poètes du monde
DADA vit @u MoMA de New York
DADA
musée d'art moderne
Juin 18-Septembre 11, 2006
« Qu'est-ce que Dada ? » demanda Theo Doesburg. La réponse de Tristan Tzara fusa : « Dada est un esprit. »
Il y a cent ans en Europe de l'Est, une révolution complexe avait lieu par contamination endémique du nouveau. « Tu te lasseras de l'ancien », avait prédit Guillaume Apollinaire dans sa poésie "Zone" (1912). En Europe de l'Est, le Tsar russe vient d'interdire l'art progressif venu de l'ouest par le théâtre Yiddish, faisant le lit des pogroms anti-juifs. Les groupes Socialo-Marxistes en Allemagne, Russie et Pologne essayent des coups politiques, mais échouent. Des artistes se lèvent pour protester contre le militarisme, l'utopie fasciste et l'antisémitisme rampants. Avant la naissance Dada à Zurich de 1916, il y avait déjà eu des arts d'avant-garde en mouvements dispersés, les expressionnistes, les cubistes, les abstractionnistes - dans des milieux urbains tels que Paris (Alfred Jarry's Ubu), New York et Berlin.
De même, en même temps que l'Europe de l'Est était un germoir de la guerre mécanisée elle était un germoir pour un art nouvellement imaginatif : Rayonnisme de Larionov à Moscou ; Fictions de l'Absurde d'Urmuz à Bucarest ; Kafka avec son propre « absurdisme » à Prague ; le Magazine de Lajos Kassak, « Ma » de Budapest. Ils étaient tous des précurseurs de Dada.
Alors, vinrent les messagers du Novissimus, vinrent la plupart des expressions filtrées au loin comme des sucs nouveaux : Wassily Kandinsky en bleu, dans le groupe des cavaliers du Blaue Reiter ; le Suprématisme en blanc de Kasimir Malevitch ; Apollinaire (en habit polaire, avec sa rapière polonaise et sa dague vénitienne) à Paris ; Brancusi, un Roumain, transportant à pieds, à travers l'Europe piétinée, solitaire suiveur des rails vers Paris, sa beauté abstraite. Conscrits d'armée roumaine, échappées de Serner, de Tristan Tzara, de Claude et de Marcel Ianco le Roumain, échappée belle à Zurich pour exporter le théâtre d'avant-garde avec l'accent roumain au cabaret Voltaire. À ce jour le mot était lâché : Dada.
Dès le début la langue Dada a été mal comprise, attaquée, interdite, exilée, confisquée, arrêtée, brûlée. Les communistes l'ont appelée décadente ; les Nazis l'ont classée dégénérée ; la bourgeoisie l'a trouvée incompréhensible ; même les Surréalistes l'ont déclarée "morte" en 1923.
Il est dur de croire que, 90 ans après sa naissance, un gouvernement américain commandite maintenant la plus grande exposition de Dada jamais vue, comportant plus de 450 travaux de presque 50 artistes, d'abord à la galerie nationale d'art à Washington et maintenant au musée d'art moderne à New York. L'exposition a commencé au Georges Pompidou Center à Paris avec 2.000 objets façonnés, dessins et modèles à l'affichage chaotique et excentrique (elle s'est terminée en janvier). Cette exposition a été montrée sous les auspices du gouvernement français ; il est dur de penser que ce qui a commencé comme un mouvement d'art anti-institutionnel soit aujourd'hui commandité par des agents de l'état.
Comme conservateur, Anne Umland du MOMA précise lors de l'inauguration qu'il y a deux entrées à l'exposition : Celle de gauche mène au "New-York-Dada", avec dessins et épreuves de Marcel Duchamp, celle de droite va à "Zurich-Dada", montrant masques et marionnettes du cabaret Voltaire. D'autres entrées sont moins évidentes, mais le fait est indéniable que Dada, qui vient de la banquise de l'Est européen du début du XXème siècle, dérive maintenant vers la gauche de New-York.
Presque la moitié de tous les praticiens actifs de Dada étaient d'Europe de l'Est ou juifs d'ascendance européenne orientale. La plupart d'entre eux, malheureusement, ne sont pas représentés dans l'exposition de Dada. Les artistes négligés de Roumanie incluent Brancusi et Arthur Segal ; de Russie : Burlijuk, Stravinsky, Kandinsky, Archipenko et Sonia Delaunay ; de Pologne : Sczuka, Slodki et Jasienski ; de Croatie : Dragan Alecsici, Micic, Branko et Polianski ; de Hongrie : Moholy-Nagy, Huszar et Palopovski ; de Tchécoslovaquie : Teige, Walter Serner et Matousek ; de Slovénie : Kosovel, Delak et Kogoj.
Après la mort de Tzara à Paris en 1963, j'ai commencé à rechercher son legs philosophique et spirituel. J'ai découvert qu'une partie essentielle de sa philosophie avait été totalement ignorée, qui continue d'être négligée aujourd'hui. Dada était pour Tzara une recherche spirituelle ; dans ses manifestes et conférences, Dada a formé le premier mouvement humaniste contemporain d'art qui fût multiculturel, pacifiste et anti-inhumanité. Comme il a été écrit pendant la Première Guerre Mondiale : « Dada est l'abolition des incapables de la création. Dada est la croyance dans le dieu de la spontanéité. Dada est le hurlement du point douloureux. Dada est à cheval sur la vie, Dada est à cheval sur la liberté, Dada est à cheval sur le point de réunion de toutes les contradictions. Point focal de toutes les choses contraires, épicentre des épiphanies divines. »
« Dada est la religion suprême des sentiments vrais...le monde a sombré, plein d'aliénés; l'artiste s'amuse avec cette folie - un geste très raisonnable - Jetez au loin les vieilles règles, manœuvrez vos chances, Dada est un virus qui passera par votre cerveau seulement aux endroits vierges où le conventionnel n'est pas ! »
Quatre années après l'arrivée de Tzara à Paris en 1920, huit ans après l'éruption Dada, Breton André a détourné les manifestes du mouvement et les artistes eux-mêmes pour créer le mouvement surréaliste en 1924. Il s'est engouffré dans la serrure, les actions, et le baril Dada.
Flash vers l'avant-garde encore au MOMA, où l'objet exposé, sophistiqué et courant, est un peu didactique, un peu sensationnel mais élégamment montré. La chronologie est classée en sept périodes et six villes. Berlin, Cologne et Hanovre sont représentés par Max Ernst, Hans Arp, Sophie Taeuber-Arp, Hanna Hoch, John Heartfield, Johannes Baargeld, Raoul Hausman et Kurt Schwitters, dont les collages sont toujours le meilleur exemple "du défi à la peinture" que Dada allemand puisse offrir. Les Nazis ont brûlé certains de ces travaux et ont essayé de tout détruire. Ils n'ont pas réussi grâce à Hannah Höch, qui a enterré des œuvres dans son jardin et a fait le vigile au-dessus de centaines de collages pendant des années pour les sauver.
Jean Crotti, Man Ray, Francis Picabia et Duchamp ont dominé la sottise du New York Dada de 1913-1920, ensuite beaucoup de New-Yorkais sont partis pour Paris, après la Loi de prohibition de 1919. Duchamp s'est plaint dans une lettre : « On ne boit plus ici et c'est calme, trop calme. »
Mais aujourd'hui la fièvre Dada reprend New York, et plusieurs autres galeries ressortent l'art de cette période :
- Filles de New York Dada, composée d'œuvres de six artistes principales femmes : Beatrice Wood, Florine Stettheimer, Clara Tice, Katherine Dryer, Mina Loy et la baronne Elsa, à la galerie de Francis Naumann - juillet.
- Hans Richter (1888-1976), Dada : Art et Anti-Art, une vue d'ensemble complète de la carrière de Richter, y compris un travail rarement vu comme ses films visionnaires, à la galerie Stendhal de Maya - septembre.
- L'Institut Suisse présente Dada en archives sonores d'enregistrements originaux de poètes et de performances - juillet.
Dada n'était pas le premier mouvement dans la mouvance des arts à configuration universelle, mais c'est la première langue planétaire du radicalisme constant. Dada a musclé à jamais le ventre mou universitaire, réveillé les théâtres fossilisés, et l'art, la littérature, la musique, de son tsunami spiritualiste, fait de spontanéité, d'opérations fortuites, de multiculturalisme, de langues inventées, d'art-cinéma, de collages de sons, et de démocratie parmi les artistes, on fait qu'après le déluge Dada est devenu le monde moderne.
Valery Oisteanu
(Traduction de l'atelier)