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INDEX DES AUTEUR-E-S

21 - Calique

Ta joie d'oiseau

Pour rien.

Arracher à lui-même le réel médusé, infuser à l’amertume l’innocence, l’ironie à la candeur, la légèreté à l’évidence de la gravité;

à l’affût de mutations inopinées, oser d’improbables mélanges, des volte-face, des courts-circuits. 

J’écoute se battre ton cœur, ce balancier, joyeux inquiet éperdu placide démuni comblé sage fou rêveur désarmé, je t’aperçois :

c'est bien toi sur la mer des mirages démontés, jouant au jeu crucial de la vérité décousue, décollant le pas de l’empreinte, l’ombre projetée du corps, défaisant les cheveux du vent pour bâtir ton poème ouvert à tous les échos ; il faut te voir pour le croire, desperado ébloui, tout droit et vacillant dans ta coquille de noix, debout, tombé … avec délicatesse effleurant le désastre, et puis sautant par-dessus bord, bravo et patatras, pour épouser les convulsions de la scène fracassée – courage, courage, étreignant la folie jubilatoire de Léon, et les incertitudes d’Isabelle, lassitude, vigueur et vertige.

Pour rien, pour du beurre, dérouter ensemble nos esprits vers un cap inconnu dans le miroir de la lune.

Jouer des coudes, jouer, faire des pieds et des mains et s’il le faut, découper les mots en morceaux, en figures, pour retrouver sa joie d’oiseau . Quand tout est traversée, s’inventer un chemin impraticable, une équation à mille inconnues, une variable aléatoire, revanche de l’esprit sur la pensée en souffrance, l’esprit en rouge majesté dévorant la parole : langage crypté, langue de crypte au profond couvant, implosant en désordre de mots, raz-de-marée et vaguelettes dans une éprouvette – Pour rien, comme ce petit enfant, sautillant dans le ciel, sous un peu de soleil gaspillé.