Constantin Pricop / Simple poème
LE PAS DU LOUP / 2001
(LES AUREOLES)
les auréoles
sur le point d’exploser
les têtes
devenues trop larges
la lumière les nimbes
mon Dieux, si profonds
sur les sentiers coulent
les mélancolies
de ce paisible village
des ombres furtives
toutes des âmes clandestines
feuilles épargnées
par le vent
les corbeaux fuient
la steppe trop large
il faut qu’on parte
de bonne heure
C’EST COMME SI
la violence monte
le temps glisse sous la peau
les eaux sont rouges
c’est comme
si le monde
finissait
un simple balbutiement
la confusion des sens
(la confusion des sens
et les mondes
s’écroulent)
la grammaire c’est la femme commune
qui veut nous tenir tous dans ses draps
je campe sur le champ poussiéreux
j’aime les chardons
et c’est comme si le monde finissait
LE FLEUVE À UNE SEULE RIVIÈRE
elle fait l’amour
comme un fleuve à une seule rivière
la pureté du sombre
on peut le dire
les quelques étoiles débiles
dans la paume du mendiant
(le poète ne sait pas exprimer le vide
qu’il remplisse sa peur avec le verglas des images)
cet après-midi devient bouteille
pleine de tourbillons d’air glacé
je cherche le lit du fleuve
le fleuve...
mono-rivière
LE SEXE DE LA NUIT
exciter
le sexe
de la nuit
le prisonnier dans son hamac de soie
balance (entre quoi et quoi?)
la lourdeur fait le noir si doux
belle explosion
fleur blanche
le vide est boiteux
il traverse la vie
et fait du bruit
avec ses béquilles
(de la musique avant toute chose)
et je taille dans le noir
avec des dents excitées
des dès tout noirs
LE MONDE À L’ENVERS
plus que jamais
le monde
à l’envers
(le bien devenu le mal le laid le beau le mur devenu fenêtre l’oiseau la taupe la petite barque le transatlantique grand comme l’océan les amants devenus des ennemis jurés les oreilles les yeux - mais passons, tout devient trop banal - le rien devient plus que rien la vie devient la mort. etc.)
le monde
à l’envers
des chiffres
simplement
DES PHOTOS
j’ai mis les mains
sur la table
j’attends qu’elles parlent
les photos ne parlent pas
freud nous a livré
l’être (humain – plus ou moins)
sous forme de bande roulante
il a défalqué de la sensualité
des bribes si petites
pour émietter le plaisir
le mouvement et le repos
se côtoient toujours
(CHIEN VIOLET)
chien violet
aujourd’hui
comme toit
son aboiement
qui sait?
qui est arrivé?
l’odeur
de rien
ils sont rongés
les yeux rouges
des fragments de lune
dans le noir
scintillement des canines
son regard est si fixe
je me sens fixé
dans l’aiguille
gregor samsa
s’il parle vraiment
c’est sans doute moi
qui comprends
ses fautes
sans parole
vendredi, 12 avril, 2002 (si 11 aprilie)
13: