Rayonnage
Romain Frezzato
Monde minime - L’atelier contemporain
Les derniers mots de la 4ème de couverture m’ont un peu dérouté. Ils évoquent une «rigoureuse simplicité» et je ne me retrouve pas dans ce propos.
J’y ai lu un texte exigeant. Rigoureux, oui. Mais simple, non. D’ailleurs, et sans doute pour cette même raison, je donnerais volontiers à lire ce recueil à des auteurs qui souhaiteraient entrer en poésie. Car, quand on entre en poésie, je crois qu’on porte sur son dos un bagage d’attendus qu’il n’est pas bon de poser sur la feuille. Ici, tabula rasa.
Dès les premières lignes on pense à Cédric Demangeot, à Une inquiétude notamment. Je n’ai donc pas été surpris de lire à un moment donné une citation de lui.
J’ai trouvé dans Monde minime une langue qui récuse les images attendues. Catachrèses et autres «passages obligés» n’ont pas d’espace pour se développer et c’est vraiment ce qui m’a plu. Je lis cette écriture comme quelque chose de droit et de définitif : pas de compromis. Demangeot – encore lui - disait qu’il n’y a pas de texte, seulement des fissures dans le contexte. On est, selon moi, en plein dedans.
Ici, le sens importe moins que la percussion des images. Des silex qu’on frotte comme autant de feux possibles. On doit lire ces fragments à plusieurs reprises pour essayer d’en saisir la portée et on sent toujours que quelque chose nous échappe. C’est peut-être cela, la poésie : nous donner à entrevoir quelque chose d’inconnu
Grande lecture donc.
L’extrait :
sur les quais : quotas
merles et matraques.
boulevards, lbd.
toile cent fois
cirée de l’existence.
braguette et posture.
bruit bas de qui vaque.
pelures d’être sur
le bas-côté. grands axes :
désertion de la vie
animale, analité
dont on suspecte tous.
cravates : nœuds coulants.