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La revue n° 58 Bureau de traduction

Bureau de traduction

BROUILLARD

Brouillard, soleil, mèches de nuages / Depuis la mer elle arrive, chimère / De longs et bas chapeaux blancs / sa frange en cors de basse, ses lèvres / dans le brouillard. Je t’appelle / Au soleil tu reviens en chantant / Yeux de corail rouge / et cils noirs épais / Dis-moi encore ton nom - / Grive, Robin, Oiseau Moqueur.

Allan Graubard
Traduction Gilles&John
Le texte original en anglais se trouve dans le Dépôt de Lpb
à la rubrique CAMP VD – Allan Graubard – Poèmes américains


LE TANGO

Parce que le tango veut t’arracher le cœur et te couper le souffle / Au bord de la rivière/ Où les cyprès se courbent dans la chaleur estivale / Du blanc dérivant langoureusement dans du bleu brûlant / Un dragon volant avec de minuscules pelles de jade qui lui sortent des yeux / Soulevant des babioles moussues en hommage à la lumière / totems boueux d’une tornade de mort ambiante en 1873 tissant en vitesse / Des linceuls d’éclats et de cendres / Parce que la musique veut ensorceler ces mots fébriles, tandis que les danseurs échangent des géométries d’ombre contre des baisers cryptés, des bandes de nylon transparent nous soulevant les aisselles en transits glissando / Parce que la musique veut brûler des berceaux de wampums d’hiver déveinés / éparpillés sur une table à l’aube / Parce que dans leurs poches vides, les monuments sidéraux effleurent des / visages fugaces dans des vitres poussiéreuses qui, une fois enracinés, / caressent des souvenirs désemparés, à ta rencontre / cette dernière station magnétique / ces drapeaux de mucus et de sang / ballerines éruptives encagées dans des armadas de dés / Parce que la musique tamise les îles à travers ses pirouettes de clichés / et peu importe combien de fois elle le fait / Parce que la musique te veut ici, pas là ou là mais où tu es / et où toujours tu es / Fabuleux buste venteux visqueux d’ancêtre / Rossignols charmés par les plongeons et virages du thyrse / Parce que le tango nous habille / En lamelles humides et falsetto aux feuilles luxuriantes / cuisses dénudées / mains aux chevilles / jambes de pendule / Le tango

Allan Graubard
Traduction Gilles&John
Le texte original en anglais se trouve dans le Dépôt de Lpb
à la rubrique CAMP VD – Allan Graubard – Poèmes américains