Le dépôt
Librairie Lpb - Lettre S
SADE Donatien, Alphonse, François de - La Philosophie dans le boudoir - Ed. La Musardine - PL
Grandiose dispositif narratif et idéologique dans lequel coexistent une éducation sexuelle, une dissertation philosophique et une invective politique, La Philosophie au boudoir (1795) représente le manifeste le plus complet et le plus extrême de la pensée de Sade.
Cette édition s'ouvre sur la préface de Jean-Jacques Pauvert à l'édition de 1997, suivie de celle qu'écrivit Apollinaire en 1909 pour l'œuvre du marquis de Sade, qu'il dirigea pour la Bibliothèque des curieux. Des pages dans lesquelles ces autres maîtres de la littérature, disent leur fascination pour l'écrivain et le citoyen Sade et s'interrogent sur sa portée, politique et morale.
SAINT JOHN PERSE - Éloges - Ed. Poésie Gallimard - PL
La ville - extrait
Sur la lucarne de l’échoppe – sur les poubelles de l’hospice – sur la fontaine qui sanglote dans les cours de police – sur les statues de pierre blette et sur les chiens errants – sur le petit enfant qui siffle, et le mendiant dont les joues tremblent au creux des mâchoires,
sur la chatte malade, qui a trois plis au front,
le soir descend, dans la fumée des hommes…
– La ville par le fleuve coule à la mer, comme un abcès…
Éloges - XVII
« Quand vous aurez fini de me coiffer,
j'aurai fini de vous haïr. »
L'enfant veut qu'on le peigne sur le pas de la porte.
« Ne tirez pas ainsi sur mes cheveux. C’est
déjà bien assez qu'il faille qu’on me touche.
Quand vous m'aurez coiffé, je vous aurai haïe. »
Cependant, la sagesse du jour prend forme
d'un bel arbre
et l'arbre balancé
qui perd une pincée d’oiseaux
aux lagunes du ciel écaille un vert si beau
qu'il n'y a plus de vert que la punaise d’eau.
« Ne tirez pas si loin sur mes cheveux… »
Éloges - XVIII
À présent, laissez-moi, je vais seul.
Je sortirai, car j'ai à faire : un insecte
m'attend pour traiter. Je me fais joie
du gros œil à facettes : anguleux, imprévu,
comme le fruit du cyprès.
Ou bien j'ai une alliance avec les pierres
veinées–bleu : et vous me laissez également,
assis, dans l'amitié de mes genoux.
SAJA Tom - L'homme qui ne dort plus - Aube cessante - Éditions Pourquoi viens-tu si tard ? - P.L.
"L’homme qui ne dort plus" et "Aube cessante" de Tom Saja se lisent avec gourmandise d’un trait, d' une goulée. Ces 48 pages harmonieusement illustrées par Lou Devaux, donnent le ton dès l’ouverture, avec les vers : Noire est la nuit / blanche est la mienne/. Suit un discours rythmé de bouts de paroles qui forment des marches d’escalier, des cascades d’idées et d’images : pas plus tard que ce matin / j’ai recueilli de l’eau de pluie / dans ces puits / que j’ai sous les yeux / de quoi abreuver tous les moutons / que je compte / … mon sommeil / une grenade dégoupillée / qui tarde à faire / BOUM / … Et le jour m’a été chouré / par la somnole / … Ce grand rien/ si aucun n’en est revenu / c’est peut-être que / c’est parce que c’est bien / … Pas âme qui vive / toute la ville flottante / dans un chut / … etc.
Merci. Bonne nuit !
SAJA Tom - Cette main qui tient le feu - Éditions Exopotamie - PL
Une respiration fougueuse, étrange, simple, fluide, d'un seul tenant, jeune, délicate, ferme, ouverte comme une confidence dans le livre de cette main qui tient le feu.
Tom Saja est un invité permanent de Lpb.
SATIE Erik - Mémoires d’un amnésique - Petite Bibliothèque Ombres - PL
Air à faire fuir - Tune to Make You Run Away
d'une manière très particulière - in a very unusual manner
modestemente - simply
s'inviter - invitingly
dans la danse de travers - in the crooked dance
en y regardant à deux fois - give it a good look
passer - go on
encore - again
Collage de titres de musiques d’Erik Satie dont je viens de lire ‘Mémoires d’un amnésique’ que je recommande pour la critique de son époque et l’esprit ironique et plein d’humour qui règne dans ce livre…
Je me suis dit que ça ferait un joli poème ...
Satie c’est battu comme un lion contre la critique de son temps, on s’en aperçoit dans une bonne partie de ce livre court - la moitié finale est faite de notes de l’éditeur pour les érudits.
Un esprit décapant, hypersensible… après avoir lu son livre je découvre véritablement l’oeuvre musicale de l’auteur… je ne connaissais que la partie émergée de son étincelant iceberg..
SEGALEN VICTOR - Le double Rimbaud - Black Herald Press - P.L.
"Sans doute, le poète s'était déjà, par d'admirables divagations aux routes de l'esprit, montré le précurseur du vagabond inlassable qui prévalut ensuite. Mais celui-ci désavoua l'autre et s'interdit toute littérature. Quel fut, des deux, le vrai ? (....) "
Dans cet essai majeur, paru en 1906, Victor Segalen sonde la dualité d'Arthur Rimbaud, en s'appuyant sur la fine analyse du Bovarysme
par Jules de Gauthier. Segalen fait aussi une étude critique remarquable de l'oeuvre d'Arthur Rimbaud. Un petit livre éclairant et nécessaire.
Blandine Longre et à Paul Stubbs, coéditeurs- passeurs, animent Black Herald Press,
SIMON Yves - La dérive des sentiments - Ed. Grasset - P.L.
Une bonne étude des sentiments et moeurs contemporains, qui fait réfléchir; brio et élégance, centrée sur les relations de couple homme-femme, une étude attentive à la psychologie des personnages, appréciée de Michel Foucault.
SIMÉON Jean-Pierre - Petit éloge de la poésie - Folio 2€ - P.L.
"Je ferai, oui, l'éloge de la poésie. Sans restrictions. Sans états d'âme. (...) d'une voix pleine, vive s'il le faut. (...) Pour tous. (...) Comme une nécessité vitale."
Essai de cent pages sur la poésie par un homme doué pour l'éducation -- Beaucoup de bonnes 'idées, esprit de synthèse, pensée touchant au coeur - Références et citations nombreuses et de premier choix. Un petit livre qui peut vous sauver la vie. Intéressant +++.
SIMON Yves - Note de lecture de Denis Heudré - Yves Simon, et tout comprendre de mon adolescence ratée. DH
J'aime Yves Simon de toute mon adolescence mal fagotée. Il aurait suffit de peu pour en avoir une aussi riche que lui. Je n'ai pas su comme lui ouvrir la barrière de la culture pour m'ouvrir tout le champ des possibles. J'ai mis trop de temps à lancer mes mots au vent de la poésie. Trop coincé dans le quotidien, je n'ai jamais réussi à enclencher le moteur de la manufacture des rêves. J'ai mis trop de temps à savoir la direction vers laquelle embarquer ma vie. Trop peur de me présenter comme différent dans mon milieu. Je rêvais plus de sentiments que de réussite, de jolies phrases que d'argent. Je m'inventais des histoires d'amour platoniques depuis l'âge de dix ans. Je préférais la compagnie des filles, plutôt que celle d'un ballon de foot ou de ceux qui pissent plus loin. Je n'avais que l'écriture en tête mais les mots se bousculaient, s'embouteillaient, de telle sorte que rien d'intéressant ne sortait de ma bouche ou de la plume de mon stylo. J'avais des rêves d'Amérique comme Yves Simon, des chansons à écrire comme Yves Simon, Gerard Manset, Alain Souchon. J'aurais dû me payer comme lui une machine à écrire. Je me reproche de n'avoir pas eu suffisamment confiance en mes professeurs de français. Mais aurais-je eu le courage de les aborder en leur disant "apprenez-moi à écrire l'amour, la vie, mes rêves et tout mon mal-être d'adolescent" ?
C'est par Yves Simon que j'ai abordé la littérature. Avec son écriture moderne, quasi cinématographique, faite de phrases courtes, n'hésitant pas sur les noms propres, les lieux et des dialogues pas communs. C'est lui qui m'a fait sortir la littérature de la poussière de l'école et remplacé l'analyse fastidieuse au profit du ressenti, et de l'éveil de l'imaginaire et des manifestations de la passion. L'adolescence a besoin de passion, non pas d'analyse stylistique froide. J'ai emprunté ses trains, embarqué sur ses océans. J'ai tenté de copier son style dans des débuts de nouvelles mal bâties. J'ai rêvé de ce romantisme là, en bannissant Lamartine, Vigny, Musset et autres poètes du 19ème siècle. Mon siècle avait mieux à faire et Yves Simon me montrait pourtant la voie à suivre.
J'ai aimé sa façon d'écrire mais aussi sa manière de voyager. Partir non pas pour voir, mais pour rencontrer. Malheureusement, je n'ai pas su comme lui provoquer ma chance "Les chanceux sont ceux qui écoutent, qui regardent, qui tissent des liens avec des inconnus, qui voyagent et s'étonnent, qui ne se découragent pas et persistent quand tout semble résister" dira-t-il plus tard dans La compagnie des femmes, lu bien trop tard, la cinquantaine passée... J'ai appris sur moi en le lisant, mais bien trop tard. J'ai toujours été en retard, en retard d'un sentiment, d'une prémonition même en retard de mes souvenirs. Toujours un peu perdu dans ce monde bousculant. Irrésolu, j'errais entre les mots sans vraiment me fixer sur eux. Trop marqué par le cherche-toi-un-métier-stable-et-bien-payé, je ne me rendais pas compte que moi aussi je faisais partie d'une "génération éperdue de mots, de musique et de futur" .
Il m'aura manqué de l'argent pour acheter toujours plus de livres, aller voir le plus possible de films. Il m'aura manqué le courage de m'inscrire à la bibliothèque. Le culot de forcer la rencontre avec un écrivain. L'orgueil de me savoir, non pas supérieur, mais en tout cas à part, faisant partie du petit peuple attiré inéluctablement par l'écriture. L'adolescence est passée sur moi comme une coulée paralysante au lieu d'être comme pour Yves Simon, une piste d'envol formidable. Je n'ai rien à regretter, c'est que je n'avais pas le talent de forcer mon destin. Je suis vieux désormais, mais n'ai jamais quitté mon adolescence que je me plais à rêver autre. Merci à Yves Simon de continuer d'accompagner ma vie.
août 04, 2020
SPAILIER David - Agbogbloshie - Ed Lpb - à paraître dans la Page grise de la revue Lpb - PL- SC
Pierre Lamarque :
- J’ai aimé lire ce récit au titre un peu difficile à prononcer.. comme
si les syllabes venaient d’une langue africaine par exemple…
Je félicite son auteur ! Je suis touché par son écriture… inimitable…
vraiment très belle par moments.
Une écriture c’est une pensée mise en boite, je reproche à beaucoup de boites une tendance hermétiques, eh bien, au contraire, le langage, la pensée de David respirent et inspirent…
J’ai toujours rêvé rencontrer, lire, des choses élégantes et qui me touchent comme c’est le cas avec cette nouvelle !
C’est bien écrit, bien pensé, dans un style naturellement élégant - à mon avis David peut espérer faire un métier d'écrivain. Il aura beaucoup de lecteurs…il aura des lecteurs qui comme moi sont plus intéressés par l’écriture que par l’histoire. Difficile de dire si Agbogbloshie est un long poème moderne ou une nouvelle de taille moyenne… comme il s’agit d’une fiction j’aurais tendance à dire que c’est une nouvelle, mais comme la fiction ressemble de près à ce que sera la réalité demain, je dirais que c’est d’abord un poème.
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Sandrine Cerruti :
L'auteur se risque à une écriture à caractère poétique. Au fond, c'est comme si la dystopie futuriste s'effaçait derrière une intention plus forte, celle de la liberté exprimée par l'être-souffle. Ce verbe sincère pourrait bien se dire par-delà toute recherche d'une finalité critique dystopique. Nous ne sommes pas dans le tambour de la machinerie narrative qui nous étrangle avec ses ficelles à saucissonner du récit. Pas dans une fabrique de fiction. Le véritable sujet ne serait-il pas le sujet-sujet par-delà tout contexte. Faire entendre la singularité d'un verbe. Du brut. Du concassé. Émouvant. Sympathiquement sauvage comme du dit débâillonné.
STEINBECK John - Des souris et des hommes - Ed Folio - P.L.
Roman réaliste - construit sous forme de scènes et dialogues, comme une pièce de théâtre - bonne traduction d'une écriture sobre et simple - une histoire d'amitié entre deux ouvriers agricoles . Une tragédie sans doute inspirée par un fait divers. D'une logique implacable. L'art de la psychologie romanesque.
STEINBECK John - Les raisins de la colère - Ed Folio - P.L.
Ce romancier m’intéresse pour la pureté de son style, pour cette écriture vraiment superbe…(bien traduit)… pour sa façon de glisser des pensées profondes comme celle-ci : « il disait qu’il avait découvert que tout ce qu’il avait , c’était un petit bout d’une grande âme » … c’est une phrase de Casey dont se souvient Tom…
STEINER Georges - Après Babel - une poétique du dire et de la traduction - Ed. Albin Michel - P.L.
Cette préface recopiée dans le dépôt est un texte capital pour qui s’intéresse à la traduction de poésie et à l’écriture de poésie - comme dit G. Steiner, tout est traduction... Je vais maintenant m’attaquer au livre lui-même (700 pages), sans doute aussi clair, précis, plaisant, palpitant que la préface à la seconde édition d'Après Babel.
Différences des écritures entre hommes et femmes (extraits de "Après Babel" de George STEINER - p 79-80)
La différence entre la langue parlée par les hommes et les femmes constitue, à mon avis, un aspect crucial des rapports qu'entretiennent langage et sexualité. Les ethnolinguistes citent bon nombre de langues dans lesquelles les deux sexes emploie des structures grammaticales distinctes et un vocabulaire en partie distinct. On a étudié les variantes féminine et masculine du koasati, langue de la branche muskogée pratiquée dans le sud-ouest de la Louisiane. Les oppositions sont principalement grammaticales. Du fait qu'elles élèvent les garçons, les femmes connaissent la langue des hommes. De plus, les hommes utilisent à l'occasion des formes féminines quand, au cours d'un récit, ils rapportent les paroles d'une femme. Il arrive que la langue des femmes soit plus archaïque que celle des hommes, ce qui donne à penser. Le même phénomène se répète en hitsiti, autre langue indienne muskogée . On retrouve ce caractère double dans les dialectes esquimaux, en caraïbe, langue indienne d'Amérique du Sud et en thaï. J'ai l'impression qu'une telle division marque presque toutes les langues à un moment donné de leur évolution et que bien des îlots de différences lexicales et syntaxiques fondées sur le sexe passent encore inaperçus. De toute évidence, les distinctions formelles, relevées par exemple dans la langue enfantine des Japonais et des Cherokees, sont faciles à repérer et à décrire. Mais pourtant le phénomène vraiment important, je dirais même universel, est l'emploi sélectif que font les hommes et femmes de mots et de structures grammaticales identiques.
Autre passage du livre de Steiner :
Quelles qu'en soient les causes premières, le travail de traduction est constant, toujours approximatif. Hommes et femmes ne communiquent que grâce a une adaptation continue. Comme la respiration, c'est un phénomène inconscient ; et tout comme elle, sujet à des ralentissements, à des arrêts meurtriers. Sous le coup de la haine, de l'ennui, d'une grande peur, des gouffre se creusent. C'est comme si un homme et une femme découvraient leurs voix respectives avec la conviction nauséeuse qu'ils n'ont pas de parler commun, que, jusqu'à présent, leur compréhension reposait sur un jargon dérisoire resté en-deçà de la signification. Les fils conducteurs se retrouvent d'un coup par terre et l'incompréhension met à vif le pouls vibrant sous la peau. Strindberg peint comme nul autre ces désintégrations. Les pièces de Harold Pinter se concentrent sur les mares de silence qui suivent.
Tout ça pour dire que, passées les premières pages que j’ai trouvées indigestes, le livre de Steiner « Après Babel » est un de ces livres qui pour moi sont un véritable choc, une rencontre avec quelque chose que j’attendais de lire depuis longtemps et maintenant que je suis en train de découvrir. Ce livre me rend heureux, comme si j’avais atteint la terre promise…
…
J’avance en sautant des pages dans ma lecture du livre de G Steiner
car je suis confronté à un esprit beaucoup plus complexe et beaucoup plus cultivé que le mien, mais j’arrive à suivre et à poursuivre ma lecture…
je lis lentement - en sautant des pages car je n’ai pas besoin de tout lire - pour mon plus grand plaisir et grand bénéfice. Le livre m'offre une culture que je n’ai pas ou que j’ai par bribes, et il m’ouvre aussi sur la façon de réfléchir propre à G Steiner - réflexions sur la traduction et au-delà sur la littérature, nourries de beaucoup d'érudition…une pensée analytique et synthétique… je n’ai jamais lu un critique littéraire aussi intéressant, aussi riche en propositions...
STERNE Laurence - Voyage sentimental en France et en Italie - Folio classique - L S
Le Voyage Sentimental, chef d’oeuvre de Laurence Sterne (1713- 1768), est un voyage fait à l'amble, la plus douce des allures ; vous allez moins vite, il est vrai, mais vous êtes bien plus à l'aise. À chaque instant, vous êtes le maître de vous arrêter pour étudier le paysage qui vous plaît, pour admirer les doux aspects qui passent devant vous, pour rendre à chacun sa bénédiction, son salut, ou son sourire. D'ailleurs, cette façon d'aller a ce grand avantage, que l'on voit à merveille toute chose dans cette horizon rétréci à plaisir. De cette contemplation méthodique, résulte un intérêt tranquille et tout puissant. Une fois votre parti pris de ne voir que ce qui est à votre portée, vous êtes sûr que pas un détail, si mince qu'il soit en apparence, ne saurait vous échapper ; or, c'est surtout par les détails inaperçus que vivent et se manifestent les chefs-d’œuvre.
STUBBS Paul - Une anatomie de l’icone - Ed Black Herald Press - P.L.
J’ai fini de lire "Une anatomie de l’icône" de Paul Stubbs. Mon appréciation n’a pas changé après la lecture des deux premiers poèmes. Elle n’a pas changé mais elle s’est enrichie. J’ai relu l’introduction et me suis demandé si le but que se propose l’auteur »d’expliquer par l’intermédiaire du langage en quoi il est nécessaire de vouloir croire en Dieu » , si ce but avait été atteint me concernant. La première impression, tenace, que j’ai après la lecture du livre, est que je sens de l’ironie de la part de l’auteur vis à vis de l’humain et ses croyances
religieuses.
Je me suis alors demandé quelle était la source étymologique des mots religion et croyance. Et j’ai eu la surprise en consultant mon Gaffiot d’apprendre qu’en latin le mot religio signifie primitivement « attention scrupuleuse, scrupule, délicatesse, conscience » et que le mot
credo signifie primitivement « avoir confiance » …
Je suis petit-fils de quatre instituteurs et la culture religieuse n’était pas transmise sur nos tombes … La lecture d’"Une anatomie de l’icône", associée à mes recherches étymologiques me permet aujourd’hui de sortir un peu de mon ignorance primitive, et me permet de relativiser mon idiotie naturelle…(Pour améliorer ma connaissance de façon plus générale j’envisage de lire un livre de Clément Rosset intitulé "Le Réel - traité de l’idiotie")…
J’ai proposé trois courts poèmes du recueil de Paul Stubbs pour la revue Lpb n°63 … ces trois textes étant envoyés de façon anonyme au comité de lectures, comme nous faisons désormais quand il s’agit de lire et publier de la poésie…
Un grand merci à Paul Stubbs de m’avoir permis de me confronter, une fois de plus, à mon idiotie naturelle. Mes félicitations à l’auteur et à la traductrice Blandine Longre.
SVEVO Italo - La conscience de Zeno - Ed. Folio _ P.L.
Fumer - La mort de mon père - Histoire de mon mariage - L’épouse et la maîtresse - Histoire d’une association commerciale - Psychanalyse . Le titre des chapitres donne une idée de l’histoire…
La conscience de Zeno est un récit qui se laisse lire sans trop de mal - qui ne séduit pas par des tournures de phrase ou par des images poétiques, un récit qui m’a intéressé par son sujet qui touche à la vie des gens à leur ordinaire, avec cette trouvaille de la psychanalyse qui fait sonner le livre comme une confession - c’est sans doute pour cela que le titre fait allusion à la conscience, pas véritablement à l’inconscience, caricaturée par l'auteur, mais allusion à la conscience qu’a Zeno de sa vie, de ses attentes et ses désirs, des valeurs de sa vie douillette. Pour moi, ce qui m’a le plus marqué, ce n’est pas l’écriture qui encore une fois n’a rien d’extraordinaire, c’est le mensonge et l’hypocrisie de la psychologie du narrateur : Zeno vit en permanence, page après page, avec le problème que pose le mensonge… à mon goût il ne faut jamais mentir. Mentir et se mentir c’est s’engager chaque fois dans la fiction . Il semblerait que le pack mensonge, hypocrisie, fabulation soit normal et admis dans la société toscane du début XXème, normal et admis par l’auteur du roman…
Tout le roman est centré sur le mensonge que concocte Zeno, sur son arrangement hypocrite avec sa vie hypocondriaque…La conscience de Zéno : un miroir renvoyant un impitoyable reflet…en cela un juste roman. Pas beau mais juste.