La
page
blanche

La revue n° 60 poètes de service

poètes de service

Jean-Louis Van Durme

Jean-Louis Van Durme est né en 1967 à Waterloo. Auteur à ce jour d’une trentaine de livres de poésie et d’essais intérieurs, il est membre de l’Association des Écrivains Belges et publie dans différentes revues littéraires. Il est lauréat du Prix de la Fondation de France Simone de Carfort 2021. Il vit aujourd’hui à Bruxelles.

 

 

Quand tout sera passé,

lorsque tu ne seras plus qu’un homme.

 

Sans le silence pour te toucher,

la pensée à mille lieux d’exister.

 

Tes mots reculant

jusqu’à la scandaleuse absence.

 

L’espace même du voyage,

l’arôme du désert, le parfum des géants.

 

Tu trouveras

l’infortune, réconfortante, intentionnée.

 

Appuyée sur l’ombre de la mort

et courtisant l’iniquité.

 

Tu trouveras la rédemption

et le néant par-dessus tout.

 

Tu trouveras ce qu’aucun autre n’a rêvé.

 

La discrétion à l’état pur.

 

L’ultime avant le rien,

et ce souffle désarmant la mémoire des souvenirs.

 

La solitude comme malentendu originel.

 

L’étrange conviction de n’avoir pas été.

 

Quand enfin,

tu laisseras la confiance enrichir l’évidence.

 

Accompagner ta fin.

 

Et enterrer tes mots sous une porte close.

 

Tu verras qu’au regard

de la mort tu ne seras plus qu’un inconnu.

 

© Extrait de « Le parfum des géants » 2021

 

 

 

 

Essaye,

réveille-moi d’entre les morts.

 

Tes paroles n’ayant qu’un jour d’avance

sur l’aube incalculable des possibles.

 

À la page des lumières.

 

Et prolongeant le récit

d’une histoire à mi-voix d’un rivage.

 

Douce

comme l’effleurement

d’une caresse sur la vérité d’un sourire.

 

Le silence purifié de toute conséquence.

 

La chaleur de nos corps

tenus de répondre à la mémoire qui s’éloigne.

 

Unissant nos mots pour ne pas les avoir vaincus.

 

Défiant la solitude prête à tout

et surtout à se déshabiller.

 

Et qui prend

tant de plaisir à te réserver son amour.

 

Alors, qu’importe

si tu dépouilles tes pages d’un secret bien gardé.

 

Le feu ne souille pas la cendre.

 

L’équilibre insistant n’a que faire

d’un silence invisible en habit du dimanche.

 

Nos cœurs sont aujourd’hui

assez fort pour mesurer leurs armes.

 

© Extraits de « Du feu sous les cendres » 2021