e-poésies
PÉPÉ
Pépé
t’es mort
toi aussi
comme bientôt d’autres…
Pépé
t’es mort
et je ris
comme on a pu rigoler ensemble
je ris
je commémore
je ris sur ce qu’on a pu partager ensemble
il me reste
de toi des souvenirs
ce rire à ton image
énorme et formidable
quelques bouquins q’tu m’as payés
des BD
la mémoire des images
de lieux
d’odeurs
de choses
la vue d’une statuette
un gaulois
qui te ressemblait
le 1er prix
du jeu d’arc à Champigny
ce jeu n’existe plus
les modes passent
les caleçons restent
tu les portais tu les usais
mémé les ravaudait
(comme elle disait)
mémé les rapiécait
les retapait
Eh je les garderai !
Pépé
toujours
Et les couteaux
qui les affutera
aussi bien que toi ?
il me reste encore
des nouveaux chaussons
qui sont tout pour moi
q’j’userai jusqu’à la corde
en souvenir de toi
(et aussi pasqu’ i’ m vont très bien…)
i’ m reste encore
aussi
des caleçons courts des caleçons longs
dans une armoire à la campagne
c’est pas pasque c’est pas la mode ou q’ c’est la mode
que j’les mets jamais
c’est qu’i sont trop grands
t’étais trop gras
(cela dit sans vouloir te vexer
je voulais juste après coup constater
je peux, non ?)
i sont trop grands je les mets jamais
tu les portais tu les usais
et mémé les aimait
avant
il y a si longtemps
tout cet amour
mémé les réparait les reprisait
les repassait aussi
Pierre Partens