e-poésies
L’aveugle
C’était un peu comme au bon vieux temps
La maison la lavande les champs
Enfin presque
Au printemps la rocaille était mauve
Qui essayait de fleurir
C’est comme une maison silencieuse
À laquelle il manque quelques tuiles
Au bord une cheminée
Droite et inquiète
C’était une maison en forme d’icône
Une sorte de cage à ange
Qui peut rêver mieux pour élever un enfant
Pour l’élever tout en haut
Là où il n’y a plus personne
Il y avait des sœurs oui il y avait des voisins
Et même une mère là-bas au loin au loin
Et puis vous oubliez
Tout
Vous oubliez
La cage la rocaille le silence l’ange
Et le temps ne passe plus
Les jours tout va bien tout est noir
Mais les nuits
Les nuits la lumière
Vous devenez comme un aveugle
Un aveugle rempli d’étoiles
Incapable de voir le jour
Incapable de ne pas voir la nuit
Alors vous peignez vous écrivez c’est ce que font tous les aveugles
Mais vous le faites les yeux fermés sans regarder pour être sûr
Sans regarder pour être sûr
La maison la lavande les champs
Samuel Christen