Notes de...
Tom Saja
Les mots viennent du coaltar, de nos chairs froides et des arbres alentours. Tout ce qui traîne dans le divan et qu’on ne retrouvera pas. La tiédeur du revolver des années, son chien qui nous percute sans frein, tandis que l’on se le ronge. L’os bien sûr, pas le frein.
Les mots viennent du décubitus dorsal, de la petite sieste après le trop-manger. Ils viennent de nos guerres lasses, du vent qui secoue la boîte aux lettres. De ce drap dont les plis ne partent jamais, comme autant de navires à quai.
Les mots viennent de nos fonds de café et de la pluie de gouttière. De nos merdes oubliées. Quand on se caresse le lobe d’oreille ou que l’on se cure le nez.
Les mots viennent de ces chaussettes dont on ne retrouve jamais la copine. Paires perdues, c’est peine perdue.
Les mots viennent de ce figuier décrépi, sur sa possibilité d’un énième printemps.
Les mots viennent de nos autodafés intérieurs, de nos pile ou face avec la tartine beurrée, de notre pacte secret avec la Camarde.
Les mots Vienne, d’Autriche.
Ils serpentent sous nos couennes venimeuses.
Les mots viennent.
De ta bouche après l’amour, de ton silence quand tu dors.
Quelques cheveux dans le siphon. J’en ferai bien un poème.