La
page
blanche

La revue n° 60 Notes de...

Notes de...

Isabellissima Pastilasagna Al Dante

ABDELLATIF A TORT !

Quand Abdellatif parle de la dimension orale de la poésie à laquelle il est très attaché je comprends qu’il pose ses mots sur la page tels qu’il les pense à haute voix et tels qu’il veut qu’ils soient lus, à voix haute, avec un rythme d’escalier. Mais son lecteur sourd, monsieur Mambda, est exclu de cette volonté du poète et Mambda, ce qui le navre c’est que le poète soliste ne pense pas au lecteur sourd, il ne pense qu’à sa Jeanne d’Arc, auditrice des voix hautes. Le lecteur a besoin de lire avec les yeux comme l’auditeur a besoin d’entendre avec les oreilles, ou plus précisément le lecteur a besoin de lire, c’est à dire déchiffrer les signes qu’il voit sur la page blanche réfléchissant la lumière - tandis qu’une tondeuse à gazon remplit l’air d’un infect bourdonnement à roulettes, et c’est seulement une fois déchiffrés dans son cerveau qu’il les entendra, ces signes, transformés en sa voix chuchotée de lecteur. Alors, moi, Isabellissima Helena Pastrilasagna Al Dante, je pense qu’Abdellatif a tort ! Car les écrits ne sont que des chuchotements de voix.