Exercices
par Khalid EL Morabethi
Khalid EL Morabethi, vit, étudie, cultive son jardin au Maroc à Oujda,
écrit des textes, des sortes d’exercices.
EXERCICES
A l’intérieur du bidon
A l’intérieur du bidon, le vide est assis, son parapluie est noir, il n y a pas de pluie, son parapluie est noir, il n’y a pas de soleil, son parapluie est noir, il n’y a pas de nuages, son parapluie est noir, il n’y a pas d’images, son parapluie est noir, il n’y a pas de mot juste, son parapluie est noir.
Le vide est assis, il parle au silence, s’excusant d’être tranquille, d’être assis, d’être habité par un autre vide dépressif, il s’excuse de ne pas avoir l’envie de mourir, ça serait beau et magnifiquement écrit, les papillons passeront et les gens pleureront, mangeront de la viande et partiront.
Le vide est assis, il craint le soleil, son parapluie est noir, il n’ y a pas de soleil, son parapluie est noir, pas de rage, pas de fatigue, son parapluie est noir.
A l’intérieur du bidon, les mains lourdes, lourdes tombent tout au fond et font un bruit étrange, des têtes lourdes, lourdes tombent tombent au fond du sol, les uns font un bruit étrange et d’autres se mangent. Des grosses mains blanches tombent sur le parapluie du vide, son parapluie est noir, des poings lourds tombent sur des tombes et sur la figure du noir, sur le reste et sur tout ce qui reste.
A l’intérieur du bidon, c’est vaste de souvenirs ne comprennant pas leurs pensées, ils se comblent et se stockent comme de la graisse dans le corps d’un obèse, assis au milieu.
A l’intérieur du bidon, l’odeur des poids lourds qui tombent, se forment, ils deviennent une chose qui marche et qui parle comme un homme, un homme avec une pomme collée au visage, une pomme vide, sa graine est vide, une pomme d’un homme vide dans son regard, dans son œuvre d’art. Un homme blanc sombre, il y a du vide dans son mouchoir qui se jette dans le bidon vide noir.
Pierre
Pierre, la merde vient du ventre. Pierre, la logique vient du ventre. Pierre, les troubles psychotiques viennent du ventre. Pierre, la logique du dibbouk vient du ventre. Pierre, la pluie se trouve dans le ventre. Pierre, les traits verticaux viennent du ventre. Pierre, les ronces viennent du ventre. Pierre, les doigts malades viennent du ventre. Pierre, les griffes viennent du ventre. Pierre, les ongles larges viennent du ventre. Pierre, les gorges viennent du ventre. Pierre, les falaises se trouvent dans le ventre. Pierre, le poisson dans le ventre. Pierre, le poison dans le ventre. Pierre le poison du poisson se trouve dans le ventre. Pierre, la logique du poisson se trouve dans le ventre. Pierre, les œufs durs viennent du ventre. Pierre, les œufs pourris viennent du ventre. Pierre, monsieur vient du ventre. Pierre, il est né, il fait chaud, il marche, il se met à côté, il se met dans le ventre. Pierre, l’animal se trouve dans le ventre. Pierre, le cœur se trouve dans le ventre. Pierre, le chien mord dans le ventre. Pierre, le cœur du chien se trouve dans le ventre. Pierre, le jardin se trouve dans le ventre. Pierre, le bleu se trouve dans le ventre. Pierre, le ciel se trouve dans le ventre. Pierre, le ciel dans le ventre. Pierre, le ciel se met dans le ventre. Pierre, le ciel, le ventre. Pierre, le ciel est beau dans le ventre. Pierre, le vide, le ciel, le ventre, le vide se trouve dans le ventre. Pierre, la logique du vide se trouve dans le ventre. Pierre, le goût du dibbouk se trouve dans le ventre. Pierre, la violence vient du ventre. Pierre, la viande vient du ventre. Pierre, la viande pourrie vient du ventre. Pierre, ce n’est pas facile, le ventre. Pierre, la chaise se trouve dans le ventre. Pierre, il y a de quoi regarder ? Le ventre. Pierre, les cris viennent du ventre. Pierre, la logique des cris vient du ventre. Pierre, le silence, c’est quoi le silence ? Le silence vient du ventre. Pierre, les phrases se trouvent dans le ventre. Pierre, La combinaison vient du ventre. Pierre, la raison vient du ventre. Pierre, l’oxygène vient du ventre. Pierre, la mouche vient du ventre. Pierre, la logique de la mouche vient du ventre. Pierre, le cœur de la mouche se trouve dans le ventre. Pierre, la mouche touche le ventre, la mouche se trouve dans le ventre. Pierre, le choix vient du ventre. Pierre, le dibbouk se trouve dans le ventre. Pierre, l’arbre vient du ventre. Pierre, la logique de l’arbre est de pousser dans le ventre. Pierre, le corps vient du ventre. Pierre, l’arbre se trouve dans le ventre. Pierre, le muscle vient du ventre. Pierre, les troubles psychotiques du dragon viennent du ventre. Pierre, la pierre vient du ventre. Pierre, la logique de la pierre vient du ventre. Pierre, la fenêtre de la cuisine vient du ventre. Pierre, la lumière se trouve dans le ventre. Pierre, la lumière de la cuisine vient du ventre. Pierre, la pierre est solide dans le ventre. Pierre, dans le ventre. Pierre
Muscle
Muscle, je tourne mes yeux dans ma tête et je vois un muscle, je vois un cœur dedans le muscle, je vois une route familière et un animal autre que moi, je vois ce qui couche en moi. Muscle, je tourne une idée dans ma tête et je vois des veines grise dans le sous-bois, assises, bavardes et qui attendaient l’intraveineuse, muscle, mon muscle, les nerfs, l’origine de la peste, l’origine d’un sentiment drôle, l’origine de la répétition, muscle, je tourne mes yeux dans ma tête, je trouve des vêtements et, dedans, je vois la lumière qui entre dans le mur de la cuisine. Muscle, mon muscle, les nerfs, muscle, il me parle, il me chuchote à l’oreille, il me fait la musique à l’oreille, il plante une graine dans mon oreille, muscle, je tourne mes yeux dans ma tête, ce n’est pas du néant et ce n’est pas non plus le silence, c’est de la trompette, muscle, ma langue est lourde, les nerfs, la trompette, l’origine de la peste, l’origine de la sécheresse, l’origine de ma première prononciation du mot « muscle », ma langue est lourde, je vois mes jambes, je sens la poussière et les nuages dans ma gorge, je sens la boue et les plumes d’oiseau dans ma gorge, je sens ma violence et les branches sèches dans ma gorge, je sens ces phrases, ses phrases dans ma gorge, muscle, je sens chaque criminel de moi, chaque battement de mon cœur quand le mot « muscle » sort de ma bouche. Muscle, je ne vois pas avec mes yeux, ils me font mal, mes yeux tournent dans ma tête, la méduse m’incite à tourner à gauche à l’entrée d’un cerveau blanc, tremblant, pour voir une colline qui s’élève à environ quelques mètres au-dessous d’une pensée disloquée … Muscle, je vois ce qui couche en moi, il se coupe, il se couche, il touche la graine au milieu du cerveau blanc, mes yeux tournent dans ma tête et je vois ce qui se forme, une queue, des ailes, des muscles, des os, dragon, je suis un dragon, muscle, je tourne mes yeux dans ma tête, nu, le visage qui mue, muscle, je porte le muscle, je porte le dragon dans mon ventre, ma tête ressemble à un dragon, dans le miroir je vois un dragon, muscle du dragon, muscle, le dragon, je le vois prendre ma main pour écrire, je ne vois pas avec mes yeux, ce ne sont pas mes battements, je ne sens plus mes jambes mais je les vois, je vois ce qui couche en moi, il a une belle voix si proche à mon ouïe, il a une belle voix, je ne sens presque plus ma gorge, c’est la gorge du dragon, mes poumons me font mal, mes poumons reçoivent l’air du dragon, muscle, je tourne mes yeux dans ma tête, le regard du dragon trouve dans mon corps un refuge, grand dragon qui porte mon simple muscle, l’origine du cœur, l’origine de la peste, l’origine de l’oxygène, je vois un muscle, je vois un cœur dedans le muscle, je vois une route familière, je vois ce qui couche en moi, dragon, dragon, muscle, le dragon couche en moi, me chuchote à l’oreille, muscle, dragon me chante à l’oreille …
Mon hibou a les yeux bleus
Mon hibou a les yeux bleus et tout au fond tant de bras sortent de terre, ils veulent s’accrocher, ils veulent s’approcher, tant de bras sortent des murs, ils parlent entre eux, ils veulent mettre le feu, tant de bras sortent du lit, ils veulent étrangler le corps d’un gros minable, ils entrent dans le ventre et arrachent ses entrailles, ils entrent dans le ventre et ils l’assaillent, ils l’assassinent, personne n’annonce sa mort et le soleil se cache dans le dos du corps. Tout au fond, mon hibou assassine mes pensées et ordonne aux sens de ne rien dire, ne rien écrire et de partir apprendre à danser. Mon hibou a les yeux bleus et tout au fond mon*monstre m’insulte, ‘’ Gros minable, petit con, bouffon, espèce de merde ‘’ puis il s’excuse, le monstre s’agite à l’intérieur de mon corps sur lequel je n’ai pas de contrôle, voilà pourquoi je fais n’importe quoi, voilà pourquoi mes pensées s’entretuent, voilà pourquoi c’est difficile d’entendre, il bloque mes oreilles , rien ne m’appartient, voilà pourquoi je m’excuse sans raison. Monstre, monstre s’agite sous ma peau, au-dessous de la table, au-dessous de mon crâne et au fond de mon âme, je l’entends vociférer à l’intérieur de mon ventre, je t’entends battre près de mon cœur, minable muscle, monstre me parle, depuis l’enfance, il est né avec moi, il n’a jamais été passager, mon hibou avait pris le cœur et il l’avait partagé. Mon hibou à les yeux bleus et tout au fond ce monstre voudrait que je meure comme une fleur, celle qui ne ressemble à rien, celle qui ressemble à un fantôme dont on sent la présence, dont on entend la voix mais dont on ne comprend pas le sens.
Khalid EL Morabethi
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E.X.E.R.C.I.C.E.S / Atelier de lagneau
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