Le dépôt
CAHIERS DE HI - TOME I
- en cours - traductions en anglais G&J
ELLE VOUS ÉCRIVAIT UN CAHIER
Il lui arrivait de penser qu’Isabelle H était une personne un être vivant
qu'elle appartenait avec une existence charnelle une présence corporelle à un monde où son imagination la projetait Isabelle H marchait au milieu des fantômes que son imagination forgeait
Les principes de son cahier étaient que l'émotion devait être claire
l’émotion devait être évocatrice l’ensemble produit devait
ressembler autant que possible à une émotion il ne vivrait
qu’à cette condition
(Le destin de son cahier relève d'une loi dont vous ignorez jusqu’à l’existence et il est soumis à des Maîtres qui ne consentent ni ne pardonnent
Vous n’avez pas besoin de comprendre cela)
Elle a passé ses derniers jours à passer ses derniers jours Rien d’autre
Un mur d’ennui surmonté de tessons d’angoisse
La vie lui a fait du bien à petits coups à petits traits par intervalles
Et au bord de mourir elle se rappelait le bon vieux temps
Elle était gardienne de ses émotions Elle était conscience de son inconscience
L’absence d’une limite était aussi sa croyance
Un jour elle est parvenue d’un coup à une émotion absurde mais juste
elle a pris conscience en un éclair qu'elle n’existait pas elle était un fragment de soi conservé dans un cahier
Dans ce cahier il n’y a que des émotions et leur conscience.
Leur conscience ne voit qu’un peu d’encre sur du papier.
TRAVERSÉE DE LA NUIT
Dans une nuit telle qu’est pour moi la nuit du Poème une femme vit
elle vit tout un an elle ne donnerait pas ce délice
pour une année de vie ordinaire la nuit s’annonce bien
Je peux choisir mon mot et eussé-je contre moi tous les autres mots
je puis faire mon demi-vers avec soin, sans point au bout
Traverser le Poème n’est pas une affaire si difficile après tout
Omne ignotum pro magnifico
Nous avons jeté quelque lest
Il est maintenant minuit, et nous marchons toujours
Il est maintenant deux heures du matin et tout est calme
autant du moins que je peux en juger
Nous ne sommes pas loin de l’aube
Nous avons traversé le Poème. Nous avons traversé le Poème
facilement rondement
Qui osera dire maintenant qu’Il est chose impossible
Il n’est arrivé aucun accident sérieux
On n’a eu à craindre aucun danger réel
On ne sait rien de positif sur mes intentions ultérieures
mais je peux promettre en toute sûreté à mes lecteurs quelque information supplémentaire, soit pour demain, soit pour le jour suivant au plus tard.
UNE ESPÈCE DE DÉPERDITION CONSTANTE
Ô laissons-là les automatismes ! laissons ce point de cohésion nécessaire auquel le mot ne se hausse plus qu'avec un sentiment d’abrutissement instantané
La vie est au point qui me menace en ce moment d’arrêter de penser
Je n’ai plus qu'une occupation J’assiste Isabelle H
qui se dérobe jusqu'à la langue Jusqu’au désarroi de la langue
sans la pensée jusqu’à laisser dans un recoin la pensée en suspens
Toute son écriture est un tas de ferraille ses mots sont des cochons
de termes qui font crier les pages de son livre Rien sinon un pathétique calcul de puissance
Elle pense à ce grincement de girouette que rend à tous vents son esprit
qui ne demande qu’à dénaturer ses poisons alors on verra fumer un joint et on comprendra comment elle perdit la géométrie dans le fond de la tête je n’aurai plus besoin de parler je serai lasse d’écrire Assez.
SANS MÊME SAVOIR SI CELA FERA UN BON POÈME
(Clin d’oeil à Matthieu Lorin)
J’ai frôlé si souvent les robes de ma femme
que des nuages en satin ont germé au fond de mon coeur.
En ponçant le parquet, j’en ai profité pour arrondir
les angles de mon esprit.
Tout est dit. La nuit comme seule pitance.
Et je savais qu’il me faudrait l’avaler toute entière.
Assis à regarder les enfants se jeter dans le vide
un homme demande son chemin. Une page à demi écrite
qui méritera seulement de l’alimenter.
Elle avance sur les pavés et c’est une éclaircie en mouvement. Ses pas
sont de ceux qu’on n’attend plus. Ils sont revendication et renoncement
en même temps, ils bâtissent des montagnes qu’ils détruisent le lendemain
à la dynamite.
Je vois en elle des rivières traversées à gué à une époque où les ponts
n'existaient pas.
Nous finissons par nous assoir sur un banc et chaque parole échangée
brille autant qu’un doryphore.
Je le placerai à l’air libre, à l’ombre des arbres, et laisserai les
oiseaux s’en approcher. C’est à ce moment-là que j’ai compris que nous étions
des parenthèses.
Il restera seulement quelque poches sous les yeux.
DANS MA CHAMBRE
Le vent dans les arbres me berce d’une chanson d’ormaie
parfois il fait entendre un sifflement égal et continuel
des nuits et des nuits je prête l’oreille dans ma chambre
Je reprends un court instant conscience et j’aperçois
quelques étoiles au-dessus de ma tête
le monde est baigné d’une lumière bleue
Je fais un tour d’horizon
pour savoir dans quelle partie de l’univers je viens de me réveiller
J’avais cherché une aventure durant ma vie entière
Les taches d’or sur les bouleaux remuent en frissonnant
Le jour, sur la pointe des pieds, est arrivé au seuil de l’est.
DE NOUVEAU LÀ
Me revoilà sur des marches de l'eau à regarder les eaux qui partent vers le jour
/ sentir les elfes que lancent et élancent les elfes vers les elfes / je cherche
dans les jus le jus de ta peau / sors de l'as pour arpenter les as et me guider
derrière mes as entre les as / jusque vers les sources dans les montagnes /
(Ce matin / l’axe se teintait d’axe à l’approche du jour
quand l’igraie / voyant l'igraie et les siens déjà levés
se mettre en chemin / leva le camp avec ses aides ).
HERE AGAIN
Here I am again on the steps of the water looking at the waters heading towards the day
/ feel the elves throwing and jumping the elves towards the elves/ I’m looking
In the juices the juice of your skin/ get out of the ace to walk the aces and guide me
behind my aces between aces/ to the springs in the mountains/
(This morning/ the axis was stained with axis as the day approached
when the igraie/ seeing the igraie and its already lifted
getting on the way / lifted the camp with his helpers ).
PAS À PAS
Elle voudrait que chacun écrive ce qu’il sait et pas plus qu’il n'en sait, sur tous les sujets car tel peut avoir quelque connaissance particulière, et ne savoir sur tout le reste rien de plus que chacun en sait.
D’après Michel de Montaigne - Essais, livre I, chapitre III, Des cannibales
ELLE ÉTAIT UNE FOIS JULIANE
Elle ne passe pas le temps. elle ne le casse pas. et vous, ne le remuez pas. elle vous souhaite une bonne année dans tous ses détails. une année heureuse autant qu'on l'est.
Elle n'était qu'une branche d'arbre immobile couchée dans un village sur un bord de mer. à tendance émotive. du signe du Verseau.
Elle se retire. elle va à l'écart pour une question de survie. son désert devient une cité. plus elle avance dans la solitude, plus elle approche de la perfection comme la bienheureuse Juliane qui ne fut qu'amour débordant de courtoisie et qui, voyant les douleurs et les chagrins de chacun, par bonté les partagea.
À la fin on verra que tout était bien. elle est celle qui ouvre et celle qui clôt, audacieuse au possible, tournée vers le passé et vers le futur.
DE LA TRANSPROSE ET DE LA MODERNITÉ DANS L’ÉCRITURE D'UN POÈME
J’utilise l’espace, le point et le tiret (et autres signes de séparation tels que la barre inclinée) avec ou sans majuscule, sans me refuser les virgules et les guillements et autres signes typographiques, chacun ayant leur sens comme les lettres. Je pense que les mélanges espace, ponctuation, lettres, se valent en poésie et que tout dépend du fond/forme (du sens) du Poème.
SUR QUOI LÉON
Léon enquête pour savoir sur quoi Léon a envie d’écrire…
Quelque chose d’universel, de personnel, ou quelque chose
d'un temps singulier ?
Temps attachant, toujours en place dans son coeur. Émouvant...
à la pitié, à la fureur… Excitant : les mains aux hanches de la charrue.
Bouleversant comme Isabelle Huppert. Poignant - Si grosses, si dures ! Captivant sous sa loi d’amour... Passionnant (plus passionné que passionnant). Saisissant comme le froid.
Léon cerne. Léon enrichit. Léon déplace. Léon prend des mesures. Léon fait des recherches. Léon étudie.
Calcule en prenant la charge du poème comme unité, consulte sur la possibilité de faire un détour, essaye sans exagérer, chine et s’échine, court avec impétuosité, par un mouvement alternatif des jambes prenant appui sur le sol, avec une phase de suspension en l’air, sans appui.
Léon court vite en fouillant à travers ses poches, languissant, regrettant l’absence des étoiles filantes - hélas suivies de déceptions, languissant avec l'emportement d'un désir fou - dont l’idée seule nous enlève et nous suspend, désir qui est le langage de l’amour d’un grand gaillard, et fouille, fouillant, fourrageant, scrutant, se penchant, sondant, farfouillant, fouinant, furetant, interrogeant, inventant, questionnant encore, réfléchissant, s’évertuant, se demandant.
ON WHAT LEON
Leon investigates what Leon wants to write about...
Something universal, personal, or something
in a singular time?
Endearing time, always in place in his heart. Moving...
To pity, to fury… Exciting: hands on the hips of the plow.
Heartbreaking as Isabelle Huppert. Poignant -
So big, so hard! Captivating under its law of love... Exciting
(more passionate than exciting). Gripping like the cold.
Leo circles. Leo enriches. Leo moves. Leo takes
measures. Leon is doing research. Leon is studying.
Calculate by taking charge of the poem as a unit,
consults on the possibility of making a detour, tries without exaggeration,
(China Is working), runs with Impetuosity, by a movement
alternating legs resting on the ground, with a phase
air suspension, without support.
Leon runs fast searching through his pockets, languishing, regretting the absence of shooting stars - alas followed by disappointments,
languishing with the outburst of a mad desire whose idea alone removes and suspends us, which is the language of love of a great fellow, and searches, searching, digging, foraging, probing, bending, snooping, nosing, ferreting, questioning, inventing, interrogating again, thinking, striving, wondering.
SUR QUOI LÉON - VERSION LONGUE
Léon enquête pour savoir sur quoi Léon a envie d’écrire…
Quelque chose d’universel, de personnel, ou quelque chose
d'un temps singulier ?
Temps attachant, toujours en place dans son coeur. Émouvant...
à la pitié, à la fureur… Excitant : les mains aux hanches de la charrue.
Bouleversant comme Isabelle Huppert. Poignant - Si grosses, si dures !
Captivant sous sa loi d’amour… Passionnant (plus passionné que passionnant).
Saisissant comme le froid.
Léon cerne. Léon enrichit. Léon déplace. Léon prend
des mesures. Léon fait des recherches. Léon étudie.
Calcule en prenant la charge du poème comme unité,
consulte sur la possibilité de faire un détour, essaye sans exagérer,
chine et s’échine, court avec impétuosité, par un mouvement
alternatif des jambes prenant appui sur le sol, avec une phase
de suspension en l’air, sans appui.
Léon court vite en fouillant à travers ses poches,
languissant, regrettant l’absence des étoiles filantes - hélas suivies de déceptions,
languissant avec l'emportement d'un désir fou - dont l’idée seule nous enlève et nous suspend,
désir qui est le langage de l’amour d’un grand gaillard, et fouille, fouillant, fourrageant,
scrutant, se penchant, sondant, farfouillant, fouinant, furetant, interrogeant, inventant,
questionnant encore, réfléchissant, s’évertuant, se demandant...
Rayon Catégorie Oct Nov Déc
Fruits et légumes Légumes 30000 80000 30000
Fruits et légumes Fruits 10000 30000 40000
Boulangerie Pains 30000 15000 20000
Boulangerie Desserts 25000 80000 120000
Épicerie Sandwich 80000 40000 20000
Épicerie Salades 90000 35000 25000
Viande Bœuf 90000 110000 200000
Viande Poulet 75000 82000 150000
La semaine prochaine : AU SECOURS LA MAISON S’ÉCROULE.
FITNESS
Aspect extérieur, état particulier et variable d’un être, d’une chose, d’un sentiment. Le contour d’une chose. D’une chose les formes en lignes, en matières, en sociétés, la présentation d’une chose par opposition à ce qui fait l’essence de la chose, essence, autrement dit le fond de la chose, mais parfois la chose est une forme sans fond, en y mettant les formes pour le dire, c’est peu de dire qu'une forme sans fond est un bonnet d'âne faisant fonction de haut-de-forme, sans compter qu’il faut deux formes pour composer une chose qui s’appellera une feuille. Mais une seule forme suffira pour radouber un bateau, sans pilote, capitonné de formes informatiques. Forme et sens associés, toujours.
FITNESS
External appearance, particular and variable state of a being, a thing, a feeling. The outline of one thing, of one thing the forms in lines, in matters, in societies, the presentation of one thing as opposed to what makes the essence of the thing, essence, in other word the substance of the thing, but sometimes the thing is a form without substance, by putting the forms to say it, it is little to say that a bottomless form is a donkey’s cap acting as a top of form, not to mention that it takes two forms to compose a thing which will be called a sheet. But only one form will be enough to refit a boat, without pilot, padded with computer forms. Form and sense associated, always.
NOVLANGUE
J’allais tirer de la ruse des fleurs une conséquence sur toute une partie inconsciente de mon poème quand je vis une bulle grimpant une flute, pendant trois secondes.
Vous pouvez me tenir la flute, tenez, je vais retrouver, c'est par là, je vais retrouver, c'est par là. À première vue c'est sensible. C'est drôle, je vous dis ça et puis... On fera le point après, on va procéder par parties.
Peut-être que mes idées sur la poésie peuvent vous aider à comprendre pourquoi la pensée fine est une douleur mentale, et la polysémie, le baume pour cette douleur.
Si vous plongez votre bras tendu dans l'eau, regardez-moi en face, votre bras plie, regardez-moi en face, vous êtes très bien comme ça.
NEWSPEAK
I was going to draw from the ruse of flowers a consequence on a whole unconscious part of my poem when I saw a bubble rising a flute, for three seconds.
You can hold the flute for me, I’ll find it, it’s this way, I’ll find it, it’s this way. At first sight it’s sensitive. It’s funny, I tell you this and then...
We’ll take stock afterwards, we’ll proceed by parties.
Maybe these ideas about poetry can serve you in understanding why fine thinking is a mental pain, and polysemy is the balm for that pain.
If you put your arm out in the water, look me in the face, your arm bends, look me in the face, you’re fine like that.
LETTRE DU FRONT
Nous sommes dans les interrogations les plus profondes.
Un sur deux a été tué. Et on entend très régulièrement
des tirs d’artillerie lourde. Adieu au-revoir.
LETTER FROM THE FRONT
We are in the deepest questions.
One in two has been killed. And we hear very regularly
heavy artillery fire. Farewell goodbye.
PO, MURETTE DE LETTRES
Po, demi-poésie, notation, narration, indication, hésitation, mention, bonjour
Po est un grand soleil dans une vibration debout sur un banc blanc et noir
Po est un usage naïf du principe de discontinuité qui pousse à accomplir les choses par une suite d’intermittences.
Selon le penseur Dai Sidjie une des lois est l’intermittence.
Po fait sursauter ceux qui passent, n’y touche plus, n’y touche plus.
Po est un peu d’argile, ou de silex
Mon po, simple remous (beau temps vendredi) qui s’arrache, se mérite
Mon po trop ou pas assez
Mon po à Philippe ma vibration qui ne dure pas suffisamment pour dire son peu
Mon po me fait toucher du doigt l’inutilité du bord
Mon po obsessionnelle question d’où je vais ou je viens ou l’on vient d’où l’on va
Mon peau pipeau
Mon po mon inutile po, vide, sans qualité, transparent comme de l’eau piégée dans les doigts, mon fragme
Po lambeau, simple vibration simple remous simple poème, s’arrache se mérite dur, vise le point de va-et-vient et de non retour, singe faute d’inventeur, n’ose pas imaginer la suite, un pas deux pas trois pas, était une fois, est un élément sonore de language parlé considéré comme unité.
PO, LETTER LOW WALL
Po, half poetry, notation, narration, indication, hesitation, mention, hello
Po is a great sun in a vibration standing on a white and black bench
Po is a naive use of the principle of discontinuity which pushes to accomplish things by a series of intermittences.
According to the thinker Dai Sidjie one of the laws is intermittence.
Po startles those who pass, do not touch, do not touch.
Po is a little clay, or flint
My po, simple swirl (good weather Friday) that plucks, deserves
My po too or not enough
My po to Philippe my vibration that doesn’t last long enough to say its little
My po makes me feel the uselessness of the edge
My obsessional question where I go from where I come where we come where we go from
My po pipe
My po my useless po, empty, without quality, transparent like water trapped in fingers, my fragm
Flap po, simple vibration simple swirl simple poem, plucks takes a beating , aims at the point of back and forth and non-return, monkey for lack of inventor, dare not imagine the sequel, a step two steps three steps, was once, is a sound element of language spoken as unity.
AU SECOURS UN POÈTE SE NOIE
Pensée fine, cheveux, sable, poudre, papier de verre, pierre, perle
et pensée floue, dessin, trait, contour, théorie
sont dans un coffre en fibres naturelles. Le bateau est sombre.
que reste-t-il ?
HELP A POET DROWNS
Fine thinking, hair, sand, powder, sandpaper, stone, pearl
and fuzzy thinking, drawing, line, outline, theory
are in a natural fiber chest. The boat is dark.
What’s left of it?
ART DU POÈME
L’art de la vraisemblance (l’art du Poème).
Cela fonctionne comme une boussole en dépit des tabous.
Instiller la peur c’est ce qu’il y a de plus difficile.
Ouvert. Creuser. Bienveillant. Positif.
À la façon dont une caméra zoome progressivement sur un lieu.
(Ce territoire irrationnel).
ART OF POEM
The art of plausibility (the art of the Poem).
It works like a compass despite taboos.
Instilling fear is the hardest part.
Open. Dig. Caring. Positive.
The way a camera gradually zooms into a place.
(This irrational territory).