Le dépôt
Pierre Lamarque - Retour sur les origines de la transprose
c’est la transprose, mot inventé par Patrick Modolo, joyeux luron responsable de la page « Sans dessus dessous » de la revue Lpb , qui m’a donné l’idée d’écrire comme des "défilés de mots" avec lesquels on doit faire des phrases : d’abord pour ce poème en particulier intitulé "Salut du Président (Crédit Agricole France)", mais c’est vrai aussi pour les précédentes transposes d'Isabelle H. J’écris mon texte normalement, banalement, avec les dents, ensuite je supprime le plus possible les postillons pour ne garder que les signifiants et laisser libre cours aux signifiés. J’aère le texte et l’aligne sur l’horizon - de verticale la poésie redevient horizontale comme la prose, avec des blancs dans leur jus alternant avec le choc des mots de façon à créer une mousse de lecture légère, aérienne et compacte : donnant toute la place au mot, ne faisant que suggérer l’image et sa syntaxe habituelle où règnent adverbes et pronoms, et autres chevilles, petits évènements de langage, postillons. Et effectivement je me suis rendu compte que la poésie est faite pour être dite avec la voix qui parle à l’oreille plutôt que faite pour être vue du coin de l’oeil seulement. Ce que ne disent pas les yeux, la voix le dit, et peut le rendre - pourvu que l'on se prête au jeu, la voix peut dire les choses de façon tout à fait vibrante (lyrique), expressive, ou suggestive, dans tous les cas riche et naturelle, d'autant mieux si c’est l’orateur-auteur lui-même qui dit son texte à voix haute - ou basse, selon, avec sa propre mélodie, son propre rythme, sa propre émotion (Léon reconnait quelqu’un à sa voix)… Ce serait bien si nous développions dans le dépôt une page de l’article transprose consacrée à la poésie vocale et aussi, grâce à la transprose, consacrée au rôle retrouvé de la voix dans la poésie …Par la voix, par ses mots prononcés et par ses silences, la transprose aide au déroulement heureux et nuancé des émotions, même intenses.