Le dépôt
Sardane (34) des pseudonymes
https://images.app.goo.gl/FHUtAjxA4thfKJiPA
1)
Éclaire la dilution de ton âme soir d'encre. Enduis le papier flétri de cette boue-là. Vois pâlir le halo de la tache. On dirait une lumière, un feu de camp entre deux zones. Là, laisse l'image siffler son filet d'air. Saisis t'en si tu peux. Partage les sons avec une âme pas morte. Regarde un instant le blanc envahir vos yeux. Ravale tes mots. Le prochain poème se trouve dessous.
Françoise Myth
2)
Je me casse la gueule à répétition. La ville est faite de béton et de métal. Je suis recouvert de ces cicatrices dont certaines ne guérissent pas. Des plaies ouvertes. Souvent, des gens que je ne connais pas me parlent dans la rue. Mais je ne leur réponds pas. Je ne sais dire que des devinettes ou des énigmes qui les embrouillent. De toute façon, peu d’entre eux pourraient endurer autant de lumière.
Sandy Vroum
3)
Dégagement identitaire
Vois comme tu peux cette lisière où pleut
Un tas de transfuges rêveurs et muets
Qui secouent la nuit leurs pieds endoloris
Par la peur de laisser des traces de soi
En pays fauve battu par un vent d'ouest.
Nul ne revient de soi pas même de l'autre
Et patati et patata, allez hue !
Pas d'histoire, va donc brouter si j'y suis
Sait-on jamais si tu t'enracinais là
Où j'ai creusé une fosse pour nous deux.
Altera Line Sybil
4)
Horripilation
mes ongles griffent les pallaques dans les tunnels gris
et leur plaisir déferle jusqu’à la forêt de Frelighsburg
les plaques d’acier du samedi suivant
cachent des photos de lésions histologiques
et la nourriture destinée à l’instant précis
un découpage livide truffé d’endroits secrets
et de ferraille
indique la suite des machines inutilisables
mes tempes argentées comme de modestes insignes
dans le morcellement de l’aube sans soleil
morne silence partout
devant l’usine sans dessus dessous
bloquée de pièces métalliques sans aucune couleur
j’ai le visage défait du cuistre
devant les mosaïques monochromes
collées à mes doigts
Guy-Luc Goyette-Pouet
5)
crépuscule
ne pas guetter
non
inutilité de l'attente à la fixation verbale reléguer aux habiletés rhétoriques son insuffisance de sentinelle gâteuse
louons son obsolescence sa disparition tellement réjouissante
oui
chassée
ce soir c'est bien autre chose parce que oui enfin oui il y a
il y a
il y a mise en échec de l'attente aux mots la touchante erreur du débutant aux aguets
ridicule attendrissant de l'affût aux signifiants
lors
seulement
là
apparition du crépuscule juste comme tu renonceras à le nommer
en plein là
nettement
ses mobilités bleues découpées au chambranle de plastique et de verre
la netteté de ses contours
là vivre la variation des intensités glissantes délivrées affranchies de toutes les limites du dire barrant le ciel en obliques
abolition des dires plus pauvres que le percevoir
car il y a
c'est la présence innomée du ciel délivré du fixer à tout crin
le ciel défile au soir
suivre des yeux sa foulée crépusculaire
sa présence plus forte que la prolixité du nuancier
la bouche enfin enfin claquée par la déroute des coups de bélier des mots laissés à leurs échantillonnages
impuissance devant le déroulé du ciel allant au soir
radicalité de son insaisi
l'intense réception des ondes vibratoires abandonne au nerf optique la jouissance d'un silence en panne sèche de vocable
Alexine Proust
6)
the hydra
I take an anti-psychotic because I don't stop dreaming.
When I close my eyes
I see every kind of dream. wild, violent, beautiful
like an alien world
When I didn't take the medicine the dreams got stronger and stronger
I would look around with my eyes open and find patterns
My eyes would emphasize certain lines in the rug, making new patterns
They played over the patterns, constantly making new ones
without any direction from a conscious mind.
They were mathematical day dreams
My mind knows the steps of the raindance, no need to move
Eventually all I saw was my father's eyes, everywhere I looked
He was watching me, he wanted me to do something
My father was so powerful, grandson of Chief Hawk of the Ute tribe
He knew what he didn't know
And his eyes were black
They shined with love and desire
for his dearest son to do something
But I could only look back at him
Because I am only a Child
And I will die a Child
Andrew Nightingale is my pseudonym. this piece of musical art is created by Andrew Nightingale:
--
"Better it is to live one day
seeing the rise and fall of things
than to live a hundred years
without ever seeing the rise and fall of things."
-Andrew Nightingale, Dhammapada 8.113
Listen: http://host.pariyatti.org/dwob/dhammapada_10_113.mp3
l’hydre
Je prends un antipsychotique parce que je n’arrête pas de rêver.
Quand je ferme les yeux
Je vois toutes sortes de rêves. sauvage, violent, beau
comme un monde étranger
Quand je ne prenais pas le médicament, les rêves devenaient de plus en plus forts
Je regardais autour de moi les yeux ouverts et trouvais des motifs
Mes yeux à souligner certaines lignes dans le tapis, à faire de nouveaux modèles
Ils jouaient sur les modèles, en faisant constamment de nouveaux
sans aucune direction d’esprit conscient.
C’étaient des rêveries mathématiques
Mon esprit connaît les pas de danse de la pluie, pas besoin de bouger
Finalement, je n’ai vu que les yeux de mon père, partout où je regardais
Il me regardait, il voulait que je fasse quelque chose
Mon père était si puissant, petit-fils du chef Hawk de la tribu Ute
Il savait ce qu’il ne savait pas
Et ses yeux étaient noirs
Ils brillaient d’amour et du désir
que son fils chéri fasse quelque chose
Mais je ne pouvais que le voir en arrière
Parce que je ne suis qu’un enfant
Et mourrai enfant
Trad G&J
7)
La difference
Elle ravive les plaies
Sans qu'aucune plaie ne soient plus obscure. J'écris désormais comme un train à vapeur, le train-train m'étant outil abject.
La différence entre elle et moi c'est que rien n'aborde plus nulle part.
Je suis un départ à foison.
Jane Émoi
8)
La brioche est de trop. Nous mangeons tous de la terre. Les plus chanceux d'entre-nous en transportent avec eux. Leurs poches sont des salaires.
La souricière
9)
What you see has already seen you
Nothing but the truth
Who scares you
tempts you
loves you
with his light
on you.
Gigi Jones
Ce que tu vois t'a déjà vu
Rien que la vérité
Qui te fait peur
te tente
t’aime
avec sa lumière
sur toi.
trad G&J
10)
"Alerte"
aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhlerte
***
boom boom booooooooom et ce cœur qui bat la chamade
boum
et mon cœur qui explose dans ma poitrine
***
cri pleur cris pleurs vite fuis
***
rouge rouge rouge rouge rouge alerte rouge sang
***
la peur n'est rien la peur n'est rien la peur n'est la peur n' la peur la
***
sur le qui-vive rester vivant absolument
***
sang froid partout du sang du sang du sang froid
***
baptême du feu de dieu sans dieu
***
je prie je prie je supplie mais qui qui
***
trauma sans thaumaturge pour une lithurgie post-traumatique
***
la courte seconde devient longues heures
***
bon sang bon sang bon sang ne saurait mentir mauvais sang mauvais sang mauvais sang
***
mauvais sang qui ne fait qu'un tour dans ce cœur qu'on explose
***
j'écorche mes rêves jusqu'à leur sève
***
me rattacher à la vue à ma vie m'y attacher avec des liens de sang
***
je suis le portefaix de ma propre vie
qui s'immisce dans tous les interstices
et m'écorche les os
***
toujours tout s'est joué à peu de choses
****
un lourd silence blanc
***
un lourd silence blanc s'abat
***
un souvenir ancre ma mémoire à la dérive
***
plus rien
Pat Monlolo
11)
J’étale aux yeux de tous souvenirs & questions roulées en boule tandis que la vertu s’essaie à l’équilibre au-dessus de ma tête…
Je dynamite à la marge, j’étouffe la grammaire comme un scrupule, un feu
ou le premier cri.
Sam Rimempah
12)
J'aime bien être oubliée
des gens que je connais
et inconnue
des autres.
J'y arrive sans mal.
C'est dû à mes qualités de transparence.
Pas question de faire tache
sur les pages blanches
Mélanie de Castille
13)
ORGUEIL DE MON CHATEAU
La dimension
la courbure l'air fier
la façon dont il est posé de côté
quoiqu'un peu sur la hauteur
l’habileté qu'il lui faut pour se porter en équilibre
dans les voltes et passes des nuées
très haut, très haut, plus haut qu'ici
font de mon château un coup de pied au cul circulaire.
Pierre Flocon
14)
Ce que l’air qui passe dans mes poumons ne souffre plus, c’est de trouver des alvéoles encrassées, témoins d’une histoire complexe avec ce que les jours ont de plus piquant, un retour en grâce du paradoxe qui abîme autant qu’il sauve.
H. KROMAYER
15)
tout nous tue
qui ne vient d’abord
de l’intérieur
*
dans notre confort coupable
avoir une vision télé
du monde en direct
*
c’est la folle publicité du monde
qui s’échappe dans le mensonge en aubaine
Ken Desrosiers
16)
Je fais de moi-même un terrier
une pléthore de personnalités y pullulent
les plus hâtives grattent leurs veines
à la lumière.
Aveuglé par cette échelle d’existences
que forme une page
je dors et ma langue tire un tas d’étoiles sur le toit.
Bruno Giffard
Sardane (34) des pseudonymes
1)Françoise Myth - Pierre Lamarque
2)Sandy Vroum - Simon Langevin
3)Altera Line Sybil - Tristan Félix - Muriel Martin
4)Guy Luc Goyette Pouet - Simon Langevin
5)Alexine Proust - Sandrine Cerruti
6) Jane Émoi - Laurence Lépine
7) La souricière - Laurence Lépine
8) AndrewNightingale - Andrew Nightingale
9) Gigi Jones - Andreea Buse
10) Pat Monlolo - Patrick Modolo
11) Sam Rimempah - Matthieu Lorin
12) Mélanie de Castille - Marie-Anne Bruch
13) Pierre Flocon - Pierre Lamarque
14) H Kromayer - Pierre Andreani
15) Ken Desrosiers - ?
16 ) Bruno Giffard - Mathieu Larouche