La
page
blanche

Les éditions Lpb

Radio Boulevard - Jérôme Fortin
Poche - 228 pages - 15 €
Paru le 15/2/2023 - EAN 9782958614324
Disponible sur commande en librairie
et sur les plateformes en ligne.

Radio Boulevard Jérôme Fortin

Du haut du Sacré-Cœur il contemple la vaste étendue de douleur qui, jusqu’à la tour Montparnasse, et au-delà, s’étend, s’étend avant de s’évaporer dans des horizons qu’il ignore. Dans le ciel surplombant la ville se bousculent les milliards et milliards d’ondes radio émises par les satellites de télécommunication. De ce ciel terrifié surgissent parfois des étincelles qui font craindre un terrible incendie. « Tout va bientôt brûler! » gueule-t-il soudain, effrayant les touristes en train de photographier la cathédrale. « Regardez ces nuages pleins de haine! ». Il prend une grosse gorgée de Sire de Beaupré, qui coule dans sa gorge comme du jus de raisin. « Fuck you ! » gueule-t-il, se laissant glisser le long de la rampe de l’escalier pour handicapés. « Fuck you all ! »

À propos

Radio Boulevard est un roman qui dresse un portrait satirique des trois dernières années de folie qu'on vient de traverser. Danse Moderne est plus lunaire, plus intimiste et "beckettien". Il s'agit d'un « cahier », donc d'un assemblage de textes en prose, en vers et de notes critiques rédigées pour la page blanche.

L'écriture de Jérôme Fortin est faite d'expérimentations au niveau des alliages de mots et des structures narratives. Au niveau des thèmes, ce qui revient souvent, ce sont les diverses formes d'aliénations et d'infantilisation de l'individu. Il trouve Pierre Bourdieu et Guy Debord très inspirants sur ce point. il aime aussi beaucoup e.e. Cummings pour sa modernité et son talent de portraitiste/caricaturiste. Queneau, Beckett, Vian pour leur inventivité, leur humour absurde, leur désespoir. On retrouve certainement des influences de tous ces gens dans ses romans et poèmes.

Son écriture, elle ressemble à ça : "C'est drôle, on dirait que plus on se dépeuple, plus on s'asphyxie. Enfin, ce n'est pas drôle dans le sens qu'on se tape sur la cuisse en pleurant de rire, il y a la télé pour ça. Pourtant, lorsqu'on est pris au milieu d'une foule, on a souvent l'impression d'étouffer, ne serait-ce qu'en raison d'un excès de gaz respiratoires ou d'effluves anales. On rêve alors d'être seul sur sa planète comme le petit prince. Il ne s'agit pas, bien-sûr, d'un raisonnement que je vais tenter de développer ou d'expliquer. Il y a longtemps que j'ai abandonné cette idée. Cette recherche de sens. J'ai d'ailleurs atteint ce seuil de dépeuplement où plus rien n'a à être justifié à personne. Je me sens bien dans l'invisibilité des choses. Ne comptez pas sur moi pour inventer une réalité."

Commentaire de Pierre Lamarque

Les patchworks de "Radio boulevard » de Jérôme Fortin apparentent la construction de son premier livre à un élégant habit d’Arlequin : des pièces fulgurantes, portraits, couples, situations, pointes folles, ciels d'Europe, le tout cousu main pardessus un mannequin nu au soleil de Milan… de la fine ouvrage. Le roman de Jérôme Fortin porte un coup à une foi de lecteur ko debout, et laisse une bouffée de nouveaux variants et mutants dans la littérature de notre obscurantisme moyenâgeux… Anna et Aurélien, Nellie et les autres sont des personnages en tenues vives, leurs pieds plongent dans un monde irréel dit réel. Le dit de ce roman est une métaphore de notre broussailleuse planète vue du ciel à l’instant t d'une pandémie. Une réussite à lire absolument dès le premier jour des vacances. L’esprit sans préjugés sera dégagé des soucis du quotidien.

Commenataire de Jean-Michel Maubert

Une voix vivante, vibrante, vivace. Des images qui s'impriment dans la tête. Une tonalité singulière - l'ironie, fraîche et évidente comme l'air qu'on respire. Des fragments de monde, saisis dans le flux élégant et tranchant des phrases. A lire de toute urgence !

L'auteur(e)

Canadien exilé en France pour fuir le froid polaire, Jérôme Fortin est notre bien-aimé directeur des Éditions LPB et évidemment un membre phare de la revue, qui publie chez LPB : "Danse moderne", "Radio boulevard" et "Thomas".
Il a étudié un peu la littérature, puis (beaucoup) la science.