Le dépôt
Sardane (19) de G&J
SARDANE DE G&J
- PAGE BLANCHE
« Je préférais le blanc », ai-je dit.
« Blanc! » ricane-t-il. « Blanc sert de commencement. Le tissu blanc peut être teint. La page blanche peut être recouverte; la lumière blanche peut être cassée. »
« Dans ce cas, ce n’est plus blanc », ai-je dit. « Et celui qui casse une chose
pour découvrir ce qu'elle est, a quitté le chemin de la sagesse. »
G&J
- TU ME FENDS LE COEUR
Mis en charpie, en lambeaux, en morceaux, en pièces, déchiré.
YOU BREAK MY HEART
Cut to pieces, torn to pieces, to pieces, to pieces.
G&J
- SARDANE À PALS
L'ego est le legs de chaque moi qui trottine à la queue
leu leu de tous les autres legos d'ego qui enflent l’Ego
gore, avide d'egocide plus que d'égalité - cette gale
inégale qui s'égosille à défendre gorilles et dodos,
alors qu'elle marche dans leurs godasses. God save the dogs !
G&J
- Just a gest
To suggest
Our rest
Un simple geste
Qui suggère
Notre sieste
G&J
- No me
No one
No body
No ego
But
So
Many others
As me
Ni moi
Ni quelqu'un
Ni personne
Ni ego
Mais
Tant
D'autres
Comme moi
G&J
SOLITARY PARTICLE
Sphere of despair
Out of nowhere
How do you dare?
Sphere of despair
Lighter than air
Just so unfair
Sphere of despair
Digital square
But you don't care
Sphere of despair
Without firmware
We're now off air
PARTICULE SOLITAIRE
Sphère de désespoir
Sortie de nulle part
Comment oses-tu ?
Sphère de désespoir
Plus légère que l’air
Si injuste
Sphère de désespoir
Carré numérique
Mais tu t’en fous
Sphère de désespoir
Sans micrologiciel
Nous sommes hors antenne
G&J
Pour Cléanthe
les sphincters sacrés se contractent//se rétractent//se détractent
aux portes du Cancer et du Capricorne
que Platon appelle les deux orifices [La République, 614-615]
et les planètes retrouvent la position qu’elles avaient
au moment de la naissance du monde
en un loop unicursal ∞
donc la racine épitrite alliée au cinq (3x4x5)⁴
correspond vraisemblablement à 3 600 x 3 600
soit le 30e de cette valeur dépictée
G&J
Rouge
Ma femme m’enseigne l’ardent rouge
Mon mentor m’apprend à suivre cette flamme
Mais j’ai choisi le jaune… le jaune…
Et mon cœur, mes yeux et ma chanson, verts.
Quel triangle amoureux ai-je là.
Ma femme me dit que je bois trop d’eau
L’eau, pour moi, c’est une chance… Je suce la bouteille
Une vile habitude
Pour de l’eau
Mais pas pour une bière, est-ce mal ?
J’aime l’eau, et elle me fait du mal, oui
Il n’y a pas de nourriture irréprochable… sans air
Une pensée draine même les autres :
Un vent qui bloque.
Si tu savais manger des fruits, respirer et garder l’esprit vide,
tu n’aurais jamais à donner quelque chose au monde, pas un seul
morceau de travail.
Ce n’est pas égoïste, pas besoin de déchets, pas besoin de bébés, ni
besoin de conquête d’abondance.
Allez-vous blâmer la sauterelle de vivre la vie à sa façon?
La philosophie de la consommation est égoïste. travailler et donner de
l’amour, croire que cela justifie le mérite de la dépense sur des cellules souches de bébés, ou un océan rempli de déchets, tailler un nouveau trou dans le ciel, non…
Mais j’essayais d’écrire un poème sur l’amour. Et maintenant je pense savoir ce qui est en mon amour.
Buvez-moi.
G&J
Rien n’appartient à rien.
Je suis assis dans un bar
en train de déguster un café.
Une mouche semble dormir
sur la serviette en papier.
Je dois réveiller l’insecte
pour essuyer mes lunettes.
Il y a une jolie personne.
Je préfère la surveiller.
Rien n’appartient à rien.
Nothing belongs to nothing.
I’m sitting in a bar
Enjoying a cup of coffee.
A fly seems to sleep
on the paper towel.
I have to wake the bug
to wipe my glasses.
There’s a pretty person.
I’d rather watch her.
Nothing belongs to nothing.
G&J
Ce poème bilingue est construit selon le plan d’un poème de Richard Brautigan extrait de The Pill versus the Spinghill Mine disaster (1968). Le poème (bénéficie ?) de certaines retouches à notre goût (titre, mots) et d’un dictat qui propulse le plan de Richard Brautigan dans une troisième dimension.
This bilingual poem is built according to the plan of a poem by Richard Brautigan
Extract from The Pill versus the Spinghill Mine disaster (1968). The poem (benefits?)
some alterations to our liking (title, words) and a dictation that propels Richard Brautigan’s plan
in a third dimension.
G&J
RAPPEL
Pastiche veut dire pâté en italien…c’est à dire mélange… un pastiche est un mélange entre une oeuvre originale et une réinterprétation. Si la réinterprétation ne tire pas l'oeuvre vers le bas, dans le sens servile ou parodique, elle peut tirer l’oeuvre vers le haut.
Quand nous disons que rien n’appartient à rien, ce qui semble une tautologie signifie en fait que l’appartenance, le fait d’appartenir, la propriété, est une certitude ancrée dans nos esprits mais c’est un vol mental, un mensonge fondamental. Rien n’appartient à personne. Notre langue ne nous appartient pas.
Notre argent ne nous appartient pas. Nos poèmes ne nous appartiennent pas. Notre espèce n’appartient pas à Sapiens Sapiens. Aucune réalité n’appartient à un mot. Nul n’appartient.
Nul ne s’appartient.
Nous sommes de simples locataires de nos corps, de nos codes, de nos mots, de nos vie, de nos sexes.
RECALL
Pastiche means pie in Italian… that is to say mix… a pastiche is a mixture
between an original work and a reinterpretation. If the reinterpretation does not draw the work
down, in the servile or parodic sense, she can pull the work up.
When we say that nothing belongs to nothing, what seems like a tautology actually means that membership,
belonging, property, is a certainty anchored in our minds but it is a mental theft, a fundamental lie.
Nothing belongs to anyone. Our language does not belong to us. Our money does not belong to us.
Our poems do not belong to us. Our species does not belong to Sapiens Sapiens. No reality belongs to a word.
No one belongs. No one belongs to herself. We are mere tenants of our bodies, our codes, our words, our life, our sexes.
G&J
Nous sommes tout à fait d’accord que la propriété est une illusion. Sans elle, il n’y aurait rien, mais l’illusion est toujours là comme une
illusion. Parfois, c’est une illusion agréable. Si l’illusion est
agréable, profitez-en! Saisir la vérité, (comme les grecs l’ont appelé "le
dévoilement", qui est un double négatif) ne devrait pas nuire à notre bonheur, il devrait l’augmenter. La vérité est douce, quand l’esprit est prêt à recevoir. Transcender l’illusion est une pratique, oui, un chemin vers l'ultime grand tralala... mais si nous ne jouissions pas du chemin, la mouche dans notre poème, comme je l’ai fait, nous ne serions pas pratiquants. Les noeuds de réalité sont en mots, visions, comme tous les mensonges sont vrais à un degré, et tous les mots ne sont jamais plus qu’à moitié vrais. Le voile est là, et sans lui, il n’y aurait pas de dévoilement.
Que le blanc soit avec nous.
G&J
We agree completely that ownership is a complete illusion. Without it,
there wouldn't be anything, but the illusion is still there as an
illusion. Sometimes it is an enjoyable illusion. If the illusion is
enjoyable, enjoy it! Grasping the truth, (as the greeks called it "the
unveiling", which is a double-negative) should not harm our happiness,
it should increase it. Truth is sweet, when the mind is ready to
receive it. Transcending the illusion is a practice, yes, a path to
ultimate grand tralala... but if we do not enjoy the path, the fly in
your poem, as I did, we would not be practicing. The knots of reality
are in words, visions, as all lies are true to a point, and all words
are never more than half-true. The veil is there, and without it,
there would be no unveiling.
May the white be with us.
G&J
Bonjour, je vous envoie une petite série de poèmes, merci
G&J
Aux soeurs V.
laissé dans la blancheur
train file
Helsinki tracé minéral
Laissé dans la blancheur
plaine boxée
étoiles mouillées
G&J