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La revue n° 67 Figures libres

Figures libres

N’ABOLIRA JAMAIS HASARD LE - UN COUP DE DÉS JAMAIS N’ABOLIRA LE HASARD - DE COUP UN DÉS JAMAIS N’ABOLIRA HASARD LE - JAMAIS UN COUP DE N’ABOLIRA DÉS LE HASARD - COUP DE UN DÉS JAMAIS N’ABOLIRA

Le regard de Valéry sur le Coup de dés. Juillet 1897, visite de Valéry chez Mallarmé à Valvins, voici ce qu’il écrit suite à la lecture du Coup de dés : « Le soir du même jour, comme il m’accompagnait au chemin de fer, l’innombrable ciel de juillet enfermant toutes choses dans un groupe étincelant d’autres mondes, et que nous marchions, fumeurs obscurs, au milieu du Serpent, du Cygne, de l’Aigle, de la Lyre, - il me semblait maintenant être pris dans le texte même de l’univers silencieux : texte tout de clartés et d’énigmes ; aussi tragique, aussi indifférent qu’on le veut ; qui parle et qui ne parle pas ; tissu de sens multiples ; qui assemble l’ordre et le désordre ; qui proclame un Dieu aussi puissamment qu’il le nie ; qui contient, dans son ensemble inimaginable, toutes les époques, chacun associé à l’éloignement d’un corps céleste.»

Mallarmé fit découvrir son poème, d’abord à haute voix, à Paul Valéry.

MACHINE ROUGE, POESIE EXTRA-CONTEMPORAINE ET MAGNIFIQUE, création de Denis Lavant comédien, François Cambuzat compositeur-guitariste, Gianna Greco musicienne et bassiste, Un Coup de Dés jamais n’abolira le Hasard, performance lecture-concert, création avril 2015, Festival Croisements, Institut français de Pékin.

 

Lien : MACHINE ROUGE - Un coup de dés jamais n’abolira le hasard - YouTube

youtube.com/watch?v=bZHPxf-WUt4

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chaque poème        envoi à rejouer l’unité                            [UN]

défier l’ordre métrique          jetés de constellations

 

                                                         transprose ?

chaque poème un saut [COUP]

de Trafalgar dans l’unidimensionnel

chaosmos scriptural ?

« Ne trouvez-vous pas que c’est un acte de démence ? » Mallarmé à Paul Valéry à propos du Coup de dés.

chaque poème un lancer [DE DÉS]

chute du verbe suspensions signifiantes

  fixité en résonance de l’éparpillé ?

« Igitur secoue simplement les dés – mouvement avant d’aller rejoindre les cendres de ses ancêtres : le mouvement qui est en lui est absous. On comprend ce que signifie son ambiguïté. » Mallarmé, Igitur, IV le coup de dés (Au tombeau), Poésie Gallimard, p 55. « la feuille à même, comme elle a reçu empreinte, montrant, au premier degré, brut, la coulée d’un texte. » Mallarmé, Le livre, instrument spirituel, Divagations, 1897.

[JAMAIS] chaque poème en grand deuil du saisir ?

« Je dis une fleur ! et, hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d’autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tout bouquets. » Mallarmé, Igitur, Divagations, Crise de vers, Un Coup de Dés, Poésie Gallimard, p251.

 

chaque poème [N’ABOLIRA] état de crise

à grand coups de cornet à dés redistribution de l’ordre poétique ?

 

« Cette visée, je la dis Transposition – Structure, une autre. L’œuvre pure implique la disparition élocutoire du poète, qui cède l’initiative aux mots, par le heurt de leur inégalité mobilisés ; ils s’allument de reflets réciproques comme une virtuelle traînée de feux sur les pierres, remplaçant la respiration perceptible en l’ancien souffle lyrique ou la direction personnelle enthousiaste de la phrase. » Mallarmé, Crise de vers, p 248, 1897. « Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx / Aboli bibelot d’inanité sonore, / (Car le maître est allé puiser des pleurs au Styx / Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.) » Mallarmé, Sonnet en X, Sonnet allégorique de lui-même, 1899. « J’extrais ce sonnet, auquel j’avais une fois songé cet été, d’une étude projetée sur la Parole : il est inverse, je veux dire que le sens, s’il en a un, s’il a un sens, s’il en a un (mais je me consolerais du contraire grâce à la dose de poésie qu’il renferme, ce me semble) est évoqué par un mirage interne des mots mêmes. En se laissant aller à le murmurer plusieurs fois, on éprouve une sensation assez cabalistique. » Mallarmé, Lettre à Henri Cazalis, 18 juillet 1868.

 

chaque poème [LE] son dispositif typographique

( BLANC ) AgeNcEmEnt de signes ?

 

« Les blancs, en effet, frappent d’abord, assument l’importance » Mallarmé, Observation relative au poème Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, Revue Cosmopolis, Janvier 1896. « Je parle de la poésie. Les Fleurs du mal, par exemple sont imprimées avec des caractères dont l’épanouissement fleurit à chaque aurore les plates-bandes d’une tirade utilitaire, et se vendent dans des livres blancs et noirs, identiquement pareils à ceux qui débitent de la prose du vicomte du Terrail ou des vers de M. Legouvé. »  Mallarmé, Hérésies artistiques, L’art pour tous, revue L’Artiste, 15 septembre 1862. « L’avantage, si j’ai droit à le dire, littéraire, de cette distance copiée qui mentalement sépare des groupes de mots ou les mots entre eux, semble d’accélérer tantôt de ralentir le mouvement, le scandant, l’intimant même selon une vision simultanée de la Page. » Mallarmé, Préface à Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, Poésie Gallimard, p 405-406.

 

[HASARD] chaque poème transprose

une hésitation résolue ?

 

« Ainsi, je ne laisse pas un papier inédit excepté quelques bribes imprimées que vous trouverez puis le Coup de dés et Hérodiade terminé s’il plaît au sort » Mallarmé, Recommandations quant à mes papiers, 1898. « Aujourd’hui ou sans présumer de l’avenir qui sortira d’ici, rien ou presque un art, reconnaissons aisément que la tentative participe, avec imprévu, de poursuites particulières et chères à notre temps, le vers libre et le poème en prose. » Mallarmé, Préface à Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, Poésie Gallimard, p 406. « Toute Pensée émet un Coup de Dés » Mallarmé, UN COUP DE DÉS, Poésie Gallimard, p 429.

 

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Le regard de Valéry sur le Coup de Dés. « Il me sembla voir la figure d’une pensée, pour la première fois placée dans notre espace… » Valéry, Lettre de Mallarmé à propos du Coup de dés, Revue les Marges, 15 février 1920.

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Bibliographie et sources

Roulet Claude, Version du poème de Mallarmé, Un Coup de Dés jamais n’abolira le Hasard, Neuchâtel, Editions du Griffon.

Mallarmé Stéphane, Igitur, Divagations, Un coup de dés, Poésie Gallimard, préface d’Yves Bonnefoy, 1976.

Meillassoux Quentin, Le nombre et la sirène, Un déchiffrage du Coup de dés de Mallarmé, Ouvertures Fayard, 2011.

 

Site Bnf, Mallarmé et le Coup de dés : bouleverser la page. Lien : Mallarmé et le Coup de dés : bouleverser la page | BnF Essentiels -

Site MACHINE ROUGE, POESIE EXTRA-CONTEMPORAINE ET MAGNIFIQUE. Lien : MACHINE ROUGE - La Station Service - 2016

Béatrice Nizza