poètes du monde
Lêdo Ivo
J’ai toujours aimé le jour naissant. La proue du navire,
la clarté qui avance au milieu des ombres éparpillées,
le vaste murmure de la vie dans les gares.
J’ai toujours aimé le tonnerre qui lacère l’après-midi,
la rouille et la pluie, les amours qui s’achèvent,
la fumée qui monte des pneus crevés.
J’ai toujours aimé ce qui passe : les taxis pleins,
les trains sifflant, les nuages déchirés
et les feuilles entraînées par le vent.
J’ai toujours aimé la ferraille, les formes détruites
et devenues puanteur marine avec le temps.
J’ai toujours aimé le charançon caché dans le silo.
Et j’ai toujours aimé l’amour, qui est comme les artichauts,
quelque chose que l’on effeuille, qui dissimule
un cœur vert impossible à effeuiller.
Lêdo Ivo
En juin 2012, L’Oreille du Loup a publié
le premier livre en français de Lêdo Ivo
Requiem / Réquiem
dans la traduction de Philippe Chéron