La
page
blanche

La revue n° 41 poète de service

poète de service

Triade sur Samar Diab : la présentation, la traduction et l’étude

 

Présentation

Depuis ma première lecture de la poésie de Samar Diab, j’ai ressenti au fond de moi-même les répercussions inédites de la coïncidence pure entre l’attente et la lecture. La coïncidence parfaite à travers le sens de l’indicible, à travers le sens du mystère est ce qui fait de cette coïncidence une expérience unique de l’attente et de la révélation. L’attente dévoilée à l’attente dans la soif absolue de la lecture, dans l’éternité initiatique de la lecture, la lecture dévoilée à l’attente dans le désir infini de la communion, la lecture dévoilée à la lecture pour donner à l’attente l’essence de la perfection sont toutes des résultantes implexes se manifestant barycentre séismique de la coïncidence entre mon attente et ma lecture. S’agit-il alors dans la valeur cathartique de cette lecture de la coïncidence d’une possession impossible de l’attente ? La réponse est catégoriquement non. On sait de par la théorie, l’histoire et l’expérience individuelle que la condition d’une lecture substantielle et fondatrice est avant tout l’incompréhension, voire la mécompréhension. Une véritable lecture est celle qui bouleverse l’attente l’amenant à la conscience chronique du séisme, à la conscience fractale des rebondissements… Or, dans une lecture séismique comme celle dont j’ai décrit la portée et le dynamisme, le barycentre n’est ni la prétention de l’identité dans une quelconque suffisance de l’autoposition, ni l’insuffisance de l’altérité dans une quelconque apologie transcendantale de la différence, mais la véracité du dialogue dans son éternelle dialectique de l’interposition. L’expérience de la lecture est la découverte fondamentale d’une essence de l’interposition. Cette vérité reste à mon sens celle qui procure à l’expérience de la lecture le sens sublime de l’ancrage dialogique. Le dialogue qui est le discours de la compréhension, de l’incompréhension, de la mécompréhension, de l’intercompréhension, le dialogue qui est ces discours préfixables de leur méta-, de leurs transcendances, de leurs ruptures, le dialogue devant la métacondition impossible de la compréhension, devant somme toute ce que Jorge Luis Borges nomme la perplexité. La perplexité nous permet de parler au-delà de la fin de l’histoire, de la mort de la métaphysique, voire de la fin de l’homme, d’une éternité de la lecture dans la problématique de l’interposition qui n’est à proprement parler qu’une suspension de la fin. La perplexité enchante le retour éternel…   

Ma lecture de Samar Diab était une découverte de la lecture, un choc fractale qui ne saurait prendre sa pleine conscience qu’à travers un éternel retour de la lecture réactive, volontaire et méritoire. Depuis le début, ma conscience de la lecture s’est ouverte sur la plénitude de l’interposition sans aucune nuance d’équilibre car le barycentre infini de la lecture est la dia-position : on est obligé de dire devant chaque véritable création voici mes appuis de distanciation devant l’ordinaire qui impose ses lois de continuité sans perplexité. Depuis le début, ma lecture était profondément marquée par cette attente réfléchie du projet : le projet instantané et immédiat d’étude et de traduction, mais que son immédiateté n’efface pas les contours de la fractalité qui devient mes stigmates, mes blessures, et qui m’habite désormais chaque fois que je creuse dans la lecture le retour éternel de la réaction. Disons à la fin de cette brève présentation que ce qui me fascine dans la poésie labyrinthique de Samar Diab, dans cette poésie de la suspension, la suspension de la fin, cette poésie de la revanche sur les limites, ne saurait être uniquement ni son imaginaire débridé qui cultive au lieu de l’oubli, une conscience volontaire de l’image possédant un degré suspensif de l’être, ni sa philosophie de la présence qui réduit l’immense fleuve héraclitéen du temps en pointillé de gouffres et d’abîmes avec toujours une annonciation centrale de la présence qui est dans son essence victoire de l’image, mais cet état paradoxal de la présence où le triomphe de l’image signifie de très près et de très loin la révélation de l’être dans ce qui fait le dépassement du sujet. Dans la poésie de Samar Diab, l’ego n’est pas l’être, l’être n’est pas une égologie. Quelle insigne et  majestueuse découverte! Quel insigne et majestueux dépassement de l’attente!  

Monsif Ouadai Saleh