simple poème
Le silence recouvre la terre, nul son, pas même un cri, tout dort
Bouger, ne pas bouger ne pas bouger se dire bougeant
Soudain un tout petit cri fait frissonner le silence
La terre se fendille à son écoute craquelures en forme d’étoile
Le cri parcourt le monde il zigzague sur l’écorce terrestre
Creuse des sillons interstellaires
Immobile le corps est dans le sépulcre des ans
Immobile le corps est là où tout n’est que tumulte
Jaillissement et tempête en attente en tension il prête attention au silence de l’aube
Le tout petit cri s’appuie sur les ailes du vent
Kangourou ailé il saute de lune en lune
Vole de terre en terre éveille un à un les astres engourdis de silence
Visite les trous noirs silence mystère douleurs
Bouger s’autoriser à bouger puis crier rayer le silence d’un cri
Le tout petit cri rebondit
Il frôle le soleil avec la langueur d’un serpent de mer
Il crie dans l’ombre de l’aveuglante lumière
Recule grandit s’enfle se propage en ondes successives devient énorme, déchire le ciel
Ouvrir une béance et regarder la béance se voir dans la béance ne pas la refermer tout de
suite
Y laisser s’installer l’oeil il capte l’étendue du vide provoqué par le si petit mouvement
Le petit cri monte du ventre endormi grondement sourd de la terre venu un instant habiter
le corps
Son intégré son haché son mâché
Laisser raisonner le cri jusqu’à ce qu’il se brise et refermer.
Ne pas bouger être immobile arc-bouter sur l’espace refermé
Petit cri cherche petit corps son cherche organe pour vie commune
Ohé remue toi le corps entend il tressaille la tête pivote légèrement
Mais non
Espoir… en suspend
Poumons droit poumon gauche petits astres bordés de voyelles drapés de consonnes
Attendant que le diaphragme veuille bien leur laisser la place de s’épanouir
Fleurs aux cœur noir s’ouvrant se fermant au gré du souffle au gré du temps
Déchirure de nuit très lentement elle se replace comme avant
Le corps s’endort
À peine le son se fait-il entendre que le monde se tait
En attente
Silence son silence son silence son silence son silence son silence le rythme s’accélère
Extension rétraction Extension rétraction
Puis très vite ça s’ouvre, ça nait.
Corinne Tisserand-Simon