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La revue n° 61 Notes de...

Notes de...

Simon Langevin

Je suis pour être contre

Beaucoup ont des opinions, parfois bien arrêtées, qu’ils acceptent de partager ou non. Plusieurs ont des idées, de toutes sortes et sur plein de sujets, des plus sérieuses aux plus farfelues. Un peu moins ont des principes, auxquels ils s’arrogent le droit d’être fidèles, y faisant parfois selon ce qui les arrangent au mieux ou les servent le plus. Plus rares encore sont ceux qui ont une morale, qu’elle soit modulable ou d’acier.

Comme tout le monde, je ne fais effectivement pas exception à la règle. Je possède sans doute une certaine morale (du moins, je ne crois pas être un sociopathe ni un psychopathe) ; je partage des idées avec un grand nombre de personnes, même à mon insu ; j’ai une panoplie de points de vue sur toutes sortes de choses, la plupart du temps, assumés.

Dans la catégorie des pour et des contre, il y a une multitude de faits pour lesquels je suis contre et m’oppose fermement sans condition. Il n’y a pas à discuter. Par exemple, je suis indubitablement contre les accidents de voiture, car ils engendrent pertes matérielles, blessures et même la mort, sans compter les embouteillages et les retards causés aux autres usagers de la route. Je me prononce également contre la couleur brune, les maladies mortelles et les incendies criminels, puisqu’ils n’ont aucune véritable utilité. Les morsures de serpents, la calvitie, les éclipses solaires et lunaires ou de tout autre acabit, l’utilisation des épingles à linges en plastique, le port des bas (surtout les blancs) avec des sandales, la lecture des circulaires, les éruptions volcaniques, l’emploi du vouvoiement envers ses parents, la pluie durant le jour et les inondations font également partie des choses auxquelles je dis non, sans concession.

Peut-être que de s’armer ainsi ne contribuera pas à changer le monde, mais au moins, les gens autour de moi sauront de quel bois je me chauffe et quel type de personne je suis face aux enjeux mondiaux. L’humanité entière ne peut pas toujours rester indifférente à tout. Tôt ou tard, vient le moment où l’on est amené à se positionner vis-à-vis les autres et ce qui nous entoure. C’est une question de choix.