Séquences
Tristan Felix
Les veilleurs
Les veilleurs ont un œil sur la mort.
Au seuil de ma conscience, nous sommes huit ∞ comme l’infini
qui s’allonge en dépit du bon sens
Fais le point sur mon cadre
tu y verras un bleu de pourpre dans ton œil
Il saignera vers le ciel qui, chaque jour,
pleut son alphabet pour oser nommer
ce qui t’émeut
La casse
Casse-toi, le neuf
la golden bouille
l’éhonté maître des vierges
Ici on te recycle la mémoire jusqu’à l’enfance utérine
on te pend aux cordes de tes errances
On fait sonner la rouille et les carcasses dansent jusqu’à l’ivresse
J’y fais mon trou quitte à me couper du monde aux dents de la scie-sabre
Avec une pelle je me retourne et me recouvre
Pour un premier son pur
On ne regarde pas assez les paysages qui sont des visages aux terres arrachées
Il faut les arpenter sans crier, son propre territoire sur le dos,
dûment cousu au rêve du monde
Viens, je te prête ma joie, caresse-moi les dents, lifte-moi l’âme qu’on s’écoute enfin
au-delà de la rumeur des villes où s’orchestrent les glyphes du pouvoir
Je m’élève des lèvres pour un premier son pur