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blanche

La revue n° 56 e-poésies

e-poésies

PÉPÉ

Pépé

t’es mort

toi aussi

comme bientôt d’autres…

 

Pépé

t’es mort

et je ris

comme on a pu rigoler ensemble

je ris

je commémore

je ris sur ce qu’on a pu partager ensemble

 

il me reste

de toi des souvenirs

ce rire à ton image

énorme et formidable

quelques bouquins q’tu m’as payés

des BD

la mémoire des images

de lieux

d’odeurs

de choses

la vue d’une statuette

un gaulois

qui te ressemblait

le 1er prix

du jeu d’arc à Champigny

ce jeu n’existe plus

 

 

les modes passent

les caleçons restent

tu les portais tu les usais

mémé les ravaudait

(comme elle disait)

mémé les rapiécait

les retapait

 

Eh je les garderai !

Pépé

toujours

 

Et les couteaux

qui les affutera

aussi bien que toi ?

il me reste encore

des nouveaux chaussons

qui sont tout pour moi

q’j’userai jusqu’à la corde

en souvenir de toi

(et aussi pasqu’ i’ m vont très bien…)

 

i’ m reste encore

aussi

des caleçons courts des caleçons longs

dans une armoire à la campagne

c’est pas pasque c’est pas la mode ou q’ c’est la mode

que j’les mets jamais

 

c’est qu’i sont trop grands

t’étais trop gras

(cela dit sans vouloir te vexer

je voulais juste après coup constater

je peux, non ?)

 

i sont trop grands je les mets jamais

tu les portais tu les usais

et mémé les aimait

avant

il y a si longtemps

tout cet amour

mémé les réparait les reprisait

les repassait aussi

Pierre Partens