La
page
blanche

La revue n° 45 poètes du monde

poètes du monde

Georges Perros

 

L’amour de la poésie n’est pas bien vu. Ou trop bien vu. (C’est pire.)
Il faudrait pouvoir s’en passer. Au nom de qui, de quoi ? Elle isole sa victime, l’asiocalise, la rend folle. Tragiquement délaissée dans un monde bourré, saturé, de figurants passionnés, qu’ils disent, par autre chose. Quoi? La politique? L’érotisme? Dieu? Tout à la fois sans doute. Qui veut penser droit bloque le compteur. Poésie, c’est exil. On n’aime que les exilés. Joyce, Musil, Artaud. On peut l’être en plein Paris. Il n’y a pas de géographie de l’exil. C’est être nulle part.
N’importe où. Sur la terre. Avant d’en faire partie. Intégrante. Dessous, Dedans. Poésie, c’est impossibilité d’être quoi que ce soit dans un monde qui ne cesse de nous demander notre identité. Notre fiche de futur dégringolé. L’intérêt est ailleurs. Sur la terre. Mais ailleurs. Sur la terre. Cherchons.

Georges Perros
Papiers Collés