La
page
blanche

La revue n° 42 atelier de traduction

atelier de traduction

Ademar Ribeiro

 VERS NOIR

Ceux qui m´ont tant battu
sont déjà morts de cancer,
d´infarctus, goutte, scorbut,
dans des vers libres ou blancs.

Je compte du vers noir
jusqu´au noeud de la touffe,
jusqu´aujourd´hui en putain.

Ademar Ribeiro
Traduction A. Ribeiro



VERSO PRETO

Os que tanto me bateram
já se morreram de cancro,
de infarto, gota e escorbuto,
pé-quebrado e verso branco.
 
Eu conto verso preto
até o nó do pentelho,
ainda hoje que puto.
 
Ademar Ribeiro




VERS SUICIDE

La poésie, je l´avoue, je n´en sais rien.
Je ne l´ai jamais embellie dans mes vers
ni l´ai jamais choyée sur mes genoux.
Mais je suis sûr qu´elle sert à tuer
davantage qu´une femme suicide
qui s´explose dans mon texte
quand je lui prends la main.
 
Ademar Ribeiro
Version originale en français


RÂLEMENT

Maintenant que le pré sèche
et que les boeufs râlent,
quiconque est poète
fait paître à pied,
sans cheval.

Ademar Ribeiro
Traduction A. Ribeiro


ESTERTOR

Agora que o pasto secou
e os bois se estatelaram,
quem poeta é
pastora a pé,
sem cavalo.

Ademar Ribeiro

 



LA GIFLE SUR LA FACE

Ce qui est déjà fait
s´en est fait en août
et jamais ne s´éfface.

Un poème noir.

Le pieu dans la poitrine.

La gifle sur la face.

Ademar Ribeiro
Traduction A. Ribeiro
 

TAPA NO ROSTO

O que foi feito
e nunca se apaga
foi feito em agosto.

Um poema preto.

Estaca no peito.

Tapa no rosto.

Ademar Ribeiro

 

 



LA CHIMIE DU POEME

Quand tu tueras,
ne tue pas au jour,
ne tu pas au mois,
ni même à l´année.
Ne tue pas avec un rondin,
dans une embuscade,
dans un coin,
ne tue pas avec un virus,
non plus par balle
ni tube à feu.
N´en tue pas seulement un,
ni seulement deux,
ni seulement trois,
ni soixante-quinze
ni cinq mille et quelques.
Mais, dès maintenant,
et quand tu tueras encore,
tue sans peine, une fois pour toutes,
dans la cabale de la rime, dans la chimie du poème,
par-delà quatre-vingt mille huit cent quatre-vingt-huit.

Ademar Ribeiro
Traduction de l’atelier

 
QUÍMICA DO POEMA
 
Quando matares,
não mates por dia,
não mates por mês,
nem mates por ano.
Não mates com tora,
em tocaia, na esquina,
não mates com vírus,
não mates com bala
nem arma de cano.
Não mates só um,
nem apenas dois,
nem somente três,
nem setenta e cinco,
nem cinco mil e poucos.
Mas, ao matares, agora,
e quando matares ainda,
mata sem pena, de vez, e por cima,
na química do poema, na cabala da rima,
oitenta e oito mil, oitocentos e oitenta e oito.

Ademar Ribeiro

 

 



LE DIABLE

Le Diable,
ni laid,
ni beau,
ni bénin,
ni malin
( insipide )
chausse des «tennis»,
s´habille en «jeans».
 
Ademar Ribeiro
Traduction A. Ribeiro


O DIABO

O Diabo,
nem feio,
nem bom,
nem bonito,
nem ruim
( insípido )
calça «tennis»,
veste «jeans».

Ademar Ribeiro