e-poésies
CONSTAT À L’AMIABLE
Je frôle la correctionnelle
la danse de rappel
j’ai l’âge de m’envoyer en l’air
de me faire la fête
de me tenir tête
Aujourd’hui
je mène une vie de brouette
avec une roue devant
moi qui n’ai jamais porté d’enfant
sec comme un poulet
vide comme une bassine
Avec mes yeux brouillés
mes doigts rouillés
j’écris des mots d’argent
des mots que j’attrape à la volée
face au vent
je les empile jour après jour
comme des carnets d’amour
Le soir je dors au fond du jardin
j’enchaîne les rêves
j’imagine demain
ma vie d’après comme un avant
je me rappelle l’épaisseur des gens
le frottement des visages
l’odeur de leur regard
les retrouvailles
Et le matin tout me revient
chaque jour un peu moins
tout ça est déjà loin
Luc Marsal
Poème extrait de Les neiges éternelles, éditions « L’échappée belle », 2024