Le dépôt
Extrait de 'Plages'
J’entends des enfants courir
je vois l’aube descendre dans ses flots d’orfèvre sur ma tête –
dents serrées contre une paire de rails
car ma couronne s’effondrera dès les premiers tremblements de lumière
ration cousue
Cette fille pleure sur un banc
la lune la couve, lui dédie son lait
des pierres folles lui lèchent les pieds
l’air happe ses mollets –
monte sous la robe, tâter la fève des rois
chaque patient au nid de mes veines
consulte le cadran, qui éclissera les arbres
Il ne reste qu’une fontaine pour tromper notre visage
anguilles translucides par gerbe d’émeraudes
L’aurore perce, rose fin filtrant par la fenêtre
Les plantes dans leur pot repassent
nos pensées du jour à venir
Et le soleil monte pareil à un poing, qui brandirait des langues marinées
Des paroles s’emboutiront
dans les rues pareilles à un vilebrequin
de mes bras lentement
je me dépeuplerai
Avant de retourner à un grabat
songes sous la taie mauve d’une légende embrasée
Des haleines volent
les yeux virent derrière leurs paupières –
en nœuds lumineux
langueurs averties
chimères à la chaîne –
chaque souvenir s’aiguise contre ses déclivités
puis cède à la salive des noms
je cherche la force de sortir
m’adossant à la porte tirer des nuages de tabac
réfléchir l’avalanche des rires
sentir les phrases, phalanges qui s’échangent
redescendre sous une chair qui s’épuise
en contacts d’aura
panacée de soupirs
verrouillés par la force des doigts
sexes qui montrent leur mie
par terre à travers les bouteilles
je cherche la force de partir sans un mot
pour enfin oublier mon adresse
ne connaître que ce naufrage de paix
sans quitter l’extase de pièces qui s’inventent
aux chaudes séquences de fleurs
anatomie stroboscopique
ne garder sur la langue qu’un hasard de contemplation
chaque haleine amortie vers sa prochaine cambrure
il naît des cimes de semence