poète de service
Xe M. Sánchez
Xe M. Sánchez est né à Grau, Asturies (Espagne) en 1970. Il a obtenu son Doctorat en Histoire de l’Université d’Oviedo en 2016 et il est antropologue. Il a étudié aussi Tourisme et trois masters. Il a publié en langue asturienne Escorzobeyos (2002), Les fueyes tresmanaes d’Enol Xivares (2003), Toponimia de la parroquia de Sobrefoz. Ponga (2006), Llue, esi mundiu paralelu (2007), Les Erbíes del Diañu (E-book: 2013, papier: 2015), Cróniques de la Gandaya (E-book: 2013), El Cuadernu Prietu (2015), et il a publié de nombreuses collaborations en magazines et journaux.
PASSÉ PRÉSENT DANS LE FUTUR
Certainement, il y a des folies pires.
Mais écrire est aussi inutile que n’importe quel métier:
il s’agit de se bercer d’illusions avec des mots
pour calmer notre éternelle incertitude
tandis que le temps s’en va doucement
s’échappant par les trous du filet de la mémoire.
Il s’agit de semer la défaite dans la neige de janvier,
d’une obsession à laisser des empreintes sur le sable
de la plage à marée basse,
il s’agit de rendre le passé présent dans le futur,
d’une confirmation de notre innocence
(d’humanité, en fin de compte)
devant ce mystére qu’est la vie.
HOMMAGE À BUKOWSKI
Vous dites, gamin,
que vous voulez être écrivain…
C’est bien.
N’oubliez pas ce qu’il est resté
des murailles et gloires de Babylone,
des mille splendeurs de Ninive,
ce qui a survécu jusqu’aujourd’hui
du grand Empire de Sargón.
N’oubliez jamais
qu’il n’y a pas un début sans une fin.
N’oubliez pas qu’écrire
signifie être le notaire de notre éphémère effort
pour sentir que nous avons reçu,
pour dire au monde que tu as été là.
Si vous le faites pour la gloire,
ne le faites pas;
si vous le faites pour la photo,
ne le faites pas;
si vous le faites pour avoir du sexe,
ne le faites pas;
si vous le faites pour avoir de l’argent,
ne le faites pas;
si vous le faites pour dire que vous êtes écrivain,
ça veut dire que tu n’est pas écrivain.
Comment pourrais-je t’aider?
FRONTIÈRE
Elle est la frontière qui n’apparait pas sur les cartes.
Elle est la seule frontière réelle.
La premiére et la dernière.
Elle est une frontière par laquelle voyage ton sang.
Elle est ta peau.
Et ta sueur est ton produit intérieur brut.
MASQUES DU CARNAVAL
Quelquefois, je regrette la solitude.
Mais la solitude est une des ces visites
qui arrivent sans être invitées
quand elles sont moins nécessaires.
C’est à ce moment que les gens
s’enlèvent les masques du Carnaval.
NOUVELLES
Xana a quitté son mari pour un jeune culturiste.
Iyán, son mari, s’est enfermé dans une armoire.
Xicu, son fils, travaille comme conseiller matrimonial.
María est devenue bouddhiste,
parce qu’elle n’avait pas suffisamment
avec une seule vie.
Lin a ouvert une herboristerie
pour oublier l’agriculture et le pré.
Pachu, le poéte, a épuisé son imagination
et maintenant, il est critique littéraire.
Moi, tu peux voir:
se retrouver soi-même est un emploi à temps plein.
S’il te plait, recherche chez toi:
je crois que j’ai laissé là un manuel, et peut-être,
je pourrai en avoir besoin.
IL ÉTAIT UN LIEU
Il était un lieu
tel que quand vous le connaissez réellement,
quelquefois,
vous voulez seulement le visiter,
et d’autres fois,
vous sentez là les flammes ancestrales du foyer,
et vous sentez qu’il était votre lieu.
Nous, les nomades,
nous sommes comme ça.
Tous nous avons eu une patrie.
une Ithaque comme Ulysse,
mais les anciens temps ne retourneront jamais.
Il y en a quelques-uns qui pour mesurer la distance
utilisent les unités d’espace,
moi, j’utilise les unités de temps.
IL S’AGIT D’UN MOT
Liberté c’est un mot comme tout autre:
avec un adjectif personne ne la reconnaît
-même chez elle-;
si vous la laissez seule
tout le monde va vous dire
qu’on la connaît,
comme une belle fille étrangère
qui danse seule au milieu de la fête de ton village.
Liberté signifie pouvoir parler d’elle,
rien de plus,
et cela est assez.
Liberté veut dire
que te laissent tranquille
tous ceux qui veulent te dire
que pour être libre tu dois être comme eux.
Liberté c’est un beau nom de chanson.
Liberté c’est un beau nom de forêt.
Liberté c’est un beau nom de liqueur.
Liberté c’est un beau titre de poème.
Liberté c’est un beau nom de nuage et d’étoile.
Liberté c’est ne regarder
ni vers le passé,
ni vers le futur,
ni vers le ciel
ni vers l’enfer.
Liberté c’est ne pas la dèsirer,
comme quand je pense à toi
les nuits de pleine lune.
PÉCHÉ
Gagner sans pièges sur ceux qui toujours
vous ont méprisé sur leur propre terrain,
et après, leur montrer que ça
ne vous intéresse déjà plus.
C’est le plaisir le plus grand du monde,
il n’y a pas de péché plus gigantesque.
Rien de tel s’ils prennent conscience
que vous n’êtes pas,
que vous n’avez pas été,
que vous ne voulez pas être comme eux.
`
RESSOURCE STRATÉGIQUE
Un homme qui semblait être poète
(l’être c’est une autre chose)
a dit à haute voix dans une taverne:
-Il n’y a pas d’homme plus riche au monde
que celui qui a trop de temps à dépenser.
Il est vrai.
Mais personne n’a jamais trop de temps,
même pas ces gens qui essayent de se justifier.
COMME UN CIERGE
(À la gare d’Oviedo)
Elle passe devant moi
étirée, comme un cierge,
avec l’orgueil de ses, peut-être, vingt-cinq ans,
avec la compétence d’un chevreuil.
Elle sait qu’elle est belle,
et elle garde encore cet air frais
qui court par les sommets à l’aube.
Il y a vingt ans,
moi aussi j’imaginais
que le monde s’arrêtait quand je passais.
Je ne sais pas si elle sait déjà,
comme moi à présent,
qu’il ne faut laisser rien pour demain,
rien, tandis que la flamme brûle.
MAIN DE TRASGU
Peu m’intéressent ceux qui poètes
voient la vie en rose,
ceux qui flattent l’homme puissant,
ceux qui vendent leurs vers au plus offrant.
Je ne suis pas venu ici pour ça.
Peut-être, je suis un petit peu rebelle,
peut-être, un petit peu bohéme,
peut-être, un petit peu connard,
peut-être, un petit peu sincère.
Je continue à remplir le trou
de ma main de trasgu
avec la même eau de mai,
avec les mêmes mots de brume.
Un trou par où sont partis,
avec les années,
les amours, la vie,
les poèmes, les rêves.
Note : «Trasgu» est un lutin de la mythologie asturienne. Un petit personnage qui a un trou à une des ses mains et qui est très voyou. Il aime déranger les gens et les animaux domestiques, casser la vaisselle et faire des choses comme ça.
TU CHERCHES LA GLOIRE
Quand vous y arrivez,
n’oubliez pas de m’envoyer une carte postale.
Les guides touristiques disent que c’est un pays addictif.
Je n’ai pas besoin de l’adresse de l’expéditeur:
je crois que je ne vais pas te rendre visite.
Au fond, je me plais mieux à être loin des feux d’artifice,
qui décollent,
qui exploitent,
et c’est tout.
LA VIE CE N’ÉTAIT PAS CELA
Nous allions quand la nuit tombait
à la plage, comme des braconniers,
pour nous dire combien grand était notre amour,
sans penser à la lumière du jour,
conscients qu’il n’y avait aucun futur
pour ceux qui sortent du protocole.
La nuit était notre alliée.
La lune était l’arche sûre
pour garder notre secret.
Nous n’avons signé aucun document.
Nous n’avons rien dit à personne.
Nous ne sommes pas allés ensemble au bal.
Nous n’avons pas dîné à la cidrerie en vogue.
Nous avons tout eu,
mais pour quelques uns,
la vie ce n’était pas cela.
Quelques uns de nous sont nés
pour écrire le récit des ombres.
MATIÈRES PREMIÈRES
À La Güertina –Sobrefoz-
j’ai planté avec mon père,
il y a quelques années des pommiers
comme par le passé, à la mode des fils de La Faeda.
Je viens de manger une pomme
de la récolte de cette année.
Elle avait un coup de bec d’oiseau,
peut-être d’un merle ou d’un freux.
Une pomme qui ne s’achète pas au supermarché,
il s’agissait d’une pomme réelle,
enracinée dans les mêmes terres
sur lesquelles mes ancêtres ont semé avec leurs mains,
c’est cela que je suis:
brouillard qui descend doucement de Filispardi.
C’EST POUR ÇA
Je ne suis pas photogénique.
C’est pour ça que je prends des photos.
Je ne suis pas un charlatan de foire.
C’est pour ça que je fais des poèmes.
Je n’ai pas d’histoire.
C’est pour ça que je suis historien.
Je n’ai pas de futur.
C’est pour ça que je suis un homme.
Je n’ai rien à offrir.
C’est pour ça que je suis seul.
Je n’ai pas de what’s app.
C’est pour ça que je suis un dinosaure.
Je n’ai aucune leçon à donner.
C’est pour ça – comme m’a dit un ami -
que je ne suis pas de ce monde.
TOUT S’ÉPUISE
L’idée est le franc-tireur embusqué contre l’idéologie.
L’individu qui pense est l’ennemi du troupeau,
de la confrérie.
La poésie est le champ de bataille
-Armageddon-
en attendant le grand combat,
et il ne me reste plus beaucoup de balles.
UN COIN DE BROOKLYN
La capitale du monde est le scénario de l’Histoire
que nous avons vue dans les films
et aux bulletins d’information á neuf heures.
Je m’assois dans un burger.
Oui. Je sais ce n’est pas original,
mais ce n’est pas la même chose
de manger un hamburger dans un coin de Brooklyn
qu’à n’importe quel autre lieu de la planète.
Après, je bois une guiness au bar Lake Street
en écoutant The Ramones -ces gamins du Queens-
et je savoure le moment qui restera pour toujours
gravé au feu dans ma mémoire.
Je commence à comprendre
l’aimant qu’est la Ville pour tous ceux qui la rêvent
ou pour ceux qui la connaissent.
Pour moi – nomade barbare déclaré-,
être ici, à la nouvelle Rome, est une victoire.
Je vais dehors
Un homme passe devant moi en chantant du rap,
qui disparaît dans l’éther
bouché par le vacarme
de la sirène d’une voiture de police
dont je ne sais où elle va,
mais elle est pressée.
New York, 16 mars 2017.
Xe M. Sánchez
Xe M. Sánchez ñació’n Grau, Asturies (España) nel añu 1970. Algamó’l grau de Doctor n’Hestoria pola Universidá d’Uviéu nel añu 2016 y ye antropólogu. Tamién estudió Turismu y tres másteres. Espublizó n’asturianu Escorzobeyos (2002), Les fueyes tresmanaes d’Enol Xivares (2003), Toponimia de la parroquia de Sobrefoz. Ponga (2006), Llue, esi mundiu paralelu (2007), Les Erbíes del Diañu (E-book: 2013, tapa blandia: 2015), Cróniques de la Gandaya (E-book: 2013), El Cuadernu Prietu (2015), y tien tamién espublizaes abondes collaboraciones per revistes y periódicos.
PASÁU PRESENTE PAL FUTURU
Ye verdá qu’hai peores velenduries.
Pero escribir ye igual d’ inútil
que cualuquier otru oficiu:
ye engañase con pallabres
p’aselar la nuesa eterna incertidume
mentres degola pián que pián el tiempu
diliéndose pelos furacos
del celabardu de la memoria.
Ye semar la derrota
pente la ñeve de xineru,
ye un enfotu por dexar güelgues
na sablera cuandu baxa la marea,
ye facer pasáu presente pal futuru,
ye una preba d’inocencia
(d’humanidá a fin de cuentes)
énte esi misteriu que ye la vida.
HOMENAX A BUKOWSKI
Dícesme, rapaz,
que nagües por ser escritor…
Ta bien.
Pero enxamás escaezas
lo que queda güei
de les muries y les glories
de Babilonia,
de les milenta maravíes de Nínive,
lo que queda güei
del gran Imperiu de Sargón.
Enxamás escaezas
que tolo qu’entama
tien acabu.
Enxamás escaezas qu’escribir
nun ye masque ser notariu
del nuesu efímeru intentu
de sintir que fuimos,
de dici-y al mundiu que tuvisti ellí.
Si lo faes n’eficies de la fama,
nun lo faigas;
si lo faes pa salir na semeya,
nun lo faigas;
si lo faes pa echar un polvu,
nun lo faigas,
Y si lo faes pa dicir
que yes escritor,
entóncenes ye que nun lo yes,
¿qué quiés que te diga?
LLENDE
Ye la llende
que nun apaez nos mapes.
Ye la única llende real.
La primera y la cabera.
Ye una llende
pela que viaxa la to sangre.
Ye la to pelleya.
Ya’l to sudu
ye’l to productu interior brutu.
MÁZCARES D’ANTROXU
De xemes en cuandu
dúrame pola soledá.
Sicasí, suel ser d’eses visites
qu’aporten siempres
cuandu menos faen falta.
Ye entóncenes cuandu la xente
quita les mázcares d’Antroxu.
ANUNCIES
Xana dexó al so maríu
por un mozu culturista.
Iyán, el maríu,
metiose nun armariu.
Xicu’l so fíu,
metiose a conseyeru matrimonial.
María fízose budista
porque nun tenía abondu
con una vida namái.
Lin punxo un herbolariu
pa escaecer la faza ya’l prau.
Pachu, el poeta, escosó
la so imaxinación
y agora ye críticu lliterariu.
Yo, yá ves:
buscase a un mesmu
ye trabayu a tiempu completu.
Si me faes el favor
has mirar pela to casa:
pámique la cabera nueche
dexé ellí un manual,
y quiciabes me faiga falta.
YERA UN LLUGAR
Yera un llugar
qu’al conocelu daveres,
de xemes en cuandu
nagüabes namái por visitalu
y nel qu’alcuandu,
sintíes ellí les llaparaes
ancestrales del llar,
y sintíes que yera’l to llugar.
Los nómades somos asina.
Toos tuviemos una patria,
una Ítaca comu Ulises,
pero los vieyos tiempos
nunca tornarán.
Dellos miden la distancia
coles unidaes d’espaciu,
yo mídoles coles de tiempu.
YE UNA PALLABRA
Llibertá ye una pallabra
comu cualaquier otra:
si-y axuntes un axetivu
nun la conocen
nin na so casa;
si la dexes sola,
toos van dicite
que la conocen,
igual qu’a una moza curiosa foriata
que bailla sola na metada la folixa
del to pueblu..
Llibertá ye poder falar d’ella,
nun ye más,
y ye abondo.
Llibertá ye que te dexen en paz
tolos que nagüen por desplicate
que pa ser llibre tienes que ser
comu ellos.
Llibertá ye un nome prestosu
de canciu.
Llibertá ye un nome prestosu
de viesca.
Llibertá ye un nome prestosu
de llicor.
Llibertá ye un títulu prestosu
de poema.
Llibertá ye un nome prestosu
d’estrella y de ñube.
Llibertá ye nun mirar p’atrás,
nin p’alantre,
nin al cielu,
nin al infiernu.
Llibertá ye nun tener
que naguar por ella,
comu cuandu camiento’n tí
nes nueches de lluna llena.
PECÁU
Ganalos ensin falcatrúes a esos
que siempres te ficieren de menos
nel so propiu terrenu,
y darréu amosa-yos
que lo suyu yá nun t’interesa…
Nun hai placer que s’asemeye,
nun hai pecáu más xigantescu.
Nun hai nada
comu que se decaten
de que nun yes
nin fuisti,
nin nagües por ser
comu ellos.
RECURSU ESTRATÉXICU
Dixo nun chigre al altu la lleva
un que paecía poeta
(otra cosa ye selo):
-Nun hai home más ricu’n mundiu
que’l que-y sobra tiempu que gastar.
Ye verdá.
Pero el tiempu enxamás-y sobra a naide,
nin siquier
a los que s’intenten xustificar.
COMU UN CIRIU
(Na estación d’Uviéu)
Pasa per delantre míu
irguida, comu un ciriu,
col argullu de los quiciabes,
venticincu años,
cola axilidá d’un robecu.
Sábese guapa,
ya entá caltién esi aire frescu
que cuerre peles cumes
n’alborada.
Fai venti años,
tamién yo imaxinaba
que’l mundiu s’aparaba
cuandu yo pasaba.
Nun sé si yá sabrá
comu yo entóncenes,
que nun hai que dexar nada
pa mañana,
nada,
mentres siga encesa la llama.
MANO DE TRASGU
Nun m’interesen los poetes
que ven la vie en rose,
nin los qu’afalaguen
al que manda,
nin los que vienden
los sos versos al meyor postor .
Yo nun vini equí pa eso.
Quiciabes ero un pocu rebalbu,
quiciabes un pocu bohemiu,
quiciabes un pocu babayu,
quiciabes un pocu sinceru.
Yo sigo enllenando’l furacu
de la mio mano de trasgu
cola mesma agua de mayu,
coles mesmes pallabres
de borrín.Un furacu
pel que colaren colos años
los amores, la vida,
los poemes, los suaños.
ALLAMPES POLA GLORIA
Cuandu aportes,
nun escaezas
unviame una postal.
Dicen les guíes turístiques
que ye un país qu’engancha.
Nun fai falta’l remite:
pámique nun te voi visitar.
Nel fondu,
yo afáyome más tando lloñe
de los fueos d’artificiu,
que xuben,
españen,
y yá ta.
LA VIDA NUN YERA ESO
Díbamos a la sablera
cuandu amiyaba la nueche,
comu furtivos,
a dicimos tolo que mos queríamos,
ensin camentar na lluz del día,
a sabiendes de que nun hai futuru
pa los qu’afuxen del protocolu.
La nueche yera la nuesa aliada,
La lluna yera l’arcón seguru
pa caltener el nuesu secretu.
Nun roblamos dengún documentu.
Nun-y lo diximos a nadie.
Nun fuimos xuntos al baille.
Nun cenamos na sidrería de moda.
Tuvímoslo too,
pero pa dellos,
la vida nun yera eso.
Dellos ñacimos
pa facer el rellatu
de les solombres.
MATERIES PRIMES
Na Güertina -Sobrefoz-.
planté col mio pá
fai unos años
delles pumares,
comu anantes,
comu planten los fiyos
de La Faeda.
Acabo de xintar una mazana
de la collecha d’esti añu.
Tenía un picotazu d’un páxaru,
quiciabes d’un miruellu o d’un glayu.
Yera una mazana imposible
d’atopar nun supermercáu,
yera una mazana real,
qu’enraigonó nes mesmes eríes
nes que semaren
los mios ancestros,
coles sos manes lo qu’ero:
borrina qu’amiya sele
dende Filispardi.
PORO
Nun salgo bien nes semeyes.
Poro, faigo semeyes.
Nun ero un charrán de feria.
Poro, faigo poemes.
Nun tengo hestoria.
Poro, ero hestoriador.
Nun tengo futuru.
Poro, ero un home.
Nun tengo un res qu’ufrir.
Poro, toi solu.
Nun tengo what’s app.
Poro, ero un dinosauriu.
Nun tengo llicciones que dar.
Poro, díxome un collaciu,
nun ero d’esti mundiu.
TOO S’ESCOSA
La idega
ye’l francutirador
tapecíu na viesca
escontra la ideoloxía.
L’individuu que camienta,
ye l’enemigu del rebañu,
de la xeremandía.
La poesía
ye esi campu de batalla
-Armaxedón-
esperando la gran griesca
y yo toi quedándome
ensin bales.
UN CORNEYAL DE BROOKLYN
La capital del mundiu
ye l’escenariu de la Hestoria
que viemos nes películes
y nes anuncies de les nueve.
Siéntome nun burguer.
Sí, abondu sé
que nun ye daqué orixinal,
pero nun ye lo mesmu
xintar una hamburguesa
nun corneyal de Brooklyn
que notru llugar del planeta.
Darréu, chumo una guinness
nel chigre Lake Street
mentres oyo a The Ramones
-aquellos rapazos de Queens-
y tresalezo nesi intre,
que va quedar grabáu a fuéu
pa siempres na mio memoria.
Entamo a pescanciar l’imán
que ye la Ciudá
pa tolos que la suañen
o los que la conocen.
Pa min, -nómada bárbaru confesu-
tar equí, na nueva Roma,
ye una victoria.
Salgo a la cai
-Manhattan Avenue-.
Un home pasa pente la ñeve
canciando un rap,
que desapaez nel éter
tapáu pol estrueldu
de la turulla d’un coche de policía
que nun sé p’au va,
pero tien priesa.
Nueva York, 16 de marzu de 2017
Xe M. Sánchez