esprit divin

         guide des mortels






12) La petite fille rouge


Eugenio Cuttica


La petite fille rouge sur la chaise rouge attendait.

La petite fille rouge sur la chaise rouge attendait son oiseau préféré. La maman de la petite fille rouge sur la chaise rouge lui disait d'être patiente, d'ouvrir son petit cœur rouge. La petite fille rouge sur la chaise rouge défit le ruban de satin rouge de sa natte délicate. Puis le jeta au ciel.

Un rouge-gorge se posa sur l'épaule de la petite fille rouge sur la chaise rouge.

Et curieusement ses yeux étaient bleu-bonheur.


LauLag191224


11) Auteur inconnu



auteur inconnu


Le rire proche des larmes quand le coeur hésite sur le fil du rasoir d’une histoire amère trébuchant sur les injures de ceux qui ont oublié de douter avant de juger .


La gorge nouée par l’infâme un rire comme une pirouette avant de vomir des larmes en une dignité exigée.


Chaque homme a son odeur de pantin d'un dieu ou d'un diable de rires ou de larmes.


10) Histoire furtive


Auteur inconnu


Le temps avait changé en ce début de mai.

D'ailleurs je ne savais plus quelle saison nous étions, excepté la douceur du soleil dès neuf heures. Il m'avait fixé un rendez-vous le midi près du lac du bois de Vincennes. Le hasard existe-t-il ?

J'étais née dans la maternité qui donnait sur ce petit lac. Grandissant, ma grand-mère m'achetait une glace ou une gauffre suivant la saison dans un petit chalet en bois. Je vois encore les moulins en plastique multicolore au bout d'une baguette de bois qui tournaient au moindre coup de vent. Les ballons aux mêmes couleurs primaires tenus par un élastique à une petite raquette. Et l'odeur du sucre de la barbe à papa...mais je m'égare.

Comme quoi un amour naissant appuie sur la touche doux souvenirs. Une bouffée incomparable de bonheur me lécha jusqu'aux os. Pourtant son regard de charbon était terrifiant. Il y avait des loups dans le bois de Vincennes.


LauLag231124


9) De la beauté du monde




De la beauté du monde

Buvant sa lie   au plus profond


Je me souviens

Les fleurs   habillant la moindre parcelle

De ton corps amoureux


Me vient le lyrisme   creusé 

Dans mes désespérances 

Brûlantes du trop plein


Mon chemin de mousse et de rosée 

Entre tes doigts délicats

Mon magicien   de la tour


    Odeurs du monde

           Senteurs 

                  Sans terre de toi

                  S'enterrent en moi


LauLag221024

Merci à Dom Cop pour m'avoir prêté son œuvre 





8) Promenade


La promenade

Le mont usé des siècles 

Empreintes des hommes

Rejoindre le lac Saiko


Et dans ce silence des âges

Les anciens éclairent le chemin

Du jeune moine indécis 


Il reviendra au doux printemps 

S'éblouir des cerisiers

Aux fleurs légères et sensuelles


          Dans la sagesse et l'introspection 

          Seul le vent a la parole


LauLag11224


Merci à Christian Barataud pour sa provocation😉

Peinture de Tai Chin (1388-1462) Retour de promenade un soir de printemps.






7) Mystère



Estampe de Ikegana Yasunari







6) Il avait osé le costume turquoise



Tableau de Claude Liberman dit Claude Eloi






5) La pluie du jour



Photographie de Cédric Merland




dans le flou  de tes pleurs


jamais  je n'y vois


               la tristesse du passé 


mélancolie                       fugace 


              et désespérée 

              des corps abandonnés 


d'un orgasme décadent 


             d'une société  moraliste


  nous serons pour la pluie des temps

 

            deux pieds de nez à la mort






4) La plume



Photographie d'Yves llunga Madiondo .



la plume              sort de la nuit

        tapie dans l'ombre

carressante            hypnotique 


elle dessine            à l'encre pathétique             un bon soir


          un peu plus blanche


          que la nuit la plus noire






3 Goutte à goutte




quand tu auras tranché 

     au vif de la lame

       le tableau de ta vie


        entraîné par tes incertitudes

            aux créneaux de tes regrets

                ton âme effilochée


plonge dans les aquarelles de tes désirs 

              laisse couler les eaux bénies 

                    par ces dieux interdits


            le talent est dans ton sang

    

            goutte à goutte impérissable 





2) Adieu


Illustration de Monokobo



l'heure viendra

dans un ronronnement langoureux

de se dire

adieu




1) Tout va basculer



Peinture de Pierre Soulages




les lumières me plongent dans l'obscurité 


          candélabres macabres


          les corbeaux ont des dents


          parlent une langue étrangère 


espèce en voie d'apparition


      la terre ressemble à une triste valse

où les danseurs ne se regardent plus

      la musique silencieuse

                 hurle un vieux tempo


tout va basculer

dans quelle partie joue-t-on

     les dés ne sont pas jetés sur un tapis vert

ils tombent dans un verre rempli 

                   du vide de demain


je cherche une main

   tombe   une fois   deux fois


les corbeaux m'interrogent

je résiste 

   tombe


             c'est la dernière fois 


LauLag281124