Mission traduction
I
On ressent le poids comme des cheveux sur les épaules
les pores qui se resserrent pour ne pas laisser passer l’eau
le frottement toujours lorsqu’une coïncidence se produit.
Mais ils disent qu’aujourd’hui le poids du temps est irréel
il ressemble à l’air siphonné par les insectes
qui se nourrissent de sang et parfois meurent
sous la paume de la main.
II
La conscience se détache, au-dessus de nous un miroir
nous voit, traces, flotter dans une piscine
Il voit la peau sale du sang de tant de monde compressé dans
[une tache -
les meubles fléchis sont doigts végétaux, le circuit électrique
[dissous
une pensée de soumission, la pure pensée de se redonner
[au temps.
III
Nous disparaissons dans l’eau. Nos maisons sont de l’eau
elles cachent sur la paume le condensat des personnes
l’idée qu’en l’observant nous nous transformons
écrasés avec les autres dans une tache.
IV
Puis, pour se voir, la conscience a déchiré un câble
elle le brise avec ses dents, les doigts ébréchés par le fil électrique
elle ressent la tache de sang ouverte -
elle a trempé le fil dans l’eau...
V
La conscience séparée du corps a ressenti le temps
[se nettoyer
dans la maison comme dans une baignoire une lumière de fond
les meubles fléchis sont doigts végétaux, le circuit électrique
[dissous
une poussière, une perspective, un fil incandescent
le temps qui est coïncidence, l’histoire de tous et d’une personne
transparent hors du barycentre dans l’eau
sans poids, il vit et voit
Mario Boro
Trad : Lorenzo Foltran