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L'hypothèse Kafka Jean-Michel Maubert
Enfant, il lui arrivait de prendre dans ses mains un petit animal mourant. La première fois, ce fut un oisillon qui avait percuté une vitre, la nuque brisée, les yeux s’opacifiant brutalement. Il éprouva une forte douleur à la nuque, se sentit défaillir. Il dut s’asseoir par terre, respirant difficilement, la tête dans un étau, le sang cognant avec brutalité contre les parois de son crâne.
À propos
Hormis la première, il s'agit de brèves histoires. D'un ensemble de textes construit avec des briquettes, de courtes propositions indépendantes, comme si la respiration du conteur était haletante. Il faut dire que l’inspiration diverse de ces récits est proche de celle du cinéaste David Cronenberg. L’auteur de ces nouvelles est connu pour sa défense des animaux qu’il considère comme des personnes : "Je sens la douleur d’un ver de terre blessé coincé sous une pierre". L'ensemble des nouvelles exploite des sentiments de terreur, d’horreur, d’étrange, d’inquiétude, d’absurdité (cf la courte nouvelle intitulée ‘La route’ ), de catastrophe. L’écrivain fait découvrir au lecteur un autre monde, inimaginable pour lui, par un art troublant de la mise en scène et de la chute finale et par l’impression de coller à la réalité et à la vérité grâce à l’élocution du texte, sa ponctuation, son rythme : "Des faces de pantins aux yeux cousus. Traits épais. Masques peints. Mains de bois. De fil de fer. Cheveux en ficelle. Noire. Jaune. Oui, ça crie."
Ce livre révèle la grande dimension de l’imagination et l’implacable logique de l’écrivain. On peut dire « l’immense écrivain de nouvelles brèves ». L’hypothèse Kafka est un livre invraisemblable à offrir à ses amis, un livre que j’offrirai pour un moment de plaisir.