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La revue n° 58 Notes de...

Notes de...

Maheva Hellwig

L’art des amateurs

La poésie, me semble ne pouvoir se passer d’amateurisme. D’une part, parce qu’il faut bien un public qui aime, d’autre part, parce qu’il faut bien un public qui s’approprie les armes même des combats les plus âpres.

Dans tous domaines, il faut des amateurs pour perpétuer des savoir-faire. Des qui se croient nés de la dernière pluie, pour réinventer ce qu’ils découvrent ailleurs. Des qui voyagent, pour porter les couleurs de ceux qui restent. Des qui restent, pour rappeler la couleur à ceux qui bougent. Des heureux, pour rappeler les couleurs. Des qui broient du noir, pour rappeler à tous que nul n’est immortel. Il faut des amateurs dans la vie. Aussi bien que nul n’est professionnel de la vie. Chacun a les mots pour exprimer ce qu’il sent dans l’ordre qui lui convient. La véritable poésie n’est donc ni dans un ordre ni dans une technique (bien qu’elle use de tours et de virevolte), mais dans une vue, une collision comme une rencontre plaisante si bien qu’on peut aimer des mots maladroits s’ils sont faits d’amour, ils peuvent être bas, lourds, mais ne cesseront jamais d’être de la poésie.

6 XI 21