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La revue n° 52 Bureau de traduction

Bureau de traduction

ALL’OSTERIA DELL’AMORE SOLIDO

Piccolo amore mio, solido, tu, oggi, cadevi

e io non c’ero, a sostenerti, coi miei bicipiti aggressivi

di barbaro delle foreste del Nord, la faccia dipinta di azzurro,

distesi nello spasmodico berserksgangr del bere dal cranio dei vinti,

inizia tutto con un tremolio, il battere dei denti e una sensazione di freddo,

rabbia immensa e desiderio di assalire il nemico.

 

Piccolo amore mio, fragile, tu, oggi, cadevi,

e c’è un’osteria dietro casa nostra, tutta brianzola, il tuo nuovo mondo,

c’è un’osteria che serve cento e cento tipi di risotti

da spalmare sulle tue ferite e sulle tue ginocchia sbucciate,

dove io, uomo tassativo, riesco ancora ad interpretare ogni oscurità ambrata

nei tuoi occhi da bimba saggia, a manipolare il caleidoscopio delle tue iridi,

scoprendo, volontariamente, il fianco alla daga della tua artica lucidità.

 

Se non è un’osteria, il nostro amore, ci assomiglia: mangiamo e viviamo,

retribuendoci, a vicenda, vittorie e sconfitte, hôtellerie, viavaiamo e mangiamo,

finché l’oste Godan, il dio dei «poeti» ostinati, sbattendo un boccale di idromele sul tavolo

non ci inviti a danzare al Walhalla, Mocambo a contrario, danzare lontani, alla fine dei mondi,

tu tornerai alla freschezza semplice del tuo mare, ondivaga Sirena caetana di sabbia,

e a me non graverà sullo zinco la terra umida di nebbia della valle senza salite o discese.

 

Nelle antiche osterie dell’amore solido continuano a mescere nebbia e acqua-di-mare,

fuori temporaleggia, fulmini e tuoni, liquefatto dal nubifragio tutto si stinge, 

e noi, mangiamo e viviamo, viavaiamo e mangiamo, al riparo, nella nostra riserva di felicità,

consapevoli che, restando sospesi nell’aria, a lungo andare,

i cristalli di ghiaccio brumosi confluiranno nel mare. 

AU BISTROT DE L’AMOUR SOLIDE

Mon petit amour, solide, aujourd’hui tu tombais,

et je n’étais pas là à te soutenir avec mes biceps agressifs

de barbare des forêts du Nord, la figure peinte de bleu,

couché par le spasmodique berserksgangr à boire dans les crânes des vaincus,

tout commence par un tremblement, par un claquement de dents et une sensation de froid,

une colère immense et un désir d’envahir l’ennemi.

 

Mon petit amour, fragile, aujourd’hui tu tombais,

il y a un bistrot derrière notre maison, un bistrot de Brianza, ton nouveau monde,

un bistrot qui sert mille sortes de risottos

à étaler sur tes blessures et sur tes genoux pelés,

où, homme péremptoire, j’arrive encore à interpréter chaque obscurité ambrée

en tes yeux d’enfant sage, à manipuler le kaléidoscope de tes iris,

en découvrant, volontairement, le flanc à la dague de ta clarté arctique.

 

Si ce n’est pas un bistrot, notre amour, il y ressemble: nous mangeons et nous vivons,

en nous rétribuant à l’événement, victoires et défaites, hôtellerie, nous allons et venons et mangeons,

autant que le patron Odin, le dieu des «poètes» obstinés, cognant une cruche d’hydromel sur la table,

il ne nous invite pas à danser au Walhalla, au Mocambo a contrario, dansers lointains, de la fin des mondes,

tu reviendras à la fraîcheur simple de ta mer, ondulante Sirène des sables de Gaète

et pour moi, elle ne pèsera plus sur le zinc, la terre humide du brouillard de la vallée sans montées ni descentes.

 

Dans les anciens bistrots de l’amour solide ils continuent à verser brouillard et eau de-mer,

hors temporalité, foudres et tonnerres, liquéfié par l’ouragan tout s’en va,

et nous mangeons et nous vivons, nous allons et venons et mangeons, à l’abri, dans notre réserve de bonheur,

conscients qu’en restant suspendus en l’air et longtemps allés,

les cristaux de glace brumeuse conflueront dans la mer.

MAMMA, SONO UN AUTISTICO

 Mamma, sono un autistico, non un autistico dell’azienda trasporti municipale

so che nel tuo cuore di madre hai sempre sognato di sistemarmi da statale,

senza la preoccupazione del cartellino da timbrare e della disoccupazione

a fare diciotto ore a settimana, tre mesi in ferie, con l’ansia di defiscalizzare la ripetizione.

 

Mamma, sono un autistico, la sfiga ha deciso di incoronare, me, scrittore

no, ma’, non scrivo rimedi terapeutici, senza fattura, come il dottore,

ti ho spiegato cento volte che mi occupo di endiadi e allitterazioni

dialogo, ogni notte, coi fantasmi e comunico coi marziani,

e, oramai, come il Villa, no ma’, non il prestinè di via Mentana

mischio latino, dialetto, italiano medio da navigata cortigiana.

 

Mamma, sono un autistico, discetto in distico, o in anapestico,

ma va’, che hai capito, non sono mica diventato spastico,

al massimo flessibile ed elastico, lo dice anche la troika,

sbattuto nella vita con un razzo come fossi Laika,

vittima della mancanza di comunicazione dell’ambiente artistico

inchiodate, all’incontrario, sul mio cenotafio l’epitafio: «Qui giace un autistico»,

siccome nessuno riesce a prendermi in qualsiasi verso

o ma’, nun scassà o’cazz, sono un diverso.

MAMAN , JE SUIS UN AUTISTE

Maman je suis un autiste, pas un autiste d’entreprise de transport municipal,

je sais qu’en ton cœur de mère tu as toujours rêvé de me caser dans l’état,

sans se soucier de pointer et du chômage

faire dix-huit heures par semaine, trois mois de congés, avec l’inquiétude de la répétition à défiscaliser.

 

Maman je suis un autiste, le sfiga a décidé de me couronner, moi, écrivain

non, mam’, je ne rédige pas des potions thérapeutiques, sans facture comme le docteur,

je t’ai expliqué cent fois que je m’occupe d’hendiadys et d’allitérations

je dialogue, chaque nuit, avec les fantômes et je communique avec les martiens,

et, maintenant, comme le Villa, non mam’, pas le boulanger de la rue Mentana

je mêle latin, dialecte, italien moyen comme une courtisane expérimentée.

 

Maman je suis un autiste, discoureur en distique, ou en anapestique,

mais va, qu’est-ce que tu as compris, je ne suis pas devenu spastique

pas du tout, à la limite flexible et élastique, comme le veut la troïka,

jeté dans la vie telle Laïka dans sa fusée,

victime du manque de communication du milieu artistique,

clouez, de travers, sur mon cénotaphe, l’épitaphe : « ci-git un autiste »,

et comme personne n’arrive à me rattraper en n’importe quel vers

o mam’, lâche-moi un peu, je suis différent.

Ivan Pozzoni
Traduction de Pierre Lamarque