Le dépôt
La transprose à points - Notules d'Isabelle H et Laurence Lépine
D'invisibles petits rectangles gris
Isabelle H
Pour une meilleure lecture de la poésie je propose que les espaces libres entre les lettres, mots ou groupes de mots de la transprose soient représentés par des points. Deux exemples :
1) P……………………………………………………………………………………………O
2) Interlude
ce visage endormi que tes yeux éclaboussent…………de ce bleu si profond où la nuit………………je ramasse…………ce qu’il faut de trajet de tes lèvres à ma bouche………………pour pouvoir le matin s’arrêter…………………se suspendre au bord………………du temps qui passe………………comme deux grands oiseaux………………alourdis par la pluie………………font sécher au soleil…………………leurs plumes d’oreillers
Cécile Coulon, Les ronces
Transprosé
Pour la forme du poème
Laurence Lépine
J’aime la lecture du poème que j’appelle « cube » composé de quelques vers en cascades qui donne l’impression d’un cube ( en général ce poème arrive très vite - je parle de son écriture, à la façon dont le frigidaire fait les glaçons ! on l’a à peine entendu, il est déjà là ! Beau comme un cube).
Mais j’aime aussi le poème rectangle avec ses espaces où respirer, et comme je l’ai lu dans votre théorisation, où l’on se sent plus accueilli, où l’oeil se repose en effectuant un mouvement naturel ( l’exemple de Cécile Coulon est très parlant).
Je pense aussi au mot si cher à Celan, Stehen (rester, rester debout), à sa poésie en forme de cheminée, même pas de cascade mais de cheminée ou de corps squelettiques d’hommes debout en face de la barbarie.
En lisant les différents textes en transprose, sont apparus tout à coup dans les espaces de respiration d’invisibles petits rectangles gris je crois, verticaux, comme si Stehen devenait un menhir ou un pilier de la respiration.