Séquences
Choupie Moysan
Tout dépend de nous
dans chaque femme il y a un bourreau à naître
d’elle naîtra l’assassin qui la fera mère
dans chacune se fera l’homme car il est toujours à renaître il sera la délivrance
du joug accepté des mains de maîtres pour voir la liberté
la tolérance et l’amour pour toutes advenir
toute la clarté sera mise au monde pour celle qui saura dans sa nuit
écarter les murs que l’homme lui a donnés
utopie sans doute mais l’espoir fait vivre nombre de femmes
Visitation
Sa peau près de moi comme un linge propre sa robe autour d’elle
fluide sans manche ses pieds bien à plat qu’elle tient parallèles
sur le tapis au sol voilà ce que je peux en dire
elle n’est venue qu’une nuit une nuit ordinaire avec son regard bien au-delà
où les yeux se posent mais je savais son nom
notre échange sans le son dans un silence épais dans ce long corridor
je ne saurai en restituer le contenu le souffle n’étant qu’une émanation
se frayant une voie une imbrication de signes
après cette veille éprouvante sa densité, sa pertinence s’estompèrent
ne restait que l’ondulation du rideau à la fenêtre entrebâillée
de cette visitation rien de concret
même pas une plume
Juste sur le tapis à la place de ses pieds mes mules alignées
Sur le trottoir
mon regard de myope attiré par un amas
presque sous le pied presque à l’écraser
l’enfance me happe me pète aux oreilles
me sort de ma bulle je mâchonne mes souvenirs
Le malabar sans beaucoup de goût fait les gros bras
sur le bitume j’évite son rose
celui des filles dit-on
mièvrerie sucrée et autres codes installés
qui modèlent l’éducation de ces poupées jusqu’à nos jours
La marche
lacer le paysage au fil de la marche dans un lacis du terrain
dans un lacis de pensées plus ou moins lâches
se mettre en adéquation avec l’entour qui sollicite nos sens
l’horizon est ouvert le soir seul l’arrêtera et nous refermera sur nous
pour goûter encore ce qu’a soulevé le pas durant ce foulage du sol
il sera temps alors de délacer les chaussures de délasser le corps
après cette mise au monde pas