Bureau de traduction
Rambam Was Here
The house remains lonely and sighs
On the dark street of Fez Medina
Pools of ancient music evaporate
The door slightly opens into a Chinese restaurant
Empty, two Moroccan workers side by side
A plaque outside, translated by our guide
“Here lived the scholar of medieval times
Maimonides in exile from Cordoba
Rambam--Moses ben Maimon
Transcribed Mishna commentary
Translated old dusty manuscripts
A doctor trapped by destiny
Healing others in order to survive
Losing his brother, his fortune
In the darkness of the seas
Unable to accept consolation
Long caravans to Egypt
Some said that he was the last
Descendent of King David
He compiled 13 principles of faith
Concluding universally that
The purpose of the human race,
Of each woman and man,
Is to become prophets of their own fate.
Rambam était là
La maison reste seule et soupire
Dans la rue sombre de la Fez Medina
Des bassins de musique ancienne s’évaporent
La porte s’entrouvre sur un restaurant chinois
vide, deux employés marocains côte à côte
Une plaque à l’extérieur, traduite par notre guide
« Ici vivait l’érudit des temps médiévaux
Maimonides en exil de Cordoue
Rambam-Moses ben Maimon »
Transcription d’un commentaire de Mishna
Traduit d’un vieux manuscrit poussièreux
Un docteur piégé par le destin
Ayant guéri les autres pour survivre
Ayant perdu son frère, sa fortune
Dans l’obscurité des mers
Incapable d’accepter la consolation`
De longues caravanes vers l’Egypte
Certains ont dit qu’il était le dernier
Descendant du roi David
Il compila treize principes de foi
Concluant universellement que
Le but de l’espèce humaine,
De chaque femme et de chaque homme,
Est de devenir prohètes de leur propre destin.
Eye-Moon Crescent in Morocco
The eyelid of the moon just opened
The wind is never quiet in the desert
Dunes of no return, caravans not ever stopping
Where rain falls invisible leaving no trace
Shape shifting humps reveal a sphinx
At the edge of a hill beside the fire
As still the blind Berber quietly drums
Recalling words in a Punic language
The winds grow louder as one stops
Sahara silhouettes from Tuareg past
Morocco loco, windy, stormy sounds of Joujouka
Paul Bowls and Brion Gysin conducting
A belly dancer gyrates with snakes in her hair
The dervish circle of drummers burning the cacti
Gnawa and Maghreb beats, drums, clickety-clacks
Over the dried palm trees, crazy in their inner dazzle
Sand-mountains, sand-falls, the waterfalls of sand
Sliding through the hourglass funnel, skipping a millennium
As the dead are still waiting their turn
A long string of camels disappearing in the distance
Croissant d’oeil de lune au Maroc
La paupière de la lune vient de s’ouvrir
Le vent n’est jamais calme dans le désert
Dunes de non-retour, caravanes qui ne s’arrêtent jamais
Où la pluie tombe invisible ne laissant nulle trace
Les bosses aux formes changeantes révèlent un sphinx
Au bord d’une colline près du feu
Comme toujours le berbère aveugle doucement tambourine
Évoquant des mots d’une langue punique
Les vents viennent plus fort quand on s’arrête
Silhouettes sahariennes d’un passé touareg
Morocco loco, sons venteux, orageux de Joujouka
Paul Bowls et Brion Gysin en chefs d’orchestre
Une danseuse du ventre tournoie, des serpents dans les cheveux
Le cercle derviche des tambours brûle les cactus
Gwana et le Maghreb frappent, tambourinent et cliquètent
Au-dessus des palmiers secs, fous d’éblouissement
Les montagnes de sable, les cascades de sable, les cataractes de sable
Glissent dans l’entonnoir du sablier, sautent un millénaire
Comme des morts attendant encore leur tour
Une longue chaine de chameaux disparaît au loin
This poem went through me
Garibaldi is walking small dogs
In Washington Square park
Clouds searching, birds watching
I can hear myself thinking aloud
Magnolias are blooming wildly
Bleeding colors on the passing tourists
Coffee in hand, earbuds, hoodies
Cityscape breaks above like metal weeds
on the edge of an afternoon tuba shouting
from a jazz band near the fountain,
Giant soap bubbles floating through the Tarot reader
wearing a grey dunce-wizard hat, eyes closed
The black & white ghost of Andre Kertez
Jumps from the roof of a building
Overlooking the park from Fifth avenue
shooting pictures while falling through time
The shape of an angry spring wind
Blows away all my contradictions
The loneliness of a poet in a crowded park
Writing a poem escaping from his soul.
Ce poème m’a traversé
Garibaldi promène ses petits chiens
Dans le parc de Washington square
Poursuivant les nuages, observant les oiseaux
J’arrive à m’entendre penser tout haut
Les magniolias fleurissent sauvagement
Couleurs sanguinolentes sur les touristes de passage
Café à la main, oreillettes, capuche
Au-dessus le paysage urbain se brise en herbes métalliques
En bord d’après-midi quand le tuba
D’un groupe de jazz crie près de la fontaine
Des bulles de savon géantes traversent en flottant le tireur de tarot
Au bonnet de sorcier d’âne gris, aux yeux fermés
Le fantôme black&white d’André Kertez
Saute du sommet d’un building
Avec vue sur le parc depuis la cinquième avenue
Prendre des photos tout en tombant du temps
La forme d’un vent de printemps en colère
Ça efface toutes mes contradictions
La solitude d’un poète dans un parc bondé
Écrire un poème s’échappant de son âme
Valery Oistéanu
Traduction de Gilles&John