Séquences
Denis Heudré
Et puis mince
et c’est le lien entre le et la c’est l’addition de lui de elle en eux en nous encore et encore et c’est plus et c’est avec joints conjoints du fond des âges et de la langue le et du temps présent avec le & passé aussi le et ne disparaît pas avec la mort et toujours vivant
et tout autour une musique forte avec des vrais morceaux de mots dedans et moi avec les miens en silence en tête en recherche dans les replis de la langue ses commissures et l’effacement des artifices ne pas rentrer dans la danse juste tenter d’approcher la nuée ardente que l’on nomme inspiration
et puisque l’homme est victime de sa naissance victime et non coupable il arpente sa solitude attendant l’apparition d’un espoir à se mettre sous les rêves regardant les oiseaux pour ce qu’ils ne sont pas des messagers de joies alors que le monde trouve que penser fatigue et que le silence se pose sur ses maux
et maintenant que vais-je dire avec tous ces mots écrits à la hâte que je n’ose prononcer scander affirmer imposer que je n’ose assumer tous ces mots nés de mes illusions éteints dans mes désillusions il y a des mots qui disent mieux le hasard de l’écriture où je me laisse entraîner
et quelle est cette soif de chagrin cette envie d’explorer les cavernes les bas-fonds les vertiges aussi de nos histoires pleurer serait faire injure au chagrin alors se retrouver seul dans l’instant des lèvres parce que nous avons les mots et se dire à soi-même que l’espoir est l’avenir de l’humanité
et sinon et si pas et si non pas et si pas empêché entravé rompu si pas impossible si trop attaché pour avancer si pas sans chemin si pas si pieds si le mot pas ne fait plus avancer si passant trébuchant sur la pierre des mots si pas de côté égale chute et sinon quelle distance mettre en son pas
et ainsi plèvre péritoine péricarde toutes ces peaux intérieures ces enveloppes secrètes ce principe de parois qui vous séparent de vous-même pour mieux vous protéger de vous-même toutes ces peaux orientées vers l’obscur enfouies si loin vers les turbulences toutes ces peaux souffrent-elles de racisme ?
et qui sait peut-être qu’un jour la noble Académie dans sa grande clairvoyance reconnaîtra que les mots d’enfants sont les plus grands serviteurs de la poésie capables de couvrir de bleu l’interminable sarabande des jours gris
et moi ai-je un je un simple je sans ego un je d’écriture ou un vrai façonné dans les règles du jeu de modestie si peu de je en moi si peu d’ego en jeu si peu de moi et je dans tout ça si peu de tout ça en moi et si je n’était pas moi s’il était un autre Arthur au secours sauve-moi de tout ça sauve je de tout moi suis-je un je par mon corps par mes mots mais alors mes mots sur mon ordinateur sont-ils encore je
et encore le jour et encore la nuit amassés dans l’ombre de mes pas et encore le monde et encore des morts et encore des corps qui n’avaient pas demandé de partir avant l’âge et encore des mots l’appel d’un ami pour dire le jour pour offrir à la nuit et encore vivre malgré ces encore
et comme la vie est ce pas si fragile vers l’inconnu et comme la vie est ce qu’il y a de mieux sur Terre et comme la vie est un chemin défoncé et comme la vie n’en peut plus de ce chemin qu’on lui fait emprunter la vie nous lâche va voir ailleurs pour changer de vie
et puis mince à quoi bon a quoi ça rime à quoi sa frime tous ces mots venus d’on ne sait où envolés vers on n’en sait rien lus par qui tous mes pourquoi écrits pour qui tous ces doutes ces futilités peuvent bien cesser de me travailler et puis m
et voilà cela finit par la lettre aime