Séquences
Alexis Alvarez Barbosa
Quelques textes qui font partie d’un ensemble intitulé
«Exercices de chute». Alexis Alvarez Barbosa
Consignes
Je te gratterai jusqu’au délire des anticorps, jusqu’à celui des bactéries. Je te polluerai encore un peu plus. Pour que tes organes valsent et partent en vrille. Ce n’est pas que j’aime tellement fouiller dans les viscères. Je fais ce qu’on me dit.
Parfois je pleure un peu sur la fin. Je rends hommage à la peur. Je lui dédie des statues de sueur. Des gorilles m’observent et me giflent de temps en temps. Ils aiment aussi les filles aux seins tristes, aux seins inutiles. La nuit, ils bavent d’amour.
Artifices
J’ai rêvé de poupées, en pays de calomnie, là où les matraques sont reines. J’ai rêvé de putois, de tendresse en poudre blanche.
Depuis lors, j’aime les conférences des strip-teaseuses, leur charmante conversation faite de coups de fouet sur les fesses.
J’avais des ambitions, comme savoir qui pisse le plus loin. Elles ont disparu au profit de plumes rose fluo.
Mais que vous dire que vous ne sachiez déjà, sinon que derrière les clôtures, les libellules résistent et nous emmerdent.
Genre
Tu racontes des histoires de démolitions, des histoires d’écrasements. Dehors, on se croit drôle et malin. On voit mal qu’on traîne des entrailles sales, des arrière-pensées de caresses.
Je ne veux pas tes lèvres de ciment. Je cherche à l’intérieur les cadavres de fées pourries. Je ne joue pas à celui qui apprend la rancune. Je joue à celui qui fait des trous, qui dessine des crapules.
Cet être que les parfums épouvantent se nettoie sur ta mémoire. Il est membre malgré lui d’un club de fatigue.
Natations
Les amoureux s’enlacent et languent. Mais ne regardez pas de trop près leurs entailles. Les plus riches souvent s’évadent. Ils vont en mer du sud s’indigner du prix des algues. Restent les morveux, les morts saouls. Deux petits corps pour la route. On se caresse la moumoute.
De minuscules prostituées rigolent dans notre dos. Qui pour pourrait s’étonner, encore, des sales maladies ? Baissez les yeux progressivement. C’est gratuit, baissez les yeux.
Je m’étais enfoncé là où je croyais l’eau pure. Mais des tireurs d’élite m’attendaient aux berges.
Elle
J’étais dans un autre lit, y faisais des rêves à ciel couvert, à tunnel ouvert. Je jouais une rose comme une autre, une dame qui pique. Elle pique et pense aux étrangers, aux absents. Elle afficha jadis des super-héros de carton et en reçoit aujourd’hui toute la force. J’oublie parfois qu’elle est moi. Alors je lui dis elle.
Elle reçoit donc le vent, ayant annulé tous ses rendez-vous. Le vent fait vibrer les toiles d’araignée. Il y a une musique dans l’air, une musique c’est-à-dire un beau tableau aux bordures dorées. Je lui dis elle et elle et moi on renonce au monde, on apprend par cœur l’alphabet des fainéants.
Alexis Alvarez Barbosa