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INDEX DES AUTEUR-E-S

17 - Maheva Hellwig

POÈMES

Amitiés et bons baisers

 

 

 

Le but était encore l’essentiel.

Non de le trouver, mais de la vivre.

Sans le croire, seulement savoir que c’était ça.

Le souvenir marchait, tour Eiffel miniature aux accents étrangers des déambulateurs qui les monnayaient.

En définitive ce n’était que cela l’essentiel.

 

J’avais envie de tout planter : des choux, des roses et des râteaux. Les expressions consacrées que je constatai avec mépris, mépris de la jeunesse, mépris atemporés, mépris intemporels : le consentement ne devait pas exister.

 

 

Expression lourde aux accents dogmatiques d’une vie désespérée qui ne veut pas se perdre et qui se cherche même. L’art de se compliquer la vie n’est qu’une mare qui pullule aux rythmes d’accents pédants. Dans  toute cette symphonie classique des ballets voiturant (klaxons et compagnie, du frottement d’un bic sur une feuille lorsque l’été sent frais, je me sentais lourdement seule.

 

Une autobiographie n’est le propos, bien que ce soit l’essentiel. Le ciel. Une vie parfaite de contemplation se nourrit elle-même dans l’attente/année de quelque chose d’extraordinaire qui nous fait dire : « j’ai vécu ». Ne serait-ce que par amour, s’entre-tuer.

 

Je cherche juste à saisir avec impatience ce dont je peux être coupable.

 

Est-ce qu’aider à se poser des questions c’est être humain ?

 

 

Faits

 

Théorie

 


AMITIE

 

 



Again. Never. Mort. (ANM)


 

A Bertrand, mon Marc qui nie



 

 

Note à moi-même, je suis ma propre secrétaire. Je tape.

 

Je ne faillirai jamais, I'll never get down down down.

 

Je le ferai, tout ce que j'ai à faire.

 

Serre mon poing, sermonne moi à moi-même en trip egg(s) ô triste.

 

J'ai dit ce que j'avais à dire.

 

Si maintenant le silence veut s'emparer de moi.

 

Je n'ai pas le recul nécessaire.

 

Tout est une question de point de vue. Comme dirait l'autre.

 

Aujourd'hui, il pleut. Aujourd'hui il pleure en moi. J'ai mes tempêtes en dedans de moi. Mais alors comment fait-on quand il y a de l'orage dehors ? Qu suis-je en dedans ? Mis à part ma propre catharsis. L'hypokhâgne a cela de bien qu'elle s'arrête pour que l'on puisse vivre. J'ai connu deux morts. Mais, petit chat, j'ai plusieurs viess. Peut-être aujourd'hui est-ce la dernière parce que je m'use encore et le temps m'abîme. Le lyrisme est mort, lui. Pas moi.

 

Les titres sont de belles choses. Mais j'ai décidé d'être honnête. Je commence à avoir peur de la mort. C'est sain. On (en) perd ses verres, mais plus personne n'y croit encore. On veut triompher de la mort pour ne pas vaincre la vie. On se met des oeillères en oeillades effilochées pour ne pas voir le vrai, le beau, le bien. Parce que c'est moche. On se contredit et on s'en fout. On veut juste dire, de crainte d'être écouté. Mais qui est-on ?

 

Je ne suis pas on. Je ne suis personne, je ne signifie que ma propre existence, pur point de vue sur le monde qui ne vaut peut-être pas le coup d'être plébicité.

 

Oui, madame. Oui, monsieur. Oui mes demoiselles.

Dubois

de

Meudon

Héron, iront

 

Mais moi, au moins, j'ai aimé. J'ai manié les silences dans la houle de mes vies. Et ça je peux en parler, puisque je ne parle que de ce que je connais. J'ai aimé. J'aime. J'aimerai toujours, jusqu'à ce que la mort me sépare.

 

 

Un jour viendra.






A verse dans le métro


 

 

Bleu partout de cette chemise rayée qui

Rayonne dans le met trop plein de dés colores

[et les pigments teints d’un soleil tamisé]

 

Par voitures filtrées, ces voitures coulant

Fleuve d’un autre temps aux accents d’Orient

Rien pour les ménager, contorsionnistes s’entassent

 

Rien pour les divertir. Funambules qui passent

 

Sur les reflets duveteux de lignes droites et agressives

Mousse qui louche sur le soleil. Equarrit d’un fil délicat, ourlé de fumée. Nu.

 

 

 

Je sens encore ces pupilles félines dévisageant la larve y ont-elles un intérêt ?

 

 

Le bond, saut grenu du félin s’interpose, fu (t-il) une bulle opaque de ce

Bleu

Blanc

 

 

Tacheté. Saleté. Pleut-il ?





 


Ecrit dans le métro sur un papier de bar (8,75x10,50 cm)

 

 

 

Main ridée et rat chichis

Sans tiques, une paume

Voilée striée

De bleu sanguin

Oranges.

Pas nié, presque haut rangé dans

un entrechat suggéré

Lentes heures qui s’écoulent

Roulent en pas n’amassant

pas mousse tandis que

la salade gravit

un entre deux vertigineux.







muse et cale

 

 

Des chants résonnaient en son for intérieur comme un vague oiseau marin se serait posé sur une plage chancelante de galets. Remonter le cours de ses souvenirs comme ceux de la Scène avant, lui, d’aller le voir. Luit sans partie car le ver de ses pensée se confondait maintenant aux reflets de l’onde de la foule.

 

Une ola juste pour elle, ovation que lui rendaient les fines gouttelettes qui constituaient le torrent.

 

 

 

*P(l)age de pose. Descriptive uniquement dans son for intérieur (on y revenait toujours). L’exercice quotidien était de se remémorer la sensation qu’elle avait eue en touchant Pierre. *

 

La première fois. Pour de vrai. C’était avec un arc. Rien de drôle en ceci car c’était plus réel dans son monde informatisé. Formaté. Bloquée par un touriste qui s’était noyé.

 

Quoi d'neuf en ressassant le passé ?

.

 

.

 

 

toujours les mêmes rengaines annonées : il faut avoir de l’argent, c’était mieux de mon temps, et caetera à la terrasse d’un café vide. Vidé de sens puisque clos. Dans sa tête repassait clairement le concert. Ses membres n’en finissaient pas de vibrer au son de cette musique brute, fière et désaccordée par inadvertance.

 

 

Ses murs et son comptoir, tête sonnante et trébuchante, avaient comme englouti l’énergie insondable des accords maladroits d’une jeunesse intrépide.

 

 

Au fond, à côté des piles de serviettes et de fourchettes, jouxtaient les amplis un vieux guéridon branlant épuisé de couleurs criardes et de slogans racoleurs, écrits en majuscules, eux-mêmes vêtus de couleurs saturées, au son des amplis, de flyers.






Le bateau sans queue



«Il[Dieu]ne nous rend jamais plus heureux que

lorsqu’il nous laisse aller droit devant nous

dans l’ivresse d’une aimable illusion »

Goethe, Les souffrances du jeune Werther p.175

 

La musique débutait, toujours la même ; de lin vêtue, vélin têtu, c’était ce velcro qui se déchirait sans fin. Au coin d’un slow. Entêtant. Terrée dans un coin de coussins crasseux elle écoutait la liberté braillée par des tziganes aux guitares folles. Puis rien. Dans un coin de tête, une lueur passait dans les yeux de ce garçon au visage de pantin comme déformé par une terreur inconsciente.

Ils étaient laids dans cette pièce aux figures mal éclairées, pour ainsi dire saumâtres.

Ils riaient jaune.

Une valse des bris de vie, de verres irisés à l’amande d’un alcool sicilien trop sucré.

La chambre, un bateau disait-il, hurlant très fort, faisant fuir le chat et bondir son père qui regardait le salon de sa journée.

Un génie avorté et des vies remplies qui n’aboutissaient nulle part.

 

De dix en dix de dés scissions.

 

Pour lui, tout avait une signification et il devait le transmettre à elle, le dire le crier trop fort pour faire gueuler les voisins pour leur faire voir Qui il était

Ce bateau

Cette Corse

Ce piano

Ce trop de tout qu’il avait amassé, dont il avait disposé. C’était ça, dans la vie, il y a ceux qui construisent et d’autres qui disposent. Disposez !

Il envoyait en l’air tantôt les gonzesses, tantôt les conventions, tantôt les règles, tantôt les politiques. Il parlait comme quelqu’un d’éclairé sans trop savoir comment. Non pas qu’il fût bête, mais d’une acuité rare théoricien de l’expérience.

Ce soir, ils étaient allés au Truskell rencontré du monde entrés grâce à des gens parlé au DJ.

J’étais toujours dans mon salon à regarder la vie du monde extérieur défiler.

Phoenix de Sailor et Lula s’exhibaient sur la piste où deux couples dansaient un rock’n’roll endiablé. Du rock punk des années 70-80. Elle s’était fait dragué par des types, lui rigolait et se faisait draguer par des types. Glissait sur les parois de glace une solidité amère.

 

-    TU ENTENDS ÇA ? Ça c’est les paroles de la douleur !

 

Le petit diablotin s’agite dans tous les sens, les yeux exorbités. Hin, hin, ses mâchoires grincent.

 

-    TU ENTENDS ÇA ? Ça c’est ma mâchoire brisée par la folie humaine !

 

Les cheveux noirs embrouillés, la bouche se tort en un disgracieux rictus glacé. Sblam, la guitare s’abat d’un coup sec emportant la moitié de la table, égouttant son pauvre contenu sur les lattes graisseuses du plancher.

 

 

 

 

 

 

-    TU ENTENDS ÇA ? Ça c’est juste… un bout de bois !

Le tintement de la troisième bouteille d’un liquide presque jaune dégringole. Glp glp. Et ça, le son de la mort qui étreint langoureusement l’Homme. En la vidant, il pleure. Kschlink, yeux profonds, plissés méchants, les mains ensanglantées. Crrrrrrr, c’est pas lin drôle, c’est limpide peste. D’une main rouge, une bouteille, de l’autre, les débris du lin. Frappe la bouteille contre un pied de la mezzanine, penché parce qu’il a donné tellement de coups dedans. Elle terrifiée dans ses cheveux étalés sur le matelas gris de crasse traversin éventré.

-    Soit on fait l’amour, soit je te tue. Soit on fait l’amour, soit je te tue. Soit on fait l’amour, soit je te tue. SOIT ON FAIT L’AMOUR , SOIT JE TE TUUUUE.

Dis-moi que tu m'aimes

.

.

.

J’avais peur. Je savais trop comment il pouvait réagir dans ces états. Et j’ai fait mine de rien.

Ravale tes larmes. Elle garde son sang-froid. Serre les dents. Essaie de distinguer entre ses jambes ce qui fût son frère. Il la traite gentiment presque. Une petite… Poupée. De cire, de feu, coule. Gonflable pour vieux pervers. De chiffons. Emmaillotée dans des draps gris qui laissent pendre leur lamentable mousse, il la prend, la projette contre une vieille commode. Elle s’affaisse.

 

-     Putain ! Putain ! J’y arrive pas! Je bande plus ! J’suis fini !

 

Dans ses sanglots mêlés à Here comes the king ,

 

       on entend un pathétique « ...ne suis plus un homme ! » Je n’en peux plus.

 

Elle le prend affectueusement dans ses bras. Lorsque j’arrive dans la chambre, je remarque la table effondrée. « Nan, mais Clément, c’est pas possible ! j’ai pas fermé l’œil de la nuit ! C’est toujours cette chanson ! Bon allez, j’éteins ! » Je referme la porte. La petite va bien. Elle avait un regard triste. En entrant, il était nu, prostré entre ses cuisses. À moitié cachée par les draps de la mort de sa mère, la petite le tenait contre elle.

 

Il pleurnichait l’enfant terrible du rock’n’roll, l’anarchiste convaincu, il pleurnichait sur cette illusion qu’était l’amour.

 





Une écriture qui vrombissait




Une écriture qui vrombissait,

 

voiture bruyante aux impressions de vendetta ambiante. Un 1984 revu et revu. Mon cœur rayonne par(mi) tous les pores de ma peau après avoir senti l’eau de l’avis (de tempête déclenché en ce jour d’automne).

 

 

 J’aime.

 

 

 

 Pourtant étant en tou(chant) chantier, ma vie s’étale sur une toile de couleurs vives. Les ternes se taisent à l’éternel. Une lueur d’espoir d’un lyrisme désuet s’abat en trombes diluviennes sur le gris.

 

L’eau. Je suis au delà de tout ça sans chercher à plus comprendre cette parole d’évangile.

Son sourire sous table me rassurait ce matin. Femme miraculeuse qui se cache derrière un bureau, montagne d’humanité derrière les froides palissades de l’administration. Alors, avant le calme la tempête.

Et carte.

 

 

 

Un coup (de) rage de dent (iste) jeune fille qui traverse la rue mouillée. A chaque pluie depuis que je le sais, je veux qu’il y ait un déluge mais ça ne marche jamais. Dieu est au-delà. C’est pour cela sûrement que je n’ai jamais cru en lui.

Pluie force de l’humanité. Grands maux pour un peu d’eau, non ?








Pensées d’autocar



Le busway à sept heures.

 

Jeune fille d’environ seize ans posée dans un des grands écrins bleus qui peuplent l’omnibus. Elle semble pressée.

Marcel orange.

Arrêt Duchesse Anne.

Elle cherche dans ses poches. Une feuille collée… pas de chance. Elle est mignonne mais elle fume.

Un homme la soixantaine s’assied nonchalamment à son côté. Il a l’air fatigué des vieux peintres

d’appartement ainsi qu’un bleu tout peinturluré. Elle l’accoste timidement d’un sourire. Une feuille. Ils fument. Ils discutent. La jeune fille à l’air préoccupé tourne la tête dans tous les sens. L’homme prend le tramway en lui lâchant (avec un clin d’œil) qu’il finit à quinze heures trente. Elle sourit.

L’heure défile, s’émiettant en grandes lancées de fumée, de cendres.

 

Les minutes.

Sept heures vingt

.

.

.

Sept heures vingt et un

.

.

Sept heures vingt deux

.

 

Un jeune homme, anxieux, balance son pied en un tic nerveux. Il roule une cigarette de ses lourds et épais doigt de maçon. De l’huile de moteur entache sa figure ainsi que son pantalon.

Arrêt Duchesse Anne.

Elle l’attend. Il la regarde. 

 

Est ce qu’il l’aime ? sûrement pas. C’est une passade pour essayer de définir le bonheur.

 

Ils prennent le busway. Elle le raccompagne. Ils parlent de leur parents.

Ils n’ont pas l’air de s’aimer : couple d’adolescent qui restent ensemble seulement pour  pouvoir sortir AVEC quelqu’un (c’est-à-dire : pas seul). éprouver la routine des « grands » elle lui raconte l’histoire du vieux.

Il ne tique pas.

Il ne l’aime pas.

Elle non plus.

 

 

Elle pense dans le Busway. Elle regarde tendrement le ciel, souriant à la fine dentelle qui l’étreint. Un crêpe gris emmure ces phénomènes atmosphériques. Elle, elle est au courant de ce qui se passe car il n’y a qu’elle qui regarde :

 

       -Je me suis encore levée tôt ce matin. J’en ai assez de ce travail qui me rend dingue. Mais il faut que je le fasse. Si c’est ça ou rien, je préfère encore ça à rien. Ma douche ce matin était trop chaude…mince, j’ai oublié de mettre mon soutien-gorge violet ! bon allez, on oublie :

 Musique ! et après tout, les enfants sont gentils comme tout. Il est pas si nul ce travail. Mais qu’est ce qu’elle à a me regarder comme ça celle là ? j’en ai assez de ces filles minces qui me dévisagent. Je corresponds pas à la norme, et alors ? j’ai les cheveux courts, et alors ? si elle se croit plus jolie que moi tout ça à cause de quelques kilos en moins… et puis je suis belle comme ça : j’ai pas de complexe, j’ai un petit ami super, ma vie est belle, je travaille, j’ai de l’argent et une maison, je suis heureuse… alors si tu crois que je vais avoir des complexes… non mais oh ! tu m’écoutes quand je te regarde ?




 

 

 

 

 

Arrêt Grèneraie.

 

La jeune fille au marcel orange sort.

 

       Tadadam tadam tadam ! j’aime bien commencer ma journée en sifflotant. J’ai vu Jean hier au bureau, il m’a encore fait une blague nulle. Décidément ce pauvre Jean, il faut qu’il ait une copine sinon je crains le pire. Mmmh ce soir, c’est raviolis ! j’espère que c’est Annie qui ira chercher les petites ! Ça fait du bien de reprendre le boulot ! surtout par une journée comme celle-ci. J’aime être chauffeur de bus ! rendez-vous compte qu’il y a des dizaines de gens que j’emmène tous les jours voir leur patron, accompagner leurs enfants à l’école, faire les courses, voir leur âme sœur, voir leurs copains. Tellement de gens dépendent de moi et de ma ponctualité… je fais vraiment un beau métier ! il y a des gens que j’aime voir et d’autre moins. Des gens qui, tous les jours passent dans mon bus toujours à la même heure, descendent toujours au même arrêt et ne me parlent jamais sauf un petit bonjour timide. Mais ce n’est pas ça que je veux ! je veux qu’ils se souviennent de moi, je veux afficher un sourire sur leur lèvres à tous, je veux qu’ils aiment le moment où ils voyageront avec moi, je veux que la routine du quotidien s’efface, c’est tellement morne la routine ! la vie est tellement belle ! il faut que les gens soient heureux comme moi je suis heureux, car oui, je suis heureux !… elle a l’air sympathique, déjà, elle sourit. Voilà qui me met encore plus en  forme. « Bonjour » je lance à la cantonade. « bonjour ». elle passe :

« bonjour Mademoiselle

-bonjour Monsieur

-Joli temps n’est ce pas ?

-Oh oui superbe, espérons que ça va durer : il était censé pleuvoir.

- Si l’on devait se fier à la météo… »

 « bonjour Monsieur… »

arrêt Pirmil, la jeune fille descend : « Au revoir et bonne journée ! » « Au revoir et bon courage ! ».

et elle s’évanouit dans la brume matinale, glissant au dessus du pont et du voile d’eau qui transpire au dessous d’elle. Elle pâle figure noire trouant la brume argentée. « bonjour –présentation du titre de transport- merci ! » je passe sur le pont et agite ma main en sa direction. Elle me regarde l’œil rieur, un rire cristallin butant contre ses dents ivoirines.

 

 

Tadadam tadam tadam !




Terre

 

 

 

Et comment tout refaire ?

D’une saine vie devenue enfer 

La question se pose

Tellement à nos oreilles moroses

Et comment tout refaire ?

 

 

Ainsi vont Vie et Temps

Ces deux corps enlacés si tendrement

Étreinte antithétique,

Réminiscences de gigues gaéliques :

Ainsi vont Vie et temps.

 

Et ces belles vacances

Qui rythmaient toute notre adolescence

Où sont-elles parties ?

Dans la panse de Temps mangeur de Vies

Et ces belles vacances…

 

 

Ainsi l’absolu Sens

Nous laisse voir sa vacuité immense

Mnémosis aimes-tu

Ces fêtes, ces chants, espoirs des Déçus ?

Ainsi, l’absolu sens

 

A la beauté intense

De n’avoir aucun sens

Ni aucune décence

Quoiqu’un peu de démence

 

 

 

Face à l’âme déchirée

D’adolescents rompus

A voir leur mère éplorée,

Lassée par tous ces us

 

Qu’ont nos petits chérubins

Qui, pires que le Malin

Orgient jusqu’au matin

Appelant sans cesse : « Au vin ! »

 








Ni île isthme Ni oh liste hic


 

 

Je suis une machine à travailler.

 

 

 Ma vie ne se résume qu’à cela.

Je ne suis pas triste. Pas le temps.

 Je rentre dans l’ordre des choses.

 Mon rythme est réglementairement déserté de cette musique de vie qui définit l’humanité.

Je suis un carré dont les côtés sont rigoureusement inégaux.

Je suis un(e) artiste.

Je suis un(e) philosophe.

Je suis tout ce que le monde n’est pas et ne peut être.

  Je ne suis pas moi. 

Le monde est absurde et le travail nous aliène de telle manière qu’on en vient à penser à une finalité dans le monde matériel. Il nous faut cette finalité qui nous rattache au monde. Mais moi, je ne l’ai pas.

 Je suis une machine à travailler, un ordinateur de conscience pure qui se débat dans l’incertitude d’un monde sous… ou plutôt surterrain.

En voilà encore une chose qui défile dans son incomplet ensemble. La pression ! dépression sous l’effet d’une pression.

Je suis alcoolique.

Comme tout le monde.

Le monde.

 

 

Le monde est remplit d’alcooliques qui s’ignorent, qui s’abreuvent de longues goulées de travail, de bonheur et de besoins. D’envies et de désir ? non parce qu’il faut les réprimer.

Cela ne fait  pas bien. Ne pas fumer, ne pas boire, ne pas baiser. Et puis ne pas aimer avec passion. Vous comprenez bien, mes braves amis, que les passions sont ce qui nous rendent malheureux donc elles ne sont pas bonnes pour l’homme. Il faut les rejeter, ne pas les vivre, les regarder passer sous le manteau déguisé de l’art.

 

 

C’est dans l’ordre de la société.

Tout le monde ne peut pas être artiste.

Tout le monde ne peut pas être philosophe.

Donc tout le monde doit être machinalement soi. Comme une habitude. Et surtout sans y penser. Ou plutôt, penser qu’on est bien. Comme il faut.

 

 

Drôle cette tournure non impersonnelle.








Décider un mouvement à reculons 



Décider un mouvement à reculons

Pour compenser









Temps, peste et choléra



Travailler c’est se réfugier dans des paradis artificieux. Pourquoi en arriver dans ces paradis que dresse la conscience. Aller chercher la petite bête qui nous fera apprécier une vie éclairée face à la bêtise montante ? Quelle est la fin ?

Ressasser une existence longue

d’absurdité.

 

Un jour, émerger au monde une incertitude de création. Même cela ne trouve aucun intérêt. Le seul intérêt est une pulsion de mort exprimée dans le prisme d’une espérance : espérer la fin.

Rien n’est trop beau, trop puissant pour engouffrer l’esprit humain que de se penser comme fin. L’incompréhension du monde n’est qu’une façon de construire le miroir de la sagesse dans lequel sont les illuminés à se surveiller comme êtres moraux. En définitive, le substrat de la raison est l’écueil suprême dans lequel se vautrent des générations pensantes, abolissant le terme de leur propre fin. Acquérir des connaissances pour apprendre de l’inéluctable. Le fatum, le pathos de l’être réduit à néant par des siècles d’interprétations de la vie. Le paradigme ultime à cette fin heureuse est celui de la compréhension. Malaise, mal-être se confondent dans l’attente où le sourire n’est plus qu’un vaste présage d’inhumanité féroce, la spontanéité, une absence relative de l’être logique. Amasser du travail et de la relecture, se passer de la substance pour toujours plus se découvrir rat dans l’ombre incertaine des certitudes avariées qui nous emmurent. Le rat prisonnier tenterait-il de se tirer d’affaire qu’on le découvre à nouveau guidé par ses passions. Quelque chose qui se peut étudier, décortiquer, expliquer dans les cales recluses de son être-là. Attendre le naufrage sagement ou manœuvrer le navire ? c’est la seule fin possible. Au milieu de cet océan incertain où vogue la pensée, il en est qui regardent le ciel, d’autres le fond de la cale dans le même but, celui d’arrêter de sentir le roulis vomissant les déferlantes.